Le ministère de l’agriculture à travers l’office pour la protection des végétaux, a pris en mains la situation des oiseaux granivores qui faisaient ravages ces derniers temps dans le cercle de Nioro, région de Kayes. Les travaux de désinfection de la zone ont commencé le lundi 21 octobre et 24 h après le ministre de tutelle, Baba Moulaye, a été lui-même sur les lieux le mardi pour en faire un constat, tirer des leçons, et poser des actions pour que les aigles sauvages soient restreints en nombre.
Ces oiseaux granivores avaient principalement élu domicile dans les champs à Wouala, village de 157 habitants situé à une dizaine de kilomètres de Nioro ville, toujours dans la commune rurale de Yèrèrè.
A Wouala, la délégation du ministre Baba Moulaye a été voir les agents de l’office pour la prévention des végétaux sur le terrain engagés à mettre fin à l’existence de ces oiseaux granivores qui y avaient réussi à installer un empire. Quelques cris encore dans les airs, des milieux de corps d’oiseaux et d’autres agonissant à sol sous l’effet de l’avicide employé pour la circonstance, le ministre Baba Moulaye ne pouvait que faire part de sa satisfaction : ‘‘La bataille qui était en passe d’être perdue, est enfin gagnée’’, s’est-il félicité ajoutant que la présence massive de ces oiseaux sur ces lieux est dû à l’éclosion des nouveaux nés qui, dit-il, ont surpeuplé la zone. Une situation qui, regrette le ministre, pouvait bien être évitée tel qu’il a été le cas ailleurs.
Dans le cercle de Nioro, la commune rurale de Yèrèrè n’est pas la seule qui habite les oiseaux granivores. Ils sont aussi présents à Sibiri et Diara, deux autres communes de la localité qui ont été ‘‘traitées’’ contre ces prédateurs en septembre dernier par l’OPV (Office pour la Protection des Végétaux) afin d’éviter l’éclosion. Et pourquoi ces mesures préventives n’ont-elles pas été adoptées à Yèrèrè ? La population s’y opposait et pour cause !
Ce n’est qu’après avoir vu leurs champs, en partie de sorgho, dépouillés de ces épis en état fœtus que les autorités coutumières des 10 villages et 9 hameaux de la commune de Yèrèrè ont donné feu vert le dimanche 20 octobre 2019 à l’OPV d’intervenir. L’Opv est alors intervenue le 21 octobre, soit 24 heures après.
Selon le directeur national de l’OPV, Demba Diallo, la population de Yèrèrè s’opposait au motif que le poison utilisé contre les oiseaux finirait par impacter la santé, voire la vie de leur bétail.
La population de Yèrèrè vit de l’Agriculture et de l’élevage, mais beaucoup y pleurent aujourd’hui la perte de leurs champs : ‘‘Maintenant nous nous voyons dans l’obligation de vendre du bétail pour acheter de céréale’’, ironise Amadou Bah, conseiller au chef de village de Wouala, le berceau des oiseaux carnivores et première localité visitée par la délégation du ministre Baba Moulaye.
A Nômô (village), toujours dans la commune rurale de Yèrèrè, la délégation du ministre Baba Moulaye a été aussi voir les dégâts des oiseaux carnivores dans des champs de sorgho : ‘‘La pluie n’a pas été au rendez-vous et les quelques épis que nous dévions avoir ont été pris par les oiseaux’’, déplore un habitant de Nômô. Et à un autre habitant d’ajouter : ‘‘Avec mes 55 ans ici, je n’avais pas vu autant d’oiseaux avec autant de dégâts comme cette année.’’
Selon Amadou Sangaré directeur régional de l’OPV de Kayes, outre le manque de mesures préventives pour empêcher l’éclosion, ce surpeuplement des oiseaux granivores dans le cercle de Nioro est dû au changement climatique : ‘‘ Le queléa-queléa (nom scientifique de l’oiseau garnivore) est connu pour la zone office du Niger, mais avec le changement climatique, il migre maintenant dans la zone sahélienne’’, a-t-il dit.
Des remerciements et des doléances
Outre le directeur national et régional de l’OPV, ont accompagné le ministre lors de sa visite de terrain les directeurs national et régional de l’Agriculture, le sous-préfet de Nioro et le maire de Yèrèrè Gagny Diawara. Ce dernier a été par la suite accueillir la délégation ministérielle dans les locaux de la mairie pour faire part à travers le ministre Baba Moulaye des préoccupations de sa population aux plus hautes autorités.
Au maire Gagny Diawara de remercier d’abord le ministre Baba Moulaye pour avoir fait le déplacement et voir de visu le cas de ces oiseaux carnivores qui faisait polémique.
‘‘Ma mission principale c’est d’aller à la rencontre des agriculteurs, j’ai écourté une visite dans la région de Ségou pour me rendre d’urgence ici à la suite de cette histoire d’oiseaux granivores’’, a répondu le ministre de l’Agriculture soutenant que cette visite par lui effectuée n’est pas à remercier.
Comme principale doléance, le maire de Yèrèrè a souhaité l’aménagement d’une plaine de 5.000 hectares irrigués par un marigot que dispose sa commune. Un aménagement qui, a soutenu Gagny Diawara, va largement soulager la population.
En réponse, le ministre Baba Moulaye a fait savoir que les études pour l’aménagement de ces 5.000 hectares sont déjà faites. Et il a fait la promesse de s’engager personnellement pour que ce projet soit pris en compte parmi les 70.000 hectares que le régime s’est engagé à aménager d’ici 2023.
Au ministre Baba Moulaye de faire à son tour des doléances à la population de Yèrèrè. Il leur a surtout demandé de tenir compte des conseils des techniciens d’agriculture sur le terrain qui, dit-il, sont les maitres de la réussite de toute œuvre agricole face aux enjeux de changement climatique.
Baba Moulaye a aussi demandé à la population de multiplier les prières et bénédictions pour le retour définif de la paix au Mali et d’être à leur tour les premiers acteurs de cette paix : ‘‘Rien ne peut se faire sans la paix’’, a-t-il conclu.
10 jours de combat contre les oiseaux granivores
Selon le directeur de l’OPV l’opération de pulvérisation va concerner 2.000 hectares dans la commune rurale de Yèrèrè. Et, a-t-il dit, il faudra compter un délai de 10 jours pour la réussite de ce combat. À ses dires, il ne s’agira pas de neutraliser définitivement ces espèces, mais de diminuer leur population au seuil qu’ils soient inoffensifs.
Lors de son passage sur les lieux le ministre Baba Moulaye avait précisé que l’Etat, à travers le fonds d’appui à l’Agriculture, a mis plus de 100 millions Fcfa à la disposition de l’OPV pour la réussite de l’exécution de sa mission au titre de l’exercice 2019.
De l’envoyé spécial de La Sirène