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Moussa Doudou HAIDARA, à propos de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger : « Cet Accord est le soubassement de toute l’action gouvernementale de ce quinquennat »

Dans une interview qu’il a bien voulue nous accorder, cet économiste, Secrétaire chargé de la sécurité, de la défense et de la cohésion nationale au BPN du RPM et Secrétaire général de la Section RPM du Cercle de Gourma RHAROUS salue les nombreuses initiatives et actions entreprises par le Président Ibrahim Boubacar Keita pour l’événement d’un Mali de paix, réconcilié avec lui même

22 Septembre : Monsieur HAIDARA, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Moussa Doudou HAIDARA : Je me nomme Moussa Doudou HAIDARA, économiste de formation, expert en diagnostic stratégique d’entreprise industrielle et élaboration de projets/programmes de développement du secteur privé. Je suis le secrétaire général de la section RPM du cercle de Gourma Rharous, où notre parti a raflé les mairies des 6 (six) communes sur 9 (neuf) dans lesquelles les élections communales de novembre 2016 ont été organisées.

Depuis le dernier congrès du RPM, en octobre 2016, je suis Secrétaire du Bureau Politique National chargé de la Sécurité, de la Défense et de la Cohésion nationale.

22 Septembre : Monsieur HAIDARA, votre parti le RPM, communique peu ou pas et semble n’être pas compris par certains maliens. Est-ce par honte de votre bilan ?

Monsieur TAKIOU, nous sommes plus de 16 millions de maliens aujourd’hui, majoritairement analphabètes, avec des préoccupations bien légitimes d’être informées et bien informées. Vous êtes également d’accord avec moi, que nul ne peut avoir le privilège d’être compris de tous, cependant les différents Gouvernements du notre Président Elhadj Ibrahim Boubacar Keïta, ont fourni beaucoup d’efforts, pour non seulement communier avec les maliens, dans tout ce qu’ils vivent comme difficultés et épreuves douloureuses engendrées par une situation contextuelle, caractérisée par un fléau mondial, appelé le TERROSISME ; mais également pour informer dans toutes les langues locales les maliens sur les grands chantiers et sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, signé les 15 Mai et 20 Juin 2015 à Bamako.

Toutefois, je suis d’accord avec vous, que nous devons davantage communiquer, avec les canaux et les outils les plus adaptés, mais surtout mettre en place une stratégie de communication éducative et préventive pour éviter d’être obligés de communiquer pour se justifier ou se défendre. Et sur ce point les instructions du Président de la République, notre camarade IBK, qu’il a eu l’occasion de réitérer à la suite des évènements des jeunes de Gao en juillet 2016, ont été on ne peut plus claires, c’est de diffuser suffisamment auprès des populations, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, signé les 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako ; et de tenir compte de la dimension « JEUNES » dans la mise en œuvre de  cet Accord.

Celui qui parle de PAIX et de RECONCILIATION pour les maliens, ne peut avoir honte de son bilan, au contraire. Tout malien, qui a, en mémoire d’où nous venons, et qui se rappelle des contextes de 2012 (où le MNLA et alliés avaient proclamé l’indépendance de certaines régions le 7 Avril), de 2013 (où n’eut été l’intervention salutaire de la France, les terroristes allaient créer la terreur à Mopti, Ségou, Bamako et Kayes entre le 12 et le 15 janvier), de 2014 (où les maliens se posaient la question de savoir si est-ce-que les Mouvements armés accepteraient de s’asseoir sur une table pour négocier un quelconque accord avec le Gouvernement, les évènements de Kidal), de 2015 (où malgré le long processus de 8 mois de négociation, les maliens se demandaient encore si la CMA viendrait à Bamako pour signer l’Accord) ; devrait conclure, que ce sont les efforts personnels du Président IBK, avec le soutien de toutes les composantes de la société malienne, avec l’appui de la communauté internationale, qui nous ont conduits vers le chemin de la PAIX et de la RECONCILIATION à travers cet Accord, qui est le soubassement de toute l’action gouvernementale de ce quinquennat.

