Les assassinats d’otages en Irak font des émules. L’otage français, enlevé dimanche, a lui aussi été décapité “lâchement et cruellement”par ses ravisseurs qui se réclament des terroristes irakiens.
L’information a été officiellement confirmée cet après-midi par les autorités françaises. Le guide de montagne qui était parti en randonnée dans les montagnes algériennes aux environs de Tizi-Ouzou a été exécuté par ses ravisseurs. Hervé Gourdel a été décapité par ses ravisseurs, une vidéo a été publié montrant une exécution semblable à celle des otages de l’EI en Irak. Kidnappé dimanche soir en Algérie,le rapt d’Hervé Gourdel a été revendiqué lundi soir par un groupe jihadiste local, “les soldats du Califat”, qui a récemment fait allégeance à Daech ou l’organisation “Etat Islamique”.
Des centaines de gendarmes algériens étaient à sa recherche sur le terrain. De nombreux barrages avaient été mis en place sur la route qui traverse en lacets le massif montagneux dans lequel le Français a disparu en Kabylie, en Algérie. “J’ai pleine confiance dans les forces de sécurité algériennes pour que tout soit fait pour que nous retrouvions notre compatriote”, avait indiqué hier soir François Hollande alors que l’ultimatum avait expiré depuis mardi soir.Sur Facebook, plusieurs pages de soutien avaient été créées. Depuis New York où il se trouve pour l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Hollande a qualifié cet acte de “lâche et cruel”. En affirmant sa détermination “totale” à continuer l’action militaire en Irak.
Peu d’espoir de le sauver
Hervé Gourdel, photographe et guide de montagne, a été enlevé dimanche soir en Algérie dans l’est du pays entre Bouira et Tizi Ouzou, dans la région montagneuse de Kabylie. Dans une vidéo authentifiée par le quai d’Orsay on voyait l’otage français, assis entre deux hommes armés et masqués, demander à François Hollande de cesser toute intervention en Irak. Le délai très court de l’ultimatum des ravisseurs et l’impossibilité pou l’Etat français d’accéder à leur revendication avait scellé le sort de l’otage, même si ses proches voulaient garder l’espoir que ses ravisseurs le garderaient en vie pour négocier.
L’émotion est vive et l’inquiétude augmente dans les communautés françaises à travers le monde. Le chef de l’Etat français a demandé à ses compatriotes de ne pas “prendre de risque en cette période compliquée”.
Qui sont les “soldats du Califat”
Jund-Al-Khilafah fi Ard al-Jazaïr (“les soldats du califat en Algérie”), c’est le nom de ce groupe encore peu connu il y a 48heures. Ces djihadistes se réclament de l’organisation État islamique, bien qu’ils combattent à des milliers de kilomètres de son “califat” autoproclamé. d’après les experts de la région, il s’agit d’une faction d’une centaine d’hommes, née pendant la guerre civile algérienne, sous l’appellation Brigades de Thénia. Il aurait été impliqué sous les ordres du Groupe islamique armé (GIA), dans la vague d’attentats de 1995 dans le métro parisien. À sa tête, Abdelmalek Gouri, un vétéran du djihad en Afghanistan, surnommé Khaled Abou Slimane, l’un des 12 commandants du conseil des chefs d’AQMI.
“Des dissensions apparaissent au sein d’Aqmi, sur la nécessité ou non de rejoindre le califat, explique Mathieu Guidère, islamologue français. Deux tendances s’affrontent. Les uns, dont le chef d’Aqmi Abdelmalek Droukdel, considèrent qu’il vaut mieux combattre localement contre le gouvernement algérien et les intérêts français, tandis que les autres estiment qu’il faut rejoindre l’organisation État islamique, jugée plus efficace.” Khaled Abou Slimane fait partie de ceux-là. Mis en minorité par le conseil des chefs d’Aqmi, qui souhaite rester en Algérie, l'”émir” de Thénia fait dissidence et annonce en juillet sa volonté de rejoindre les rangs de l’EI.
Consolider le califat. Son coup d’éclat à travers le meurtre de l’otage, sous le même mode opératoire que l’EI en Irak,a pour objectif de lui rallier d’autres groupes et phagocyter AQMI.