A la chute du président IBK et son régime, le 18 septembre 2020, nombreux étaient les maliens qui pensaient que le CNSP était en grâce avec le M5-RFP. Notamment lorsque les premières déclarations du premier reconnaissaient explicitement que les militaires n’étaient intervenus que pour parachever l’œuvre du second. Cette conviction s’était encore renforcée quand le M5 avait organisé, trois jours après, au monument de l’indépendance, un méga meeting pour fêter leur victoire commune avec les militaires. Qui avaient fait le déplacement sur les lieux pour toujours affirmer publiquement les mêmes propos.
Toutefois depuis le 18 août, vu la facilité déconcertante avec laquelle les évènements militaires ont conduit à l’arrestation et la démission forcée de l’ancien Chef de l’Etat IBK, il était apparu aux yeux de nombreux observateurs avertis que quelque chose cloche. La junte était soupçonnée d’avoir en réalisée en réalité une simple révolution de palais contre le pouvoir en place. Qui s’était in fine résigné à passer la main aux militaires qu’aux civils du M5.
Ce deal permettrait au pouvoir défunt de contrer à la fois l’insurrection mais aussi remettre en selle leurs hommes. Ces soupçons de collusion du CNSP avec les hommes du pouvoir défunt se sont amplifiés lors de l’organisation des concertations nationales que les hommes en treillis ont solitairement organisées. Il a fallu que le M5 tape du doigt pour qu’il soit invité comme une entité à part entière au même titre que l’ensemble des partis politiques. La suite est connue. A chaque fois, il faut que le M5 défonce les portes du CNSP pour se faire entendre.
Les conclusions des concertations dites inclusives validées n’ont pas été tenues en compte par le CNSP pour réviser la charte proposée par ses « experts ». En lieu et place, le CNSP a confectionné un texte en sa convenance comme Charte de la Transition. Dans laquelle figurait curieusement un poste de vice-président de la transition doté de la réalité pouvoir. Ce point n’avait nullement fait l’objet de discussions dans les concertations. Le vice-président, en cas d’empêchement du président, remplace automatiquement celui-ci. Une clause contestée par la CEDEAO qui demeure dans la Charte de Transition. En dépit des amendements réclamés aussi par le M5, le texte est resté comme tel.
Dans cette dynamique, Kati est en passe de confisquer l’entièreté du pouvoir, notamment à partir du moment où le CNSP est parvenu à valider, sans débat ni concertations préalables, son choix de président de la Transition et de vice-président par le prétendu Collège de désignation qu’il aura lui-même installé. Même à la veille de la prestation de serment, la junte s’est résolue à montrer que la réalité du pouvoir est en sa possession. Puisque le Colonel Assimi Goïta ne s’est pas privé de nommer le chef d’état-major particulier du Président de la Transition.
Ce geste ultime est apparu à beaucoup d’observateurs comme un empiètement inadmissible sur les prérogatives du nouveau chef de l’État. Quid du poste de Premier ministre ? Le CNSP avait bluffé qu’il sortirait des rangs du M5 mais contre toute attente, c’est une figure surprise en la personne de l’ancien ministre des Affaires étrangères d’ATT qui hérite de ce poste. Et tout laisse croire que les jeunes officiers supérieurs, soupçonnés d’avoir un agenda caché, auront la part belle dans la composition du Gouvernement incessamment attendu. Idem dans la composition du Conseil National de la Transition (CNT) !
Falaye Keïta
Source: Le Pélican