C’est pourquoi, il me plait, en toute humilité, de vous rappeler que nous ne pouvons évoquer le bilan de IBK et de la CMP, sans dire que c’est d’abord l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, signé les 15 Mai et 20 juin 2015 à Bamako. Il faut se rappeler également que dans notre pays, sous le leadership du Président IBK, que 15% du Budget national a été voté et mis à la disposition du développement du secteur de l’Agriculture, ce qui n’existe dans aucun pays de l’UEMOA aujourd’hui. Au moment venu, c’est à dire à l’occasion des échéances électorales prochaines, nous serons heureux de rappeler aux maliens, que la LOI N°052 sur la Promotion du genre, la Loi d’Orientation et de Programmation militaire (LOPM), la Loi d’Orientation du secteur de la Sécurité, les forces spéciales de lutte contre le terrorisme (FORSAT), les Agences de développement régional (ADR), les contrats-plans Etat-Région, le Fonds de développement Durable (FDD) pour financer la stratégie spécifique de développement des régions du Nord et les autres régions du Mali, la Loi sur les Pupilles de la République, sont des œuvres indispensables à la reconstruction nationale, telle que évoquées dans l’Accord, qui, je le rappelle engage l’ensemble des maliens à aller vers des actes qui amènent la paix et la réconciliation au mali.

Monsieur TAKIOU, grâce aux efforts du Président IBK, de notre Parti, de la CMP et des différents Gouvernements successifs, avec l’appui de la Communauté internationale, notamment la MINUSMA et la force BARKHANE, les maliens ont pus disposer de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, dans toutes les langues locales ; les maliens ont pu se retrouver dans une Conférence d’entente nationale pour ensuite disposer d’une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale ; les parties maliennes (Gvt, CMA et PLATEFORME) à l’accord pour la paix, travaillent ensemble au sein de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), de la Commission DDR, de la Commission d’Intégration, du Conseil National de Réforme du Secteur de la Sécurité (CNRSS), malgré les difficultés que nous n’ignorons guère. Il faut rappeler que l’armée de l’air du Mali était presque inopérationnelle, faute de moyens aériens, aujourd’hui l’armée de l’air vole avec fierté à travers des avions militaires de transport de troupes et de combat, achetés par les contribuables maliens.

22 Septembre : Vous évoquiez plus haut l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il est en panne. Certains pensent même qu’il faut le relire. Partagez-vous cet avis ?

L’Accord est loin d’être en panne. Ce qui est vrai, c’est que les maliens aspirent à la paix et le plus rapidement que possible, ce qui est vrai aussi, c’est que l’accord rencontre des difficultés dans sa mise en œuvre, toute chose normale pour une œuvre humaine. Ce qui est encore vrai, c’est que l’Accord est un GROS ENSEMBLE, et qui doit se mouvoir doucement lentement et sûrement pour asseoir les bases d’un Mali nouveau, qui apportera à terme la paix et la réconciliation, avec tout ce que cela comporte comme dimensions. Si je dois caricaturer l’Accord pour la paix, je peux dire que c’est un Gros Paquebot, qui pour être manœuvré et tourné vers la gauche ou la droite, demande assez de temps et d’efforts, et qui est difficilement remarquable par son occupant…

Savez-vous, que l’Accord pour la paix est un ensemble qui exige de chaque département ministériel, d’y inscrire son action. L’accord pour la paix, prévoit les jeunes, les femmes, l’emploi, l’artisanat, la diplomatie, l’éducation, la santé, la solidarité, la culture, le commerce, l’industrie, les transports, les infrastructures, le développement local, l’élevage et la pêche, l’enseignement supérieur, les affaires religieuses, les maliens de l’extérieur, les mines, l’aménagement du territoire, l’eau, l’environnement, l’agriculture, la décentralisation, l’administration du territoire, la justice, la communication, les chefs de villages, les coutumiers et traditionnels, etc…cependant tout cela mérite d’être suffisamment partagé au niveau de toutes les composantes de la société malienne de l’intérieur et de la diaspora.

