Rendue publique jeudi soir, la composition du nouveau gouvernement continue de susciter polémiques et controverses. Gouvernement d’ouverture aux groupes armés ou équipe simplement élargie au sein de la même majorité.
Si l’entrée de plusieurs personnalités du nord est perçue et commentée comme une mise en œuvre de l’Accord, par plusieurs personnes qui s’en réjouissent, elle est plutôt tièdement accueillie par les groupes armés principalement, la CMA, qui dit n’avoir ni été concertée ni consultée pour la formation du nouveau gouvernement. Pour un de ses porte-paroles, Almou Ag Mohamed, Nina wallet et de Mohamed Aly Ag Ibrahim ne siègent pas dans le gouvernement au nom des groupes armés : la CMA n’a été concertée officiellement pour son entrée au gouvernement. (Nina) « ne représente pas la CMA »… Jusqu’à preuve du contraire, Nina est pour nous une camarade, une militante de la CMA. C’est une bonne personne qui est très bien accueillie et cotée, en tout cas au niveau des populations de l’Azawad. Par contre, son entrée comme cela au gouvernement, sans concertation avec la CMA, arrive comme une tache sur la feuille. »
Alors qui représente-t-elle au sein du gouvernement ?
Interrogée sur la question, la désormais ancienne vice-présidente de la CJVR, Mme Nina Wallet Intalou estime qu’elle a pris « de manière indépendante » la décision d’entrer au gouvernement et parle d’un « engagement personnel ». « Je me suis engagée dans le gouvernement pour mieux servir l’intérêt général ».
Approchée par RFI, Nina Wallet Intalou s’explique de manière très indépendante : « Il y a un accord qui a été signé, il y a des engagements qu’il faut aussi respecter, et je pense que le gouvernement est mieux placé pour suivre la mise en œuvre de l’accord. Donc, il était très important pour moi de rentrer dans ce gouvernement, parce que quand on est en dehors des décisions, je pense qu’il est très difficile de servir l’intérêt général. »
Quid de Mohamed Ali Ag Ibrahim ? Selon le porte-parole de la CMA, le nouveau ministre du Développement industriel comme Mme Nina Wallet Intallou ne représente que lui-même dans le gouvernement : « (c’) est un jeune cadre touareg qui est à Bamako, fonctionnaire de l’État malien, il n’est ni de la CMA ni de la plateforme ».
Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA :
« Notre réaction c’est qu’on a été surpris de voir un remaniement arriver comme ça. Nous n’étions pas vraiment au courant de ce remaniement, mais pour nous, c’est un gouvernement comme le précédent.
… Je persiste que malgré la présence de notre camarade Nina Wallet Intallou au sein de ce gouvernement, la CMA n’a pas officiellement désigné de représentant au sein de ce gouvernement et n’a pas été concertée de façon officielle pour faire partie de ce gouvernement. Mohamed Ali Ag Ibrahim, quant à lui, est un jeune cadre touareg qui est à Bamako, fonctionnaire de l’Etat malien, il n’est ni de la CMA ni de la plateforme »
LA COORDINATION DES MOUVEMENTS DE L’AZAWAD (CMA)
COMMUNIQUE N° 05/CMA/2016
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) tient à couper cours aux rumeurs et supputations véhiculées par les presses malienne et étrangère au sujet de sa participation dans le nouveau gouvernement de Modibo Keita, issu de la nomination du 7 juillet 2016.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’elle n’a déposé aucune liste, ni proposé aucun de ses membres pour figurer dans le nouvel appareil d’État malien et n’en a aucunement l’intention en dehors des mécanismes de concertation, de gestion et de partage du pouvoir, prévus par l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger dans lequel elle s’inscrit parfaitement.
Par ailleurs, la CMA appelle à une mise en œuvre diligente et effective de toutes les dispositions contenues dans l’accord pour la paix en général et particulièrement l’accélération de L’ENTENTE tripartite et les patrouilles mixtes pour asseoir les mesures de confiance et de Coopération entre les parties, gages de la réussite de tout le processus.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) demande à la médiation sous l’égide de l’Algérie en tant que Chef de file et à la communauté internationale de jouer pleinement et rigoureusement leur rôle de suivi et de garants de la mise en œuvre de l’accord pour le retour d’une paix définitive.
Kidal, le 08 juillet 2016
Pour la CMA
Ilad Ag Mohamed
Seydou Diawara : président du groupe parlementaire VRD :
« Nous n’avons pas de réaction particulière sauf que nous constatons que c’est un énième réajustement sans trop grande vision par rapport à l’accomplissement des missions du gouvernement. Nous notons que la taille augmente alors qu’elle puisse être réduite, pour mieux recentrer les missions. L’opposition n’a pas d’attente particulière en dehors d’une bonne gestion des affaires de la République. Je crois que cela est l’attente de tout le Mali.
Après la composition du nouveau gouvernement, tout le monde s’attend à ce qu’il y ait une amélioration des conditions de vie au Mali ; qu’il y ait plus de paix et de tranquillité, que la sécurité des personnes et des biens soit assurée sur l’ensemble du territoire national, que l’administration soit sur l’ensemble du territoire pour apporter le minimum de services sociaux de base à toutes les populations du Mali ».
Soumaïla Cissé, son chef de file de l’Opposition.
« Ce qu’il aurait fallu d’abord, au moment de refaire le gouvernement, c’est de donner la vision, regrette-t-il. Les mêmes hommes sont encore là avec des résultats qui n’ont pas été probants. Si on voit la pollution de Mme Nina pour s’occuper de l’artisanat et du tourisme, dans un pays où l’insécurité est devenue chronique, je ne crois pas que le tourisme devienne vraiment un fer de lance du développement de notre pays. »
Par SAMBI TOURE
Source: info-matin