Jusqu’ici Ibrahim Boubacar Keïta avait toujours critiqué la gestion de l’ancien président Amadou Toumani Touré, notamment dans le dossier du nord. Aujourd’hui, IBK est contraint de se rendre à l’évidence. Et du coup, l’actuel président donne raison à l’ancien chef d’Etat. La preuve nous vient de leurs discours.
Bamako a abrité, avant-hier, une importante réunion ministérielle sur la sécurité dans le Sahel, dont l’ouverture était présidée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. L’on a noté la présence du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, la présidente de la commission de l’Union Africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, ainsi que plusieurs personnalités étrangères et chefs d’organismes internationaux.
Cette rencontre, dite réunion ministérielle pour l’établissement d’une plateforme de coordination de la stratégie intégrée des Nations-Unies pour le Sahel, intervient dans un contexte où le nord du Mali focalise toutes les attentions.
Au cours de l’ouverture de ce forum, le président IBK a prononcé un discours dans lequel l’actualité dans le septentrion malien a occupé une place de choix. Ainsi, IBK a fait le constat que le Mali à l’instar des autres pays du Sahel est victime d’une concentration de vulnérabilités. En suite, comme un aveu, Ibrahim Boubacar Keïta, a indiqué qu’aucun Etat de la région ne peut faire face, seul, à une crise qui touche le Sahel entier. « Nous sommes indissociablement liés dans une communauté de destin. Toutes les nations doivent converger vers la matérialisation du triptyque sécurité, développement et paix » a déclaré haut et fort le président Keïta, pour qui, il n’y a pas de développement sans sécurité.
Ce que ATT disait en octobre 2010…
A entendre ce discours, certains croyaient entendre Amadou Toumani Touré qui avait toujours dit et redit la nécessité d’instaurer une coopération sous-régionale, voir internationale pour contrer la menace terroriste au Sahel. Et dans un entretien accordé au journal français Libération, au mois d’octobre 2010, ATT disait ceci : « Les forces terroristes actuelles ne sont pas au dessus de nos capacités. Il faut un plan sous-régional… Je le répète, mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas Maliens, ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas… Le problème, c’est le déficit de coopération régionale. Chacun se plaint du voisin, et les actions isolées sont vouées à rester ponctuelles… J’ai appelé en septembre 2006 à une conférence Sahélo-saharienne pour la paix et le développement en présence des chefs d’Etat. Personne ne m’a écouté depuis quatre ans. Quatre années de perdue… ». Par la même occasion, le président Touré avait affiché son hostilité à toute présence militaire française au Mali. Dans cette lutte contre les groupes extrémistes, le président ATT avait foi en la capacité de l’armée malienne. C’est pourquoi, il disait : « le rôle de la France doit rester dans l’accompagnement et l’appui au plan matériel ». A propos d’une éventuelle coopération française, il disait que le Mali allait « étudier toutes les requêtes ». Mais « la France doit nous écouter » a-t-il ajouté.
CH Sylla