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Rapport accablant du BVG : Le Centre de Madina Diassa dans la tourmente d’une mauvaise gestion

Bamako, le 3 juin 2025 – L’élevage, pilier économique du Mali, est aujourd’hui terni par une gestion déficiente au sein de l’un de ses centres névralgiques. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a levé le voile sur une série d’irrégularités criantes au Centre de Conservation, de Multiplication et de Diffusion du Bétail Ruminant Endémique de Madina Diassa (CCMD/BRE), après une vérification couvrant les exercices 2021 à 2024. Le verdict est sans appel : irrégularités administratives, mauvaises pratiques comptables, dépenses injustifiées et manquements structurels remettent en cause la mission fondamentale de cette structure stratégique.

Un patrimoine animalier sous haute menace

Bamada.net-Situé à Madina Diassa, dans le cercle de Yanfolila, le CCMD/BRE avait été conçu pour préserver et valoriser le bétail ruminant endémique, notamment la race bovine Ndama, réputée pour sa résistance à la trypanosomose. Ce centre, considéré comme un fer de lance de l’amélioration génétique animale au Mali, devait permettre la conservation, la multiplication et la diffusion de ce patrimoine biologique précieux.

Or, la vérification du BVG révèle que la structure fonctionne sans manuel de procédures administratives, financières et comptables, et avec une comptabilité-matières quasi inexistante. Cette situation fragilise non seulement le suivi des ressources, mais aussi la traçabilité de l’ensemble des opérations du centre.

Sessions manquées et pilotage à vue

Selon le décret d’organisation du CCMD/BRE, le Comité d’Orientation et le Comité Technique doivent se réunir régulièrement pour encadrer la stratégie et la gestion du Centre. Pourtant, entre 2021 et 2024, ces sessions n’ont pas été systématiquement tenues. L’absence de réunions annuelles compromet gravement l’efficacité de la gouvernance, limitant la prise de décisions éclairées et privant le Centre d’une supervision rigoureuse.

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Le Directeur intérimaire, en poste depuis des années sans nomination formelle, illustre une autre facette de cette gestion désorganisée : l’occupation prolongée de fonctions intérimaires, en violation des exigences de stabilité et de redevabilité administrative.

Pratiques financières douteuses et usage opaque des ressources

Sur le plan financier, les conclusions sont tout aussi inquiétantes. Le rapport identifie 29 433 134 FCFA d’irrégularités, dont 23 913 134 FCFA restent à ce jour non régularisés. Parmi les fautes relevées :

  • Des indemnités de missions indues versées à des agents publics, au mépris des taux réglementaires, parfois doublées de manière injustifiée.

  • Des paiements de TVA sur des produits exonérés, dont des équipements solaires et produits vétérinaires, pour un montant de 3 263 740 FCFA.

  • Une non-justification de près de 20 millions de FCFA de carburant, sans documentation fiable sur leur consommation réelle.

  • La réception de marchés publics partiellement exécutés, validés comme complets malgré des manques flagrants.

Si certains paiements ont été régularisés suite à la vérification, la légèreté avec laquelle des deniers publics ont été gérés est manifeste. Le carburant, censé appuyer les activités du centre, n’a pas été tracé, ni au moyen de bordereaux de consommation, ni par un inventaire rigoureux.

La sonnette d’alarme du Vérificateur Général

Face à ces dysfonctionnements structurels, le BVG n’a pas manqué de transmettre le dossier à la justice. Des faits ont été dénoncés au Président de la Section des comptes de la Cour Suprême ainsi qu’au Procureur du Pôle Économique et Financier, avec demande d’ouverture d’enquêtes sur les responsabilités individuelles et collectives.

Le Directeur général des Impôts a également été saisi concernant les irrégularités liées au paiement injustifié de la TVA.

Dans ses recommandations, le BVG appelle à :

  • La nomination d’un Directeur permanent pour rompre avec l’intérim chronique ;

  • La validation urgente d’un manuel de procédures internes ;

  • La mise en place effective d’une comptabilité-matières rigoureuse ;

  • Une réactivation du Comité d’Orientation et du Comité Technique ;

  • Un suivi rigoureux des missions, des marchés publics et des consommations internes.

Quel avenir pour le CCMD/BRE ?

Le Centre, pourtant stratégique pour la sécurité alimentaire et la compétitivité de la filière bétail-viande, se trouve aujourd’hui fragilisé par une série de négligences administratives et de fautes de gestion. Ce constat interpelle l’État malien à plusieurs niveaux : celui de la gouvernance des structures publiques, de la responsabilité des gestionnaires et du respect des principes de redevabilité dans l’utilisation des fonds publics.

À l’heure où le Mali cherche à renforcer son autonomie alimentaire et à valoriser ses ressources endogènes, il est impératif de redresser le CCMD/BRE de Madina Diassa. Car derrière la gestion du bétail se jouent des enjeux de souveraineté, de lutte contre la pauvreté et de développement rural durable.

 

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BEH COULIBALY

 

Source: Bamada.net

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