Mohamed Sidibé, Malien résidant en Guinée, est dans de beaux draps. La Direction générale de la Douane, à ses trousses depuis une dizaine de jours, a même fait retirer sa carte d’identité consulaire pour lui interdire de voyager. Il risque d’être poursuivi pour malversations financières, notamment pour fraude douanière et non-paiement de droits et taxes.

Le Malien Mohamed Sidibé, transitaire installé à Conakry, est menacé de poursuites judiciaires pour fraude douanière selon un homme d’affaires malien bien introduit dans les milieux du commerce international en Guinée. Anciennement établi au Sénégal où il était secrétaire particulier de l’ancien président du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur (Hcme), il s’installa en Guinée où il commença à exercer ses activités dans le domaine de l’ophtalmologie traditionnelle avant d’être, jusqu’à 2010, vice-président du Conseil des Maliens de Guinée – Cmg –, acronyme devenu Comagui.

Ami personnel de Hassan Barry, ex-ambassadeur du Mali près la République de Guinée et «messie d’El-Hadj Salim Doucouré, ancien président du bureau des Maliens jusqu’à 2005 et qui n’arrête jamais de rêver» selon notre informateur, Mohamed Sidibé est, depuis peu, transitaire sous la coupe d’Askia Transit et de Solution Transit, deux structures privées dont il gère les affaires.

Seulement, voilà ! Mohamed Sidibé «excelle de plus en plus dans le faux et l’usage de faux», affirme-t-il, preuves à l’appui. D’abord établi au port de Conakry, il a été, comme d’autres, exproprié par le ministère de l’Habitat guinéen pour cause d’utilité publique. Ce qui est plus grave, c’est qu’il a aujourd’hui installé ses bureaux dans les locaux de l’Armée malienne, en l’occurrence les Entrepôts du Mali en Guinée (EmaguiI) sous le couvert de l’ambassade du Mali.

«Pendant que le Mali traverse une période difficile et décisive de son histoire et que des Maliens viennent en aide à la Nation en participant matériellement à la résolution de la crise du Nord, une partie desdits locaux, destinés normalement et uniquement en entreposer du matériel militaire malien, sont loués à l’acolyte de Hassan Barry à des fins inavouées», regrette notre interlocuteur. Avant d’enfoncer le clou : «Pire, ce Mohamed Sidibé, pour hypothéquer l’image du Mali en Guinée, est aujourd’hui auteur de graves malversations financières en ce qu’il se sert du protocole d’accord signé entre la République du Mali et la République de Guinée relatif à la construction du port sec malien à Friguiadi à la sortie de Conakry après le Km 36. Il profite de cette convention pour faire sortir des conteneurs en lieu et place des autorités maliennes afin de les livrer ensuite à des Libanais de la place. Et ce, à des prix de prestations défiant toute concurrence : seulement une vingtaine de millions de francs guinéens, soit un million cinq cent mille F CFA le conteneur. Ce qui n’a absolument rien à avoir avec la construction du port sec du Mali en Guinée. Autrement dit, ces Libanais s’enrichissent au nom du Mali sur le dos de la Guinée en toute impunité puisqu’ils ne sont ni de près ni de loin des Maliens. Ils ne peuvent, de ce fait, ni représenter le Mali ni bénéficier, en aucune manière, d’une quelconque exonération de taxes et droits de douane.»

La question qui se pose à ce sujet, s’interroge notre interlocuteur, est celle de savoir qui sont les complices de Mohamed Sidibé. L’ambassade du Mali ou les Entrepôts du Mali en Guinée ? «Nous attendons la réaction des autorités maliennes puisque Mohamed Sidibé, individu peu fréquentable, est aujourd’hui interdit de voyage : sa carte d’identité consulaire a été retirée par les autorités guinéennes en attendant que les choses se clarifient», poursuit notre informateur. «Dans les règles de l’art, les Maliens doivent respecter les lois et règlements de la Guinée comme s’ils étaient au Mali. Nous demandons aux Maliens de Guinée de faire attention à l’image du Mali et de la Guinée pour ne pas ternir les relations bilatérales millénaires», conclut-il, furieux. Affaire à suivre…

Hachi Cissé