A Pau, le 16, IBK doit être clair, nous ne voulons pas un divorce “orgueilleux”, mais un raffermissement du dispositif sécuritaire, pour qu’on assiste plus à des massacres et à des menaces qui tendent à faire disparaitre progressivement le Mali.
Un Mali dont les 2/3 du territoire sont occupés, de surcroit en proie à une insécurité grandissante tant du côté des civils que du côté des forces de sécurité d’un côté. De l’autre côté une France en proie à une crise sociale sans précédent qui engendre des mouvements de grève qui paralysent tous les secteurs dont le secteur sensible du transport, qui au moment où nous écrivons cet article ne fonctionne qu’à moins de 20 %, tel est le décore de la convocation que le président français a lancée aux présidents du G5 sahel, Ibrahim Boubacar Keita et les autres. Ils sont nombreux les Maliens à considérer cette convocation comme un affront eu égard au bilan des forces étrangères au Mali dont l’action ne se sent pas positivement sur la sécurité. Des différents massacres, et la quasi-hécatombe dans les rangs de l’armée malienne, (150 soldats en 2 mois), ne plaident pas pour la continuité de la coopération en son état actuel. Une question demeure : rompre avec la France ou continuer ?
A l’heure actuelle, les esprits sont chauffés et rarement le ton des débats est à l’apaisement. Autant IBK est désavoué dans son pays autant, Macron l’est en France.
Devant cette réalité, il faut voir l’avenir de la relation franco-africaine dans son après IBK-Macron. La France et le Mali ont eu une coopération qui a connu des hauts et des bas, l’histoire récente de l’intervention française au Mali pour libérer le pays des djihadistes et la participation des tirailleurs sénégalais sont des temps forts de cette “idylle”, mais le traitement de faveur accordé aux Kidalois par la France perçu comme un traitement de faveur qui ouvre les portes à une prochaine autonomie de la jeune région du Mali renforce de jour en jour le sentiment anti-français.
Lors du prochain sommet qui aura lieu à Pau, chacun doit se donner le temps de faire son examen de conscience. IBK doit mettre l’accent sur la nécessité de renforcer le dispositif, il doit avoir en poche son plan détaillé, pertinent qu’il présentera sans sourciller. Il doit se concerter avec son état major pour qu’ils fassent ensemble un état des lieux, qu’ils passent ensemble en revue tous les problèmes pour permettre au président d’exposer sans complexe ses attentes. Quand la patrie est menacée, la diplomatie s’arrête aux portes de l’intégrité territoriale qu’il faut défendre à tout prix. Nous ne demandons pas le départ de la France, mais nous voulons un déploiement plus efficace, qui ne se contente pas de contenir l’adversaire, mais de le vaincre pour que la Mali et les pays du G5 ne soient plus utilisés par les djihadistes comme la porte d’entrée de l’Europe.
Il est important de voir l’avenir de la relation entre la France et le Mali au-delà de Macron et d’IBK. Le premier est contesté et désavoué dans son pays, le second plus contesté et plus désavoué que le premier dans son pays. C’est fort possible que dans les cinq prochaines années que la population malienne et française, se retrouvent avec de nouveaux dirigeants, de nouveaux discours et de nouveaux objectifs.
A Pau, le 16, IBK doit être clair, nous ne voulons pas un divorce “orgueilleux”, mais un raffermissement du dispositif sécuritaire, pour qu’on assiste plus à des massacres et à des menaces qui tendent à faire disparaitre progressivement le Mali.
IBK et les Maliens en ce moment n’ont pas les moyens de leur orgueil. Vu l’état actuel de notre outil de défense et surtout l’état des caisses du pays détruites par la corruption généralisée.
La situation actuelle du Mali m’amène à penser à cette réflexion tirée de l’intervention d’un personnage du roman ‘’l’Aventure ambigu’’. “Nous n’avons pas eu le même passé, vous et nous, mais auront le même avenir, rigoureusement, l’ère des destinées singulières est révolue”.
Pau doit être le lieu d’une nouvelle donne dans la relation franco-malienne.
Dr. Moussa Coulibaly
Professeur de Sociologie à la FSHSE,
Secrétaire général de la plateforme
“Sauvons le Mali“