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Mopti : Tata Touré, icône de la cause féminine

A travers l’ONG ODI Sahel, elle œuvre pour l’autonomisation des femmes en les aidant à se lancer des activités génératrices de revenus

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La problématique de l’émancipation et de la promotion de la femme, un des moteurs de la transformation de la société, reste toujours d’actualité dans notre pays et partout en Afrique, malgré les avancées. De nos jours, force est de constater que les femmes et les filles qui représentent  plus de la moitié de la population sont les plus pauvres, que les fillettes qui constituent  les 2/3  des enfants sont pour la plupart exclues du système scolaire et que les femmes sont toujours victimes de violences en temps de conflit armé et sont les plus exposées à la pandémie du VIH/SIDA. La lutte pour renverser cette tendance est un combat de longue haleine auquel toutes les générations doivent apporter leur contribution.

Telle est la conviction de la coordinatrice et membre fondatrice de l’ONG ODI Sahel et présidente de la société civile de Mopti, Mme Diarra Tata Touré, qui se bat au quotidien pour la promotion et l’autonomisation des femmes de la 5èmeRégion et du Mali.

Née en 1967  à Tombouctou,  Mme Diarra Tata Touré est vétérinaire et ingénieur d’élevage, diplômée de l’Institut polytechnique rurale (IPR) de Katibougou depuis 1990. A la fin de ses études, elle décide de descendre sur le terrain pour être au plus près des producteurs du monde rural. C’est ainsi qu’elle est d’abord affectée au Centre de recherche agronomique de Mopti comme assistante de recherche avant de se retrouver à l’ONG Action pour la formation et l’auto promotion rurale (AFAR) en qualité de coordinatrice des activités féminines. Quelques années plus tard, elle est recrutée au même poste au Projet valorisation des ressources en eaux de surface (VRES II) et assistante administrative au bureau de Médecins sans frontières (MSF) à Mopti.

Nantie de cette expérience, Mme Diarra, avec des associés, crée en décembre 2000 une ONG dénommée ODI Sahel (Organisation pour un développement intégré au Sahel) pour servir au mieux les groupes vulnérables (les femmes et les enfants). Grâce à cette organisation non gouvernementale dont l’objectif est de contribuer au développement socio-économique, organisationnel et institutionnel des communautés vulnérables à partir d’une approche participative tenant compte de l’aspect genre et de la protection de l’environnement, Tata Touré s’engage résolument dans la lutte contre les maux et injustices sociales dont sont victimes les femmes et les enfants.

Les actions d’ODI Sahel portent sur la promotion et la défense des droits des femmes et des enfants, la gestion intégrée des ressources naturelles, l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement et le renforcement des capacités (formation, alphabétisation). Grâce à ses actions sur le terrain, elle est devenue un outil efficace de la défense des femmes.

L’ONG a obtenu des financements de partenaires et exécuté avec succès de nombreux projets et programmes en faveur des femmes, des enfants et de toute la communauté. Dans les communes rurales des cercles de Djenné et Mopti avec l’appui financier d’ONU/Femmes, ODI Sahel a ainsi développé un projet d’appui à la prise en compte du genre dans les programmes de développement social et économique des communes (PDSEC).

En vue de lutter contre la spoliation des droits des femmes, elle mène deux projets d’envergure de renforcement de capacités et de plaidoyer.  Le premier réalisé avec l’appui du PNUD dans le cadre du PACT phase 5 (Aider les communautés tous ensemble) a concerné le renforcement des capacités des organisations féminines de la commune rurale de Socoura (cercle de Mopti) sur leurs droits et devoirs dans un processus décentralisé. Le second qui s’inscrivait dans une dynamique d’éveil de conscience citoyenne, dans le cadre du Programme national d’éducation à la citoyenneté (PNEC) avec l’accompagnement de l’Etat, le PNUD, les Pays-Bas, le Canada, l’Union européenne et l’USAID, a été mis en œuvre dans 439 villages de 28 communes reparties entre les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et Ténenkou en 5ème Région.

La réduction de la pauvreté en milieu féminin et la recherche de l’autonomisation des femmes est le credo d’ODI Sahel. Pour y parvenir, l’ONG conduit beaucoup d’activités génératrices de revenus. Ainsi, 500 bénéficiaires – 400 femmes et 100 personnes handicapées de 20 groupements des communes de Mopti et Socoura – bénéficient du Projet de lutte contre la pauvreté des groupes vulnérables grâce à un financement d’activités génératrices de revenus. Ce projet financé par l’ONG américaine Trickel UP, en plus de sessions de formation et de plaidoyer, a octroyé à chacun des bénéficiaires 50.000 Fcfa pour démarrer son activité.

Dans le cadre de la lutte contre les effets néfastes de la crise, ODI Sahel a initié le Projet d’appui à la lutte contre les violences basées sur le genre et la prostitution du fait du conflit armé dans la commune rurale de Konna. Le financement est assuré par ONU Femmes, les Pays-Bas et la coopération suisse. Ce projet sensibilise les femmes et les jeunes filles sur leurs droits, les violences basées sur le genre et les méfaits de la prostitution. Il a créé à cet effet une unité de prise en charge médicale et psychosociale, d’orientation juridique, d’habilitation sociale et d’assistance économique.

La mise en œuvre de ces différents programmes et projets initiés en faveur  de l’émancipation et l’autonomisation des femmes,  a permis à l’ONG ODI Sahel qui compte 17 agents permanent dont 12 femmes de générer une centaine d’emplois  temporaires et d’injecter plus 695 millions de Fcfa dans le tissu économique de la région.

La capacité managériale de la coordinatrice de l’ONG ODI Sahel, Tata Touré, et son leadership lui ont valu sa nomination en 2008 à la tête d’un bureau de 23 membres de l’organisation régionale de la société civile de Mopti qui a pour objet de contribuer à l’atteinte des OMD à travers le cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté. Sous sa houlette, l’organisation a joué un rôle prépondérant dans le soutien des pouvoirs publics dans l’atténuation des souffrances des populations pendant la crise sécuritaire. Au delà des donations corporatistes ou individuelles, la société civile de Mopti a apporté une importante contribution financière à l’effort de guerre, effectué des dons de sang et organisé des séries de formation sur le respect des droits humains en temps de guerre en collaboration avec l’armée malienne et les forces étrangères.

Pour Mme Diarra Tata Touré, la célébration du 8 mars, Journée internationale de la femme, ménage un créneau de plaidoyer et de lobbying pour les femmes afin de se faire entendre pour la levée de certaines pratiques persistantes liées à des pesanteurs sociales et culturelles dans notre pays. Selon elle, le thème national de cette année « Paix et réconciliation : défis et enjeux pour une autonomisation accrue des femmes » interpelle toute la communauté.

La direction régionale de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille de Mopti apprécie à sa juste valeur et avec reconnaissance les importantes contributions de ODI Sahel dans la lutte pour l’émancipation des femmes. Pour les responsables de cette structure de tutelle des organisations féminines, l’autonomisation sociale et économique des femmes passe nécessairement par la scolarisation et le maintien des filles à l’école, l’alphabétisation, la culture du leadership, l’organisation et l’encadrement des femmes. La formation en gestion de crédit d’entreprise, le montage de  projets et l’accès aux crédits sont aussi essentiels.

D. COULIBALY

AMAP-Mopti

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