A en croire ce fils d’ancien militaire, l’année 2019 qui s’achève lentement et tristement sera l’une des plus noires pour l’armée malienne si rien n’est fait. « Nous sommes déjà à presque 500 militaires tués ; c’est plus qu’en 2012», s’est-il inquiété.
D’après lui, malgré la présence des forces internationales et la réorganisation de l’armée, les signaux sont au rouge et l’armée ne cesse de perdre les batailles, les unes après les autres. Bien que les attaques deviennent de plus en plus complexes et les assaillants plus organisés, il précise : « Sans être un spécialiste militaire, je me permets de demander un changement de stratégie. Jusque-là, le commandement semble être dans une logique de guerre normale. En tout cas, c’est ce qu’il renvoie. Or, unanimement, les choses ne peuvent continuer ainsi. Il faut changer la perception des choses et agir en conséquence, c’est-à-dire adopter des stratégies en fonction de l’ennemi», a-t-il préconisé.
Une stratégie mobile et offensive
Pour Mohamed Ag Assory, la stratégie des camps et des forteresses a montré ses limites. Les camps de Dioura, Boulkessi, Indelimane avaient tous été bâtis sur le modèle de camp semi-moderne (hesco, barbelés, tranchée de sécurité, miradors). Pourtant, ils sont tous tombés en deux ou trois heures d’âpres combats sans renforts. « N’est pas là une faille importante », s’est-il interrogé.
Il estime que militairement, une forteresse est une erreur stratégique car pour lui, elle confine les soldats, les coupe de l’environnement et des indispensables renseignements, elle est faite uniquement pour défendre. « Donc que faire », se questionne-t-il.
En tentant d’apporter quelques solutions, en tant que Malien épris de paix, un ressortissant du Nord, un enfant de militaire qui a tout donné pour son pays, il propose à la hiérarchie militaire, entre autres, de mettre toutes les unités sur le terrain en mouvement permanent, de supprimer les camps de forte concentration contre des unités mobiles de 300 soldats avec les équipements nécessaires durant lesquelles le mouvement doit suivre les dernières positions de l’ennemi. Aussi, de designer les zones de responsabilité par unité entre 200 et 300 kilomètres carrés. Ces unités, selon lui, doivent être sur le qui-vive maximal et coordonner les mouvements. Le mouvement permanent facilitera les renforts en cas d’attaque d’une unité. À Ces propositions, s’ajoutent d’autres telles que: organiser une relève des troupes en opération tous les trois mois ; maintenir 4 ou 5 grands camps conjoints ( FAMa, Minusma, Barkane, G5) qui serviront de hub de ravitaillement, de repos et relève des troupes ; demander le redéploiement des forces aériennes de Bakhane sur Sevaré, à Mopti ; mettre en place un Etat major conjoint FAMa-Barkane-Minusma-G5 sous commandement FAMa ; accélérer le déploiement des unités de l’armée reconstituée ; mettre à contribution les groupes armés et d’autodéfense en attendant leur intégration ; mettre en avant une approche communautaire pour avoir la collaboration des populations et en fin, remettre sur le théâtre d’opérations les officiers de terrain (Gamou, Meidou, Dacko, Abbass, etc.). Le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta l’a dit plusieurs fois : ‘’Nous sommes en guerre’’, et chaque Malien, où qu’il soit, doit se comporter comme un soldat. Donc, ces propositions venant de ce valeureux fils du pays, inquiet par la situation sécuritaire du pays, méritent réflexion par les autorités militaires et décideurs politiques, comme toutes les autres propositions faites par les Maliens soucieux désirant la paix. Trop de morts dans les rangs des FAMa. Ne dit-on pas que «c’est dans l’union que réside la force ?». Alors, le Mali a besoin de tous ses fils pour sortir de cette crise qui persiste depuis 2012.
- Moussa Sékou Diaby / Tjikan
- Source le tjikan