Sur la relecture de l’Accord, mon avis est que les dispositions de l’Accord ne s’y opposent pas, aucunement. L’article 65 de l’Accord pour la paix dit ceci, je cite : « les dispositions du présent accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires du présent Accord et après avis du comité de suivi ». Ce qui veut dire autrement que les dispositions du présent accord et ses annexes, peuvent être modifiées avec le consentement express de toutes les parties signataires après avis du CSA. Dès lors, vous conviendrez avec moi, que rien ne s’oppose à la renégociation de certaines dispositions de l’accord. Il suffit tout simplement que les parties signataires se mettent d’accord avec l’avis préalable du CSA.

 

22 Septembre : Vous êtes également le Coordinateur général du DDR, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Qu’est-ce-qui bloque le début des opérations du DDR, selon vous ?

Le désarmement la démobilisation et la réinsertion (DDR) est une disposition très importante de l’Accord pour la paix et la réconciliation, prévu en son chapitre 8 (articles 18, 19 et 20) et à l’annexe 2, qui devrait faciliter et conduire le cantonnement, le désarmement, la démobilisation, l’intégration et la réinsertion des ex-combattants. Toutes choses, auxquelles les populations et l’ensemble des acteurs maliens s’attendent impatiemment.

Il faut rappeler que la Commission DDR et la Commission Intégration, toutes sous la tutelle du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, ont été créées en décembre 2015 par le Président de la République et confiées à deux (2) personnalités du pays, le ministre Zahabi ould SIDI MOHAMED pour le DDR et le Général Gabriel POUDIOUGOU pour l’intégration. Les membres de ces commissions, ainsi que ceux du CNRSS dirigé par le Général DIALLO, ont été nommés en décembre 2016, février 2017 et avril 2017, en prenant en compte les Mouvements signataires et les Mouvements et Groupes de jeunes répondant au souci d’inclusivité.

Le Programme National DDR élaboré en 2014 par l’ensemble des parties maliennes (Gvnt, CMA et Plateforme) et validé suite à la Table ronde bailleurs du 8 décembre 2016, prévoyait un coût total de 30 milliards FCFA, dont 6 milliards de contribution de l’Etat du Mali, 9 milliards FCFA de la Banque mondiale et 15 milliards FCFA à rechercher auprès des autres partenaires du Mali. Ce programme prévoit sur la base des 24 sites de cantonnements sur lesquels la MINUSMA a construit 8 (huit), de cantonner environ 10 à 12 000 ex-combattants, dont 4000 à réinsérer par le projet de réinsertion des ex-combattants (PREC) mis en oeuvre par la CNDDR, à travers ses six (6) antennes régionales (Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal, Menaka et Taoudéni) et des partenaires d’exécution à recruter.

Dire qu’aujourd’hui le processus est bloqué, revient à oublier qu’il y’a plusieurs actions d’implémentation des antennes, de formation des équipes et de satisfaction des conditions de mise en vigueur du Don IDA, qu’il fallait réaliser courant l’année 2017, avec toutes les difficultés liées au terrorisme qui entravent sérieusement l’ensemble du processus.

Il me plait également de rappeler, que pour arriver à cantonner, les parties signataires devraient s’entendre sur les critères d’intégration et de distribution des grades et quotas. Toutes choses, qui aujourd’hui, nous empêchent de disposer des listes définitives des combattants et de leurs armes que les Mouvements, il faut le rappeler, devraient remettre à la CTS (Commission technique de sécurité), en vue du cantonnement. L’Accord prévoyait que les listes définitives et certifiées des combattants avec celles des armements, devraient être mises à disposition par les Mouvements 30 jours après la signature de l’Accord.

Aujourd’hui, les différentes commissions, sous la houlette de la primature et du MDAC, sont en train de finaliser les critères et les quotas, pour pouvoir arriver au cantonnement dès le premier trimestre 2018. Enfin, le débit des opérations DDR, n’attend plus que l’achèvement de ce processus de négociation, sinon toutes les équipes du DDR et de l’Intégration sont formées et prêtes à démarrer avec l’appui de la MINUSMA et des forces étrangères.

