Hier, jeudi 14 janvier 2021, les autorités maliennes ont enclenché une vaste opération de démolition des constructions illicites se trouvant sur la zone dite « zone aéroportuaire de Bamako ». Au total, cette opération de démolition va concerner une superficie de 7194 hectares. Mais, ladite opération a démarré par la zone très proche de la piste de l’Aéroport qui a une superficie de 1660 hectares. Pour la circonstance, trois ministres du gouvernement de la transition y étaient pour être témoins oculaires du démarrage effectif de cette opération de démolition de la zone aéroportuaire de Bamako. Il s’agit du ministre des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, Dionké Diarra, du ministre des transports et des infrastructures, Makan Fily Dabo et du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Col. Modibo Koné. Selon les ministres, cette opération de démolition va continuer. « C’est une opération qui continue et croyez-nous, c’est toute la zone aéroportuaire qui sera dégagée à court terme…Le gouvernement a autorisé qu’on puisse entreprendre cette opération pour libérer définitivement cette zone aéroportuaire…Nous demandons aux populations de nous accompagner dans cette opération salutaire. Cette opération n’est pas orientée sur X ou Y ou Z, mais pour véritablement libérer notre zone aéroportuaire », précisent les membres du gouvernement.
Cette opération de démolition a commencé très tôt hier dans la matinée, en présence des forces de l’ordre. Les trois ministres du gouvernement de la transition sont arrivés aux environs de 8 heures pour voir l’opération de démolition. Une fois arrivés sur place, les membres du gouvernement ont été briefés par le chef de la sécurité de l’opération de démolition. Puis, les ministres ont procédé à la visite des différents sites concernés par l’opération de démolition. Pendant ce temps, les bulldozers continuaient avec la démolition des constructions illicites sous le regard médusé, impuissant des occupants et de la population riveraine. Après avoir supervisé l’opération de démolition, les ministres ont accordé des interviews à la presse. Ainsi, le ministre des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, Dionké Diarra, a fait savoir que cette opération de démolition est une opération de salut public. Avant d’ajouter que la zone aéroportuaire de Bamako est agressée et ce qui représente un danger pour la circulation aérienne. « L’aéroport de Bamako court le risque de perdre sa licence et s’il perd sa licence, cela veut dire que les vols internationaux ne peuvent plus avoir lieu à partir de Bamako. Est-ce que nous allons aller à Dakar ou à Conakry pour prendre des vols ? C’est la première raison qui légitime cette opération. La deuxième raison qui légitime cette opération est que quand la zone aéroport a été déclarée d’utilité publique et tous les occupants qui étaient là ont été recensés et indemnisés. Certains ont revendu, d’autres sont retournés, donc, tous ceux qui sont là aujourd’hui sont des occupants illégaux, nous n’avons aucun scrupule pour les dégager. Si nous perdons l’aéroport, il nous faut quelques années pour construire un aéroport qui n’aura pas moins de 1000 milliards de FCFA. Pourquoi le pays ferait ça pour des gens qui ne sont pas dans la légalité. Ce sont des raisons qui font qu’aujourd’hui nous sommes satisfaits d’engager cette opération qui va continuer. Ça c’est la première étape », a souligné le ministre Dionkè Diarra. A ses dires, c’est un espace de 1600 hectares qui est aujourd’hui occupé et qui est concerné par cette opération. « Au total, c’est plus de 7000 hectares. On va continuer l’opération en allant vers la zone de trouée (zone de décollage et d’atterrissage des avions) qui est encore plus pertinente par rapport à la sécurité aéroportuaire. C’est une opération qui continue et croyez-nous, c’est toute la zone aéroportuaire qui sera dégagée à court terme», a promis le ministre Dionkè Diarra. Le ministre des transports et des infrastructures, Makan Fily Dabo abonde également dans le même sens en disant que cette opération de démolition des constructions illégales est salutaire, une opération, dit-il, où force doit demeurer à la loi. Selon lui, cette zone aéroportuaire a été classée par décret pris en conseil des ministres, le 15 septembre 1999 et la superficie totale classée est 7194 hectares « Ce n’est pas les permis