Les négociations ont repris jeudi à Ouagadougou pour parvenir à un accord entre le pouvoir malien et les rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord du Mali, au lendemain de tractations à Bamako qui n’ont pas permis d’aboutir.
De retour du Mali, le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé a eu dans la soirée des discussions avec la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA).
M. Bassolé était accompagné des diplomates (ONU, Union africaine, Union européenne, entre autres) qui l’assistent au nom de la communauté internationale.
A la sortie, le chef de la mission africaine déployée au Mali (Misma), Pierre Buyoya, s’est voulu confiant. « Demain (vendredi) nous allons continuer les discussions avec l’espoir d’arriver à un accord le plus tôt possible », a déclaré l’ancien président burundais.
Le ministre burkinabè et ses partenaires internationaux doivent réunir vendredi les représentants du pouvoir malien et ceux des groupes armés touareg pour relancer les négociations directes.
L’émissaire principal des autorités maliennes, l’ancien ministre Tiébilé Dramé, est revenu jeudi soir dans la capitale burkinabè.
« Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali », a-t-il expliqué à l’AFP.
Il compte pour la première fois dans sa délégation des militaires, trois officiers de l’armée malienne. « Mais ça n’a rien de belliqueux », a-t-il assuré, précisant qu’ils devraient participer à la définition des « modalités concrètes du déploiement de l’armée malienne à Kidal » en cas de conclusion d’un accord.
Les représentants de Bamako espèrent un compromis « avant le weekend, ou au plus tard pendant le weekend », a indiqué une source proche de cette délégation.
Lancées le 8 juin par le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur régional, les négociations de Ouagadougou ont pour objectif de permettre un retour de l’armée malienne dans la ville de Kidal, dans la perspective de l’élection présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali.
Il s’agit désormais de rediscuter le texte élaboré ces derniers jours et accepté par les mouvements touareg, mais rejeté en l’état par Bamako.
D’intenses tractations menées par M. Bassolé et ses soutiens internationaux, venus rencontrer mercredi à Bamako le président malien par intérim Dioncounda Traoré, ont échoué à convaincre le régime malien de signer l’accord mis au point à Ouagadougou. Attendu en début de semaine, un accord n’est désormais plus espéré avant quelques jours.
Selon des participants, les négociations bloquent surtout, du côté du pouvoir malien, sur le calendrier du cantonnement et du désarmement des combattants touareg, et sur les poursuites judiciaires engagées contre des chefs rebelles, dont Bamako refuse la suspension prévue dans le projet d’accord.
Le régime de Bamako rejette aussi l’usage du terme « Azawad », par lequel les autonomistes touareg désignent la région septentrionale du Mali.
Un diplomate participant aux discussions s’est montré jeudi pessimiste: « le gouvernement à Bamako est fragile, l’opinion est surchauffée », finaliser un accord « risque de prendre du temps », a-t-il affirmé à l’AFP.
Les rebelles touareg se sont installés fin janvier à Kidal à la faveur de l’intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. Les jihadistes avaient pris en 2012 le contrôle du nord du Mali, s’alliant d’abord au MNLA qui avait lancé l’offensive, avant d’évincer ce mouvement dans la région.