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Non criminalisation des MGF: le gouvernement traduit devant la Cour de justice de la CEDEAO

Les organisations de défense des droits des femmes – Equality Now, Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA), l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles et l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes ont déposé une plainte devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, au Nigéria, pour contester le fait que le Mali n’ait pas interdit les mutilations génitales féminines (MGF).
Lisez plutôt la déclaration de presse.

 

ABUJA, Nigéria, 10 Décembre, 2020 – Plusieurs organisations de défense des droits des femmes ont déposé conjointement une plainte devant la Cour de justice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, au Nigéria, pour contester le fait que le Mali n’ait pas interdit les mutilations génitales féminines (MGF). Le pays n’a pas adopté de cadre juridique et politique qui criminaliserait la pratique et à l’heure actuelle, aucune législation ne traite des MGF, laissant les femmes et les filles sans recours ni protection contre cette violation des droits humains.
La plainte, déposée le 10 Décembre par Equality Now, IHRDA (L’Institut pour les droits de l’Homme et le développement en Afrique), l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles (AMSOPT) et l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes, cherche à tenir le gouvernement malien pour responsable dans son incapacité à protéger les filles et les femmes maliennes contre les MGF.
S’exprimant à Nairobi après le dépôt de la plainte, Faiza Mohamed, directrice du bureau d’Afrique d’Equality Now, a déclaré que le gouvernement avait failli dans son devoir de diligence. Elle a souligné qu’au moins 89% des filles et des femmes maliennes âgées de 15 à 49 ans sont victimes des MGF, 73% des filles maliennes subissant l’excision avant leur 15e anniversaire, selon l’Enquête Démographique et de Santé 2018.
En outre, les MGF de type II (excision) sont la forme la plus courante, touchant 48,9% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans. Les types IV (entailles) et IIs sont également pratiqués dans le pays.
«Nous avons lancé plusieurs appels au Mali au cours des 18 dernières années, l’exhortant à honorer ses obligations nationales, régionales et internationales de protection envers les femmes et les filles contre cette pratique néfaste. Cependant, ceci n’est toujours pas fait, et nous ne pouvons plus rester à ne rien faire car des milliers de femmes et de filles au Mali continuent d’être soumises aux MGF », a déclaré Mme Mohamed.
En juin 2020, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) a signalé que le faite que le gouvernement malien n’avait pas pu criminaliser les MGF mettait en danger la vie et le bien-être des femmes et des filles dans le pays. Equality Now a accueilli favorablement les conclusions du Comité et a réitéré ses appels au Mali, le pressant de protéger les femmes et les filles contre cette pratique néfaste.
Le Mali n’a pas criminalisé les MGF bien qu’il ait ratifié la CEDEF et le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique («Le Protocole de Maputo») et est donc tenu de mettre fin aux MGF en adoptant les lois nationales nécessaires.
Selon le rapport de la CEDEF, en 2002, les chefs religieux ont bloqué l’adoption d’un projet de loi qui aurait conduit à l’interdiction des MGF. Depuis lors, il n’y a eu aucune autre tentative de la part des pouvoirs publics de criminaliser les MGF, l’État objectant qu’une loi anti-MGF rendrait la pratique secrète.
Le Directeur exécutive d’IHRDA, Gaye Sowe, a expliqué que l’affaire avait le potentiel d’établir un nouveau jalon dans la jurisprudence des droits des femmes et des filles en Afrique.
«Cette affaire inciterait non seulement la Cour de la CEDEAO à rendre une décision contraignante sur la situation des MGF au Mali, mais établirait également un précédent juridique et une norme applicables non seulement au Mali et en Afrique de l’Ouest, mais dans toute l’Afrique dans son ensemble», a-t-il déclaré.

Source : INFO-MATIN

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