Pour l’économiste du sport et délégué général de l’Union Sport et Cycle Virgile Caillet, “sur le plan du modèle économique, la FFF est incontestablement une formidable réussite. Elle s’appuie sur le fameux contrat Nike, qui a permis de conserver une grosse crédibilité et de passer l’orage de Knysna”, le fiasco du Mondial-2010 en Afrique du Sud.
La bonne santé financière des Bleus, et donc de la FFF, repose en effet sur ce contrat avec la marque à la virgule, re-signé en 2016 pour 50,5 millions d’euros par an sur la période 2018-2026, soit l’un des contrats les plus élevés au monde à l’échelle d’une sélection nationale.
Autant dire que ce puissant soutien est chouchouté, jusqu’aux moindres détails. Sur la photo officielle de l’équipe de France pour ce Mondial-2018, on place volontiers au premier rang les joueurs qui portent des Nike aux pieds. Et on se garde bien de faire apparaître le ballon officiel de la Coupe du monde, siglé… Adidas.
Tranquille jusqu’en 2023
Puis les partenaires officiels des Bleus (AccorHotels, KFC et Intermarché – au moins 1,5 M EUR chacun) et les fournisseurs (Coca-Cola, Pasquier, Belin, et Archos) contre un ticket d’entrée d’un minimum de 500.000 euros annuels, selon le journal L’Équipe.
Hormis Archos, tous ont prolongé leur sponsoring jusqu’en 2023, et la FFF n’a pas eu besoin de beaucoup chercher pour remplacer Carrefour – qui se recentre sur l’alimentaire et veut réduire ses dépenses – par Intermarché.
“On a la garantie financière sur les cinq années qui viennent. Qu’on soit formidables ou pas à Moscou (les Bleus au Mondial), tous nos contrats sont renouvelés“, s’est d’ailleurs félicité le président Noël Le Graët dans un entretien accordé en milieu de semaine.
“Coca, c’était fait depuis deux mois mais on a signé lundi 28 mai (avant France-Irlande) parce que le président voulait signer sur le terrain (du Stade de France).Manque de pot, il pleuvait!“, a-t-il poursuivi en riant.
“Pas qu’une entreprise”
Mais l’omniprésence des Bleus et de leurs sponsors dans la stratégie de la Fédération fait parfois grincer des dents au niveau local. C’était d’ailleurs l’un des principaux reproches des opposants de Noël Le Graët lors de sa réélection en mars 2017.
“La fédération n’est pas qu’une entreprise. On compte plus sur l’équipe de France que sur les Ligues et les districts. Quand la Fédération ne s’appuie que sur l’image de l’équipe de France, ça fragilise l’économie”, dénonçait alors Jamel Sandjak, le patron de la Ligue de Paris Île-de-France.
Pas de quoi perturber Noël Le Graët qui a l’habitude de dire que “quand l’équipe de France va bien, le football amateur va mieux” et qui vient d’annoncer une hausse des moyens mis à disposition du football amateur, pour atteindre plus de 80 millions d’euros.
“La stratégie fédérale ne peut pas exister sans moyen et le principal actif, ça reste l’équipe de France. C’est le baromètre”, juge également l’économiste Virgile Caillet. “Et le contrat avec Nike est malin, car il mentionne aussi des retombées pour le monde amateur”.
Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a de son côté dénoncé certaines dépenses de la direction actuelle dont un Airbus à 1 million d’euros affrété en 2014 pour amener une délégation de dirigeants du foot amateur et de partenaires au quart de finale France-Allemagne à Rio.
Mais là encore, Le Graët a balayé ces critiques et s’apprête à reconduire le même dispositif en Russie. Car les Bleus sont la vitrine de la FFF et son bien le plus précieux.