Nous avions appris à travers nos antennes locales qu’une initiative a été prise pour la réalisation d’une cartographie culturelle au Mali. En tant que Observatoire nous ne pouvions pas assister indifféremment au saupoudrage.
C’est quoi la Cartographie culturelle ? Il y a diverses catégories. Il y a la cartographie des établissements culturels qui est la localisation des lieux et prestations de services culturels. Il y a la cartographie des événements culturels. C’est placer sur une carte le site des événements culturels. Il y a aussi la cartographie des ressources qui est utilisée dans le patrimoine pour situer les biens matériels et immatériels des peuples.
Signalons d’abord que le ministère est en train de dresser une cartographie des événements, des lieux culturels, mais aussi des sites du patrimoine qui peuvent servir dans le cadre de la promotion touristique. Le ministère a appelé ce travail «Agenda culturel».
Une nouvelle cartographie culturelle, cette fois-ci de l’Afrique occidentale, sera lancée dans quelques semaines puisque les fonds ont été acquis. Le bailleur est l’Union européenne qui a mis des montants sérieux afin d’élaborer une carte sous-régionale.
Pour rappel, une cartographie a été réalisée par le réseau KYA; le processus fut inclusif et participatif, plusieurs ateliers ont abouti au produit. Il suffit de lancer sur le net la recherche d’un lieu culturel, on pourra le localiser sur la carte.
Les cartographies se font sur la base des répertoires. Au Mali, il y en a eu une centaine. Le réseau Kya en a fait, le PSIC l’a fait au début des années 2000. Le ministère a dressé une cartographie du patrimoine. Le PADESC a fait aussi un répertoire à travers des ateliers organisés dans toutes les régions du Mali. Il y a eu aussi des cartographies sous-sectorielles: Acte 7 a fait pour le théâtre, il y en a aussi pour les festivals, les Missions culturelles ont aussi leur cartographie locale.
Faire une nouvelle cartographie, à notre avis, serait du saupoudrage. Pour aider le Mali, les activités ne manquent pas. Elles ont été identifiées au cours des derniers ateliers de concertation à Bamako et dans les régions. Il serait mieux de piocher une activité d’actualité que de refaire, refaire et refaire l’existant.
Au Mali, les interventions des partenaires dans le domaine de la culture se passent sans que le département de la culture ne soit informé à temps ou impliqué dans le processus de conception. Le ministère de la culture apprend le lancement d’une activité en même temps que les citoyens ordinaires. Cela témoigne que chaque intervenant fait ce qu’il veut. La culture, contrairement à l’agriculture ou la santé ou l’éducation, est un domaine incontrôlable, même le fanatique religieux peut venir mettre en œuvre son projet de culture islamique au Mali.
Tout cela témoigne du manque de coordination dans la mise en œuvre des activités dans le domaine de la culture. Il devrait y exister un guichet unique des activités culturelles et une plateforme d’échange entre l’Etat et ses partenaires.
Dans tout cela c’est le citoyen européen qui perd, c’est lui a payé et qui paie pour la répétition des activités de cartographie culturelle.
Youba Bathily
Source: info-matin