Dans l’interview qu’il nous a accordé, le président du Mouvement Sabati 2012, Moussa Boubacar Bah passe aux cribles les sujets qui dominent l’actualité : bilan des législatives, éventuelles poursuites contre ATT, portrait robot du nouveau Premier ministre post législatives… Décryptage !

            Le Soir de Bamako : Les résultats définitifs complets des législatives sont depuis un temps connus de tous. Quel bilan faites-vous de ces législatives 2013 ?

            Moussa Boubacar Bah : Le bilan pour nos est très très positif, dans la mesure où Sabati 2012, en tant que structure associative, a pu avoir en son nom quatre députés. Ces députés qui sont de notre organisation ont été élus sur des listes de partis politiques alliés, à la demande de ces partis, faut-il ajouter. Et ces députés qui sont de Sabati 2012 sont des hommes de qualité, avec une assise sociale très solide. Ils sont travailleurs et compétents pour mener un travail parlementaire sans reproche.

Par ailleurs, tous les partis que nous avons soutenu ont quasiment tous gagné. Parmi ces partis, il y a le Rassemblement Pour le Mali (Rpm) qu’on donnait mourrant qui a pu se faire plein de députés. Donc pour nous, le bilan est plus que satisfaisant. Reste maintenant que tous ces partis alliés et le Rpm se donnent la main pour permettre au Président Ibrahim Boubacar Kéita de mener ses actions de reconstruction du Mali.

            Le Soir de Bamako : M. le Président, seulement quatre députés pour Sabati 2012 qui, dit-on, a joué un rôle déterminant dans la victoire du président IBK. Sabati 2012 qui fut courtisé par presque tous les partis de la place… N’y a-t-il pas là une impression de goût inachevé?

Moussa Boubacar Bah : Pas du tout ! Quatre députés c’est un résultat salutaire, quand on sait que des partis traditionnels qui ont plus de 20 ans de présence sur la scène politique n’ont pu se taper un tel nombre de députés, ou qui n’ont pu aller au-delà. Contrairement à ces partis, Sabati 2012 n’a pas vocation à conquérir et à exercer le pouvoir.

Mas malgré son statut d’association, et une association très jeune, Sabati a pu faire élire quatre députés. C’est un score extraordinaire ! Et ça donne une visibilité de notre force sur le terrain, tout comme une lisibilité à l’objet de notre création, à savoir le soutien sans faille au Président de la République, Ibrahim B. Kéita.

Le Soir de Bamako : Ces quatre députés de Sabati 2012 seront à l’Assemblée nationale pour soutenir les actions du Président IBK ou pour défendre la position de l’islam ?

            Moussa Boubacar Bah : Vous savez, Sabati 2012, c’est d’abord la défense des valeurs sociales fortes du Mali. Ce travail là, nous le ferons partout, à l’Assemblée nationale tout comme en dehors de l’Assemblée. Défense des valeurs du Mali, défense des intérêts de l’islam, et surtout défense de l’intérêt et de l’avenir du Mali ! Tels sont ici le leitmotiv de Sabati 2012. Et je crois qu’il y a là beaucoup de motifs qui ont amené les Maliens à sortir massivement pour élire le président IBK, le seul à même de défendre les intérêts du peuple malien et les valeurs sociales fortes qui caractérisent ce peuple. Je crois que face à ces enjeux, ce sont tous les députés qui ont conscience des défis actuels, et pas seulement ceux de Sabati 2012, qui vont soutenir les actions du Président de la République.

Le Soir de Bamako : Et si le président IBK, qui est Président de tous les Maliens, venait à prendre des décidions qui vont à l’encontre des musulmans ou qui pourraient être perçues comme telles… Quelle sera la réaction de Sabati 2012 ?

            Moussa Boubacar Bah : Je me douterais fort que le président de la République, Ibrahim B Kéita, prendrait une telle décision. C’est-à-dire une décision qui va à l’encontre de la majorité du peuple malien. Le président IBK aime trop le Mali pour s’illustrer d’une manière qui le mettrait en porte-à-faux avec ses concitoyens, et il a conscience des enjeux et des défis de la mission qui est désormais sienne.

            Le Soir de Bamako : Le Gouvernement vient de donner son quitus à lettre de la Cour Suprême visant à poursuivre l’ancien Président de la République, Amadou Toumani Touré, pour haute trahison. Qu’en pense Sabati 2012 ?

            Moussa Boubacar Bah : Vous savez, on ne peut pas corriger une erreur sans chercher à savoir d’où est venue cette erreur. Nous avions, bien avant la présidentielle, mis dans notre mémorandum soumis à tous les candidats qui fallait à tout prix mettre en place la Haute Cour de Justice. La seule cour susceptible de juger le président de la République et les Ministres qui auraient commis des crimes dans l’exercice de leurs fonctions. On ne peut pas poursuivre ATT, on ne peut le juger en l’absence de cette Haute Cour de Justice. Nous pensons que le premier rôle des nouveaux députés doit être de mettre tous les dispositifs en place pour l’opérationnalisation de la Haute Cour de Justice. Pour le reste, nous sommes très content, disons que nous sommes très fiers de cette décision. Il faut que les Maliens sachent ce qui s’est réellement passé. Qu’est-ce qui explique le déroute de l’armée au Nord ? Si défaillance il y a eu, c’était à quel niveau ? Y aurait-il eu trahison quelle que part ? Le peuple malien a le droit de savoir ! Nous l’avons dit à Sabati 2012 avant le président IBK, lors d’un meeting au stade du 26 mars, qu’il fallait interpeller le président ATT et son Premier ministre d’alors, ainsi que le Ministre de la Défense et le Chef d’état-major général de l’armée de l’époque. Toutes ces personnes doivent donner leurs versions de ce qui s’est réellement passé.

            Le Soir de Bamako : Un dernier mot ?

            Moussa Boubacar Bah : Je pense que le Mali est en train de retrouver sa dignité grâce aux efforts de tous, Minusma, Cedeao, France… la communauté internationale. Ce qui est une bonne chose, car dans un passé encore récent c’était impensable. Les institutions se mettent en place progressivement. Je crois aussi qu’il aura un remaniement ministériel après la rentrée du parlement. J’espère sincèrement qu’on tiendra compte de la nouvelle donne politique.

On disait que le Rpm ne représentait que l’ombre de lui-même, mais les élections législatives ont prouvé le contraire. Le Rpm est incontestablement une force politique à respecter pour avoir osé s’engager seul en divers endroits du Mali. Et le résultat est là ! Je souhaite que le Président IBK tienne compte de cela. C’est vrai que le Premier ministre actuel a donné la preuve de ses compétences, et il a réalisé de belles choses. C’est un homme qui aime le Mali, qui a mouillé le maillot pour le Mali, qui a mobilisé des ressources. On a  besoin des hommes comme lui, mais le handicap est qu’il n’est pas un homme politique.

Mais s’il devait être reconduit par le Président IBK, que cela se fasse en harmonie avec le peuple Rpm. L’expérience a prouvé qu’un Premier ministre non partisan est souvent source de problèmes et de tension au sein de la majorité présidentielle. Le choix de Oumar Tatam Ly comme nouveau Premier ministre doit provenir du Rpm, ne serait-ce que pour permettre au Président IBK d’œuvrer sans problème à la réalisation de ses ambitions pour le bonheur des Maliens, pour l’honneur, la dignité et la grandeur du Mali. Que Dieu veille sur le Mali !

Propos recueillis par Assane SY DOLO