Une semaine après l’attaque d’un camp militaire à Gao qui a fait 77 morts et 120 blessés, selon le dernier bilan officiel ,l’enquête progresse. Une vaste opération de sécurisation nommée « Filidjo » est en cours dans la ville et ses alentours. Les premiers résultats des forces armées sont jugés encourageants.
Le ministre de la Sécurité, Salif Traoré, a annoncé ce vendredi, l’arrestation de trois personnes dans le cadre de l’enquête sur l’attentat du camp du MOC à Gao, mais sans donner plus de précisions.
Cependant, d’autres sources indiquent que ces arrestations seraient le fruit de l’opération Filidjo «coup de filet», lancée à Gao par les forces de sécurité maliennes en coordination avec la force française barkhane et la mission des Nations unies.
Des sources sécuritaires maliennes et françaises impliquées dans cette opération font état d’une dizaine d’arrestations. Il s’agirait de personnes liées à l’attaque du camp militaire de Gao, le 18 janvier dernier et revendiquée par le groupe terroriste al-Mourabitoune. Les premiers éléments de l’interrogatoire confirment que ses personnes auraient joué un rôle d’accueil ou de planification.
D’autres suspects sont actuellement recherchés. Les fouilles de maisons et de bureaux sont effectuées dans la ville de Gao, souvent menées de nuit. Elles ont permis de découvrir des armes, notamment des mitrailleuses à monter sur des véhicules, ainsi que du matériel informatique, des carnets et des téléphones qui sont en cours d’exploitation.
Ces perquisitions ont pu avoir lieu grâce à des informations confiées par des habitants de la ville.
Outre ces opérations ponctuelles, des patrouilles sont menées à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la ville, notamment aux points d’entrée et de sortie de Gao , mais également en périphérie.
A Kidal, un peu plus au Nord, les forces françaises de l’Opération Barkhane ont aussi perquisitionné hier, le domicile de Iyad Ag Aly, chef du groupe djihadiste Ançardine .Selon des sources locales, des soldats français ont procédé à une fouille minutieuse de la maison du chef djihadiste pendant que d’autres étaient positionnés sur le toit de la maison et aux alentours.
Les militaires français ont saisi des téléphones portables et des bijoux de la veuve du défunt chef touareg Ibrahim ag Bahanga laquelle se trouvait avec ses filles au domicile perquisitionné.
Il s’agit de la première perquisition des forces françaises du domicile de Iyad Ag Aly depuis le déclanchement de l’intervention militaire en janvier 2013.
La population de la ville de Gao est satisfaite de l’opération « filidjo ». Selon des notabilités locales, la coordination des patrouilles des forces armées maliennes, des nations unies et de barkhanes va certainement rétablir la stabilité à l’intérieur de la ville et ses environs.
Moussa Hama Maiga chef songhaï est joint au téléphone par Samba Doumbia.
« L’opération Filidjo se poursuit. En fait ils sont entrain de sécuriser l’intérieur de Gao et les alentours. Donc ils sont vraiment sur le travail et ils sont entrain de le faire d’une manière différente de toutes les autres manières qui se sont passées auparavant. Je pense que les conditions sont réunies parce qu’il y a trois forces en présence qui sont ensemble entrain de mener conjointement cette opération : les Famas, la Minusma et puis Barkhane. Ces opérations, nous attendons qu’elles aboutissent, le premier niveau ce qu’elles préservent les acquis que nous avons déjà, le second niveau ce qu’elles tirent des leçons de ce qui s’est passé, le troisième niveau ce que c’est l’union qui fait la force. Donc, nous, nous pensons qu’un tel travail c’est l’objectif qui compte, nous crayons qu’ils ferrons le travail jusqu’au bout. Et les populations aussi doivent leur faciliter la tache pour que l’objectif essentiel qui est celui de la paix, de la réconciliation issu du processus d’Alger soit atteint. »
Ces opérations de sécurisation sont salutaires et contribuent à renforcer les efforts du Mali dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent. Cependant certains spécialistes dont Aly Tounkara, estiment que ce genre d’opération de sécurité se concilie difficilement avec le respect des libertés fondamentales.
Aly Tounkara enseignant à l’Université de Bamako est joint au téléphone par Ibrahima H. Diallo
“Ces opérations sont à saluer. Elles vont nettement contribuer à redonner à l’État toute sa légitimité, par ce que nous assistons quand même depuis 2012 à l’émergence d’un État beaucoup plus défaillant donc c’est un grand pas à saluer mais il serait encore mieux qu’elles soient exclusivement l’œuvre de nos forces de sécurité et de défense”.
Est ce que ces opérations de sécurisations pourraient elles avoir un impact positif sur le démarrage des patrouilles mixtes dans ces régions du nord ?
“Ces opérations vont influencer le cours des actions conjointes à mener dans les mois et les années à venir, mais ce qui est encore important dans cette lutte contre l’extrémisme violent, l’État est quand même prêté, à mon entendement, à deux exigences. J’appelle la première exigence, l’exigence sécuritaire et la deuxième l’exigence des libertés fondamentales. La première exigence sécuritaire, l’État a ce problème également, en voulant coûte que vaille lutter contre l’extrémisme violent, les libertés fondamentales sont souvent piétinées”.