 

22 Septembre : le Gouvernement du Mali est souvent accusé de ne pas vouloir mettre en œuvre l’Accord. Cette accusation est-elle fondée ? Quid des autres parties prenantes ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation, engage la responsabilité première des parties maliennes (Gvnt, CMA et Plateforme), à mettre cet accord de bonne foi. Les propos auxquels vous faites allusion, sont ceux d’une campagne d’intoxication contre le Mali, son Peuple et sa renaissance sur des bases saines et solides, telles que voulues par le Président IBK. L’unité nationale de notre pays, respectueuse des diversités ethnoculturelles et linguistiques, est en marche, certes dans la douleur, mais avec bienveillance sous le leadership du Président de la République. Cette douloureuse renaissance, dans un contexte d’attaques multiformes terroristes, ne peut se réaliser sans sacrifices, ce qui donne l’occasion à certains de communiquer autrement pour détruire notre Nation, notre République, qui va demeurer au passage de toutes ces vagues tumultueuses, qui ne détourneraient pas les générations que nous sommes de travailler pour le Mali de DEMAIN. Au fait le Gouvernement du Mali, n’est pas accusé, pour celui qui sait, que c’est à sa demande que des mesures de sanctions ont été prises par le Conseil de sécurité des Nations Unies, à l’endroit de tout celui qui entraverait le processus de mise en œuvre de l’Accord.

Les autres parties prenantes, naturellement sont autant concernées, et comme je l’ai dit plus haut, l’Accord pour la paix est un ensemble, mis en œuvre presque dans toutes ses dispositions importantes, par concertation entre les parties. C’est cela qui explique en partie, la lenteur observée dans sa mise en œuvre, qui n’est nullement assimilable à un manque de volonté quelconque de la part du Gouvernement. Le Gouvernement de façon permanente et constante se souci non seulement de la démarche inclusive, mais surtout de la démarche consensuelle et concertée entre les parties signataires, pour mettre en œuvre le présent Accord. Le Gouvernement du Mali, ne peut aucunement s’engager dans un Accord pour la paix et la Réconciliation, qui est « tout bénéfice » pour lui, en sensibilisant les populations, en initiant des organisations comme le G5 Sahel, des patrouilles mixtes dans le cadre du MOC, en mettant en place un fonds pour le développement durable (FDD) et s’engager à y mettre 300 milliards FCFA, et faire preuve de mauvaise foi. Ceci est tout simplement absurde, de croire qu’un tel Gouvernement serait capable de mauvaise foi dans la mise en œuvre d’un processus de paix, après une telle crise sans précédent.

 

22 Septembre : Vous affirmez que l’article 65 de l’Accord, prévoit la possibilité de relecture de certaines de ses dispositions. Est-ce que cela est souhaitable dans le contexte actuel ? Est-ce que ça ne serait pas l’ouverture de la boîte à pandores ?

Effectivement si les parties sont consentantes, des dispositions de l’Accord peuvent être revues, après avis du CSA. Ceci ne fait l’ombre d’aucun doute. Je vous renvoie à l’article 65 de l’Accord.

Dans le contexte actuel, où les divergences entre les parties signataires ne sont pas aussi significatives, et que la concertation et l’implication des acteurs maliens concernés (il s’agit de toutes les composantes de la société malienne), peuvent être impliquées, d’une manière ou d’une autre dans le processus de mise en œuvre, et à la veille des échéances électorales, je ne crois pas que cette relecture soit opportune. Par contre, la disposition relative à l’article 55 de l’Accord, instituant un mécanisme de suivi et d’évaluation prenant en compte l’ensemble des acteurs concernés (il s’agira là de toutes les sensibilités maliennes), pourrait être une bonne opportunité pour les parties signataires et la Communauté internationale, d’approfondir certains aspects de l’Accord, et trouver des interprétations communes à certaines dispositions de l’Accord. J’ose croire, sachant l’engagement du Président IBK pour la PAIX et la RECONCILIATION, et celui de son Premier Ministre pour la méthode axée sur les résultats, qu’il invitera rapidement les parties concernées à la tâche, pour davantage booster la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Entretien réalisé par Chahana Takiou

22 Septembre

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