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Notre Mali, comme il va ; Pourquoi il ne faut pas reconduire IBK

L’élection présidentielle du 29 juillet survient dans un contexte marqué par un grand désir de changement du peuple malien. Trois décennies de pratiques démocratiques essentiellement consacrées à des querelles de personnes, à la montée des ambitions individuelles, entrainant l’éclatement de partis historiques qui ont joué les premiers rôles du Mali d’après 1991, caractérisées par l’effritement  de l’autorité de l’Etat et l’émergence d’une classe politique vénale et distante des préoccupations des populations, auront donc laissé les Maliens sur leur faim.

Balançant entre désillusion et besoin de changement, le peuple du Mali a jeté son dévolu sur IBK, alors porté par une réputation d’homme de principe, généreux et attentif aux causes populaires.

En 2013, 77% des votants hissèrent Ibrahim Boubacar Kéïta sur un piédestal, convaincus que c’était l’homme de la situation, d’autant que l’intéressé lui-même jurait qu’il cherchait le pouvoir pour ‘’le bonheur des Maliens’’ et pour ‘’l’honneur du Mali’’.

Le quasi plébiscite, qui l’a effectivement porté à Koulouba, lui est tout aussi  rapidement monté à la tête et l’a enivré (c’est le cas de le dire) au point qu’il  se crut investi d’un pouvoir jupitérien.

Pénétré de sa nouvelle omnipotence, IBK en étala rapidement une première manifestation, le népotisme. Les Maliens, effarés et indignés, virent successivement le fils, le neveu, le beau frère et les amis du nouveau président de la République propulsés à de hautes fonctions.

Non content d’avoir cassé un code de conduite observé par tous ses devanciers, qui tinrent les membres de leur famille  scrupuleusement éloignés    des affaires de l’Etat, IBK, les yeux secs,  étala à la face de ses mandataires ses penchants dépensiers et une désinvolture révoltante à la dilapidation des deniers publics.

Comme tous ceux de son acabit, le président de la République, pour désamorcer les mouvements d’humeur que pourraient susciter ses dépenses somptuaires, a laissé s’installer le système de corruption et, de fil en aiguille, l’impunité.

L’acquisition d’un avion présidentiel, dans des conditions jusqu’à présent non clarifiées, en dépit des injonctions de l’opinion nationale et internationale, l’affaire de surfacturation des équipements militaires, les centaines de milliards ‘’engloutis’’ dans des réalisations dont l’urgence n’était pas évidente (au regard des  nombreux problèmes sociaux auxquels sont confrontées les populations), dans une totale opacité, portent bien la marque d’un système  mis en place pour favoriser l’enrichissement du Cercle des Intimes.

Ces dérives ont largement attiré l’attention, jusqu’au sein de nos partenaires étrangers, qui les ont dénoncées et condamnées sans ambages.

Les chroniques de votre serviteur ont régulièrement trouvé de la substance dans les magouilles du régime.

Comme pour nous donner raison, ce sont Médiapart, réputé pour ses éclairages sur les pratiques mafieuses des Pouvoirs, et Dr Hamed Sow, ancien ministre du président ATT et ancien sympathisant de l’actuel locataire de Koulouba qui ont pointé du doigt le train de vie princier d’IBK, qui n’a cure du dénuement et des anxiétés de ceux qui l’ont ‘’fait Roi’’, il y a cinq ans.

Par des chiffres astronomiques, Médiapart nous fait mesurer le poids des charges nécessaires à l’entretien d’un président de la République ‘’Gabégique’’. L’on découvre ainsi que les 150 voyages présidentiels ont, chacun, coûté la bagatelle de 100 millions de francs CFA, que le budget de la Présidence est passé de 9, 3 milliards, en 2014, à 19,3 milliards de francs CFA, en 2016, soit une augmentation très substantielle de 10 milliards, en deux ans…

Les Maliens, rassurés par l’étalage des nouvelles acquisitions pour leur Armée, découvriront (non sans inquiétude), à travers les révélations de Médiapart, que les chasseurs bombardiers Tuccano, achetés  à prix d’or auprès du Brésil (au point que l’on en a fait un Secret Défense) ne comportent pas de système de visée et, de ce fait, sont inutilisables…

Quant à Dr Hamed Sow, c’est un véritable cri d’alarme qu’il a lancé à ses compatriotes, avertissant que « si IBK est réélu, c’est à une Somalisation du Mali que l’on assistera ».

La sentence peut paraitre lourde, elle est à la mesure des dangers extrêmes auxquels un second mandat du président sortant pourrait exposer les populations maliennes.

En effet, outre une gestion calamiteuse de l’Accord de paix et des crises du Nord et du Centre, qui fait de notre pays une destination épouvantail, et place notre société au bord de l’implosion, le système IBK, bâti autour de la famille et des affidés prébendiers, contient tous les ferments d’une véritable crise sociale, qui pourrait éclater lorsqu’une majorité des populations et, surtout, des cadres, feraient le constat de dérives ethnocentristes, dont le premier mandat n’a déjà pas été avare.

C’est cet homme, symbole d’un pouvoir passéiste, conservateur dans l’âme, qui sollicite un second mandat auprès d’un peuple floué et infantilisé cinq longues années, les plus longues, sans doute, de son existence !

Les Maliens seraient-ils alors un peuple amnésique, incapable d’interpréter correctement les insuffisances et les carences d’un régime dont ils ont été les principales victimes ! Et ils devraient baiser les mains et accorder un nouveau bail de farniente à ceux qui, captivés par ce qui s’apparente à du nombrilisme, n’ont eu cure de leurs préoccupations ?

Le 29 juillet, au moment d’effectuer le choix crucial et déterminant pour le quinquennat du Renouveau, les Maliens devraient surtout réaliser qu’ils ne sont pas des moutons et qu’un autre choix est souhaitable, pour sortir notre pays de la spirale de la gabegie,  de la corruption et de l’incurie.

Soumaïla Cissé, naturellement, Modibo Sidibé, Mamadou Igor Diarra, Hamadoun Touré, Modibo Koné, notamment, par leurs expériences avérées de gestion à grande échelle et leurs compétences indéniables, constituent aujourd’hui de réelles chances de rédemption pour le Mali.

Transformer le désir de changement et de renouveau par l’émergence, en accordant à un homme nouveau la chance de proposer une approche davantage technocratique (que politicienne) et rigoureuse à la résolution des problèmes nationaux, tel est le véritable enjeu du scrutin présidentiel, auquel tous les Maliens doivent participer.

Mamadou Kouyaté- journaliste

 

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