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Nicolas Sarkozy en garde à vue: sa technique bien rodée pour tenter de se défendre dans l’affaire Kadhafi

Depuis 2012, l’ancien chef de l’Etat a rodé une technique bien à lui.

POLITIQUE – L’affaire, qui vaut aujourd’hui à Nicolas Sarkozy une garde à vue, a surgi à quelques encablures de l’élection présidentielle de 2012. C’est en pleine campagne pour sa réélection que Mediapart a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir touché de l’argent libyen pour financer celle de 2007.

À l’époque le site d’investigation publie des documents qui évoquent les modalités de financement de cette campagne au cours d’un voyage en Libye en 2005. Ces premiers mémos s’ajoutent à des déclarations faites en 2011 par Saïf al-Islam, l’un des fils Kadhafi. En pleine guerre de Libye, il avait sommé Nicolas Sarkozy de rendre les milliards que son père lui aurait donnés.

Le soir des révélations de Mediapart, le candidat est alors l’invité de l’émission “Parole de candidat” sur TF1. Interrogé par Laurence Ferrari, celui qui est encore président de la République développe les prémices de sa ligne de défense.

  • 1- Décrédibiliser les accusateurs.

Quand Laurence Ferrari mentionne le fils Kadhafi et son père, Nicolas Sarkozy met en doute ces personnalités. “C’est une référence morale sans doute. Monsieur Kadhafi est connu pour dire n’importe quoi. C’est grotesque. (…) Monsieur kadhafi est mort, son fils a du sang sur les mains, a une crédibilité zéro”, dit-il après avoir fait une première réponse en souriant. “J’aurais pas été très reconnaissant”, balaie-t-il à propos de la guerre menée par la France en 2011 qui a conduit à l’exécution du dirigeant libyen.

  • 2- Critiquer les journalistes.

Le second temps de sa réponse est une attaque des journalistes qui osent lui poser la question. “Être le porte-parole de Monsieur Kadhafi, je vous ai connu dans un meilleur rôle, lance-t-il à Laurence Ferrari. Je suis désolé que sur une grande chaîne comme TF1 on doive m’interroger sur les déclarations de Monsieur Kadhafi ou de son fils. Quand on cite et quand on reprend à son compte les questions qu’il posait, on est assez bas dans le débat politique”.

Deux semaines plus tard, Nicolas Sarkozy lance la phase deux de sa défense: la contre-attaque. Invité des “Quatre-Vérités” sur France 2, le candidat annonce qu’il porte plainte pour faux contre Mediapart. Le 28 avril 2012, le site a en effet publié une note libyenne datant de 2006.

La technique utilisée sur TF1 commence à se roder.

  • 1- Décrédibiliser les accusateurs.

“Ce document est un faux grossier, tout simplement parce que les deux personnes en Libye qui étaient censées avoir envoyé ce document et le recevoir l’ont démenti”, affirme Nicolas Sarkozy qui reprend l’argument de la guerre en Libye. “Vous croyez vraiment qu’avec ce que j’ai fait à Monsieur Kadhafi, il m’aurait fait un virement. Et pourquoi pas un chèque. C’est grotesque”, dénonce-t-il.

  • 2- Critiquer les journalistes.

Dans la deuxième partie, le président-candidat reproche aux médias leur traitement de l’affaire. “J’ai honte pour l’AFP d’avoir fait une alerte sur un document faux”, commence Nicolas Sarkozy avant de s’en prendre à Mediapartet Libération qui auraient “bidonné” des documents. “La campagne électorale ne justifie pas tout”, conclut-il dans une tentative de victimisation.

Après sa défaite à la présidentielle, l’affaire est passée de la politique à la justice avec un temps plus long. Une information judiciaire a été ouverte en 2013 et des éléments ont continué à être dévoilés. C’est notamment le cas d’une interview posthume de Mouammar Kadhafi réalisée en 2011 quelques semaines avant sa mort et diffusée en 2014 par France 2, dans laquelle l’ancien dictateur affirme avoir donné de l’argent au candidat Sarkozy.

Cette affaire libyenne a resurgi en pleine campagne de la primaire de droite à l’automne 2016. Ziad Takkiedine, un intermédiaire qui fut proche de Nicolas Sarkozy, a affirmé dans un entretien vidéo à Mediapart, avoir transporté des millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et 2007 avant de les remettre à Claude Guéant puis Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur où celui-ci est en poste. Des accusations démenties par Claude Guéant.

La réaction de l’ancien chef de l’Etat intervient quelques heures plus tard sur France 2 pendant le dernier débat entre les candidats à la primaire. On retrouve à nouveau tous les éléments vus sur TF1, quatre ans et demi plus tôt.

  • 1- Décrédibiliser les accusateurs.

Nicolas Sarkozy dénonce la personnalité de Ziad Takkiedine. “Il a fait de la prison et a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation. C’est un menteur”, accuse-t-il.

  • 2- Critiquer les journalistes.

Dans sa courte réponse qui n’évoque pas le fond de la question, le candidat à la primaire utilise aussi une formule qui fera date pour dénoncer l’interrogation de David Pujadas. “Quelle indignité, nous sommes sur le service public, vous n’avez pas honte. (…) Ce n’est pas l’idée que je me fais du service public. C’est une honte.”

La veille, en meeting, il avait affirmé n’avoir que “mépris pour cette officine qui essaye sans succès de me salir”. “J’opposerai donc le mépris à ces injures et à cette grossière manipulation. La justice en sera saisie”, ajoutait Nicolas Sarkozy. Jusqu’à présent, il n’avait jamais eu à s’expliquer devant les enquêteurs. C’est chose faite ce mardi 20 mars 2018.

Par huffingtonpost.fr – 20/03/2018 11:17 

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