d’occupations, les lettres d’attributions qui peuvent venir déroger aux dispositions pertinentes d’un décret pris en conseil des ministres. Nous allons poursuivre cette opération qui vient d’être engagée. Nous la poursuivons pour l’intérêt du Mali, pour l’intérêt de la sauvegarde de notre aéroport international président Modibo Keïta de Sénou. Si on ne libère pas la zone aéroportuaire, la conséquence est qu’on n’aura plus de vols internationaux sur cet aéroport. Est-ce que les Maliennes et les Maliens ont les moyens pour aller à Paris, à Washington, d’aller prendre l’avion à Dakar ou d’aller prendre l’avion en Côte d’Ivoire ? Je dis non ! C’est pourquoi, le gouvernement a autorisé qu’on puisse entreprendre cette opération pour libérer définitivement cette zone aéroportuaire. Il y a la zone trouée ouest et la zone trouée Est (le décollage et l’atterrissage) », a précisé le ministre Makan Fily Dabo. Selon lui, les gens qui sont dans cette zone trouée courent un grand risque en cas de crash d’avion parce qu’en cas de crash, dit-il, l’impact s’étend sur 5 kilomètres. « Donc toutes les maisons à l’intérieure de ces 5 kilomètres vont être affectées par le kérosène. Nous demandons aux populations de bien vouloir nous accompagner dans cette opération salutaire, dans cette opération de salut public. Cette opération n’est pas orientée sur X ou Y ou Z, mais pour véritablement libérer notre zone aéroportuaire », a indiqué le ministre Dabo. Pour sa part, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Col. Modibo Koné, a signalé que c’est un devoir pour son département de sécuriser cette opération qui est d’une grande importance pour l’Etat malien. Selon lui, ce sera un grave problème pour le Mali si l’aéroport de Bamako-Sénou venait à perdre sa licence. « J’ai donné des instructions fermes à mes Hommes pour déployer le dispositif qu’il faut pour sécuriser cette opération. Tous les corps sont là : la police, la gendarmerie, la garde nationale et la protection civile. Je les ai instruits de rester très vigilants, fermes et courtois », a conclu le ministre Koné.
Le montant de la démolition s’élève à plus de 300 millions de FCFA
Dans une note technique du ministère des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat remise à la presse, il ressort que le domaine aéroportuaire classé suivant le Décret n°99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites. En 1995, l’Etat a fait une démolition dans la zone aéroportuaire. Les occupants d’alors ont été indemnisés, précise la note technique. Le rapport de l’Inspection des Domaines et des Affaires Foncières a mis en exergue l’ampleur et le caractère irrégulier des occupations. « C’est ainsi que, le Président de la Transition a réagi, par une lettre confidentielle n°0731PRM du 12 octobre 2020 en instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites. Les Services en charge de l’Urbanisme avait déjà fait les constats administratifs sur l’irrégularité des occupations et les menaces qu’elles représentent pour l’Aéroport. Le Gouverneur du District a pris un ordre de démolition le 21 mars 2019. C’est ainsi qu’un programme de démolition des constructions illicites a été initié par les ministères en charge des transports et des domaines. Une consultation a été organisée par l’ANAC (Agence nationale de l’aviation civile) à la suite de laquelle l’entreprise Africa Construction Corporation a été sélectionnée (ACC), pour la démolition effective des constructions illicites dans le secteur dite zone prioritaire pour un montant total de 320.888.628 FCFA. Il a été proposé de commencer par cette zone très proche de la piste de l’Aéroport. Elle a une superficie de 1660 h. La date du 28 mai 2020 avait été retenue pour la démolition des constructions illicites. Toutefois à la veille de l’opération le Premier ministre par une instruction verbale a ordonné de surseoir à l’opération, ce qu’il confirmera par une lettre n°2020-0499/PM¬CAB du 29 mai 2020. L’argument avancé était le «climat social assez tendu»», révèle la note technique. Depuis cette décision, ajoute la note technique, il est constaté l’accélération des constructions nouvelles sur le site. Il devient nécessaire de reprendre ces opérations comme l’a instruit le président de la transition. Et à la date du 14 janvier 2021, la démolition des constructions illégales a effectivement démarré.
Aguibou Sogodogo