Meilleure joueuse du championnat sénégalais de basket en 2018, la Malienne Nassira Traoré, 31 ans, évolue depuis fin 2019 à Colomiers basket, en Nationale féminine 1 (NF1), la troisième division française. Dans cet entretien, elle nous parle de l’équipe du Mali, de sa carrière ou encore des effets de la Covid-19.
Vous avez joué au Sénégal, où vous avez été « Reine de la saison » en 2018, avant de vous envoler vers le Portugal pour jouer en ligue principale et de vous engager par la suite à Colomiers basket, en NF1 (troisième division). Comment évaluez-vous cette trajectoire assez particulière ?
Je l’évalue bien, cette trajectoire. Je pense que c’est le mieux pour moi. J’ai d’abord commencé au Mali, de là je suis allée au Sénégal, après en Tunisie, où j’ai passé 5 ans avant de revenir au Sénégal et de m’envoler plus tard pour le Portugal. Je suis actuellement en France. J’évolue par étape. Il est vrai qu’au Portugal je jouais en ligue principale et que là je suis en Nationale 1, ce qui est pour moi au même niveau que la Ligue 2. Je ne trouve pas cela mauvais.
Vous êtes l’une des plus talentueuses de votre génération. Comment expliquez que vous n’ayez pas encore réussi à jouer au plus haut niveau, comme c’est le cas de certaines de vos coéquipières ?
Il y en a qui ont eu la chance de jouer directement en Ligue 1, mais toutes celles que je connais vraiment ont commencé ainsi. Elles ont débuté en Nationale 3, comme certaines internationales sénégalaises. Elles évolueront peut-être pour gravir les échelons. J’ai quitté le Sénégal et joué en ligue principale au Portugal. Il est vrai que le niveau du championnat français est bien plus élevé. Je verrai bien comment la situation évoluera. Je sais avoir les capacités pour jouer en Ligue 1 française, tout dépendra du travail que je ferai. Je dois continuer à le faire. Une équipe me remarquera sûrement et voudra me recruter.
Quel est l’objectif de la saison avec Colomiers basket ?
Notre objectif était simplement de gagner le championnat. N’eut été le coronavirus, nous étions bien parties, puisque nous étions deuxièmes de notre groupe, avec une seule défaite. Nous voulions aller à l’échelon supérieur. De ce que les dirigeants de Colomiers m’ont dit, l’équipe n’avait jamais atteint ce niveau. Au contraire, elle luttait plutôt pour ne pas descendre en Nationale 2. Là nous gagnions beaucoup et étions bien parties.
Comment vivez-vous l’inactivité due à la Covid-19 ?
Je ne la vis pas bien du tout. Le basket est mon activité principale, ne pas pouvoir la pratiquer n’est pas aisé. D’un autre côté, je ne me plains pas, puisque c’est à cause de la Covid-19. Je ne suis pas blessée, je continue à m’entraîner. Je cours, j’ai un terrain de basket non loin de chez moi, une salle de gym à côté. J’y vais chaque jours, excepté les dimanches, même si souvent il m’arrive de m’entraîner ce jour-là. Je m’entraîne toute seule deux fois par jour, même avant la Covid-19. Il n’y a pas de compétitions, certes, mais personne ne peut rien contre ça, tout le monde est affecté. J’ai mon ballon de basket, c’est suffisant.
Le Mali fait partie du Top 4 des nations africaines en basket-ball féminin. Toutefois, l’équipe senior n’a plus remporté de titre depuis 2007. Estimez-vous le Mali capable de gagner à nouveau alors qu’une page se tourne ?
Le Mali va le faire. Que je fasse partie ou non de la sélection malienne, le Mali remportera une nouvelle coupe. Je ne sais pas quand, mais le Mali le fera. Il y a une nouvelle génération qui est talentueuse. J’ai confiance en mon équipe et aux joueuses. Nous avons de très très bonnes basketteuses, que ce soient les jeunes ou celles de ma génération. J’ai réellement confiance en nos capacités. J’ai gagné des Coupes d’Afrique dans les catégories jeunes et une médaille d’or aux Jeux africains de Brazzaville, en 2015. J’ai suivi l’évolution et je suis sûre que le Mali remportera à nouveau un trophée majeur. Chaque chose en son temps. Le moment n’est peut-pas encore arrivé, mais il arrivera.
Propos recueillis par Boubacar Sidiki Haidara