Participant à l’atelier de formation des membres de la Mission d’appui à la réconciliation nationale, déroulé à l’Hôtel Olympe internationale de Bamako, les 24 et 25 octobre derniers, le Chef de la Mission, l’ancien Ministre Modibo Kadjogué, a indiqué que les équipes régionales qu’il dirige utiliseront des méthodes de règlement de conflit très simples; c’est-à-dire, «notre façon habituelle de régler nos conflits». Pour lui, il s’agit, à travers cette Mission d’appui à la réconciliation nationale d’exhumer les vieilles méthodes de règlement de conflits qui ont, autrefois, fait des preuves en Afrique en général et au Mali en particulier. Interview !
L’OBSERVATOIRE : Qu’est ce qu’il faut attendre de cette formation des membres de la Mission d’appui à la réconciliation nationale ?
Modibo Kadjogué : Merci beaucoup. La Mission d’Appui à la Réconciliation Nationale(MARN) a été créée par le Gouvernement du Mali pour essayer de faire en sorte qu’on puisse faire l’anticipation et aussi le traitement des conflits. On dit aussi que prévenir vaut mieux que guérir. Dans cette optique, la MARN s’occupe de la prévention et le règlement des conflits. Les équipes régionales sont composées des hommes et femmes qui ont été choisis en fonction de leur statut de notables dans toutes les Régions. Il se trouve que la MARN est en même temps une petite structure administrative. Donc, il s’agit, à travers cet atelier, de former les membres des équipes régionales pour qu’ils comprennent les différents démembrements de l’Administration, les procédures et les règles de fonctionnement.
Ensuite, ils doivent travailler à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et l’expliquer à la population. Cet atelier est un cadre d’échange pour que les membres puissent se connaître mieux. Et qu’une équipe régionale a pour mission d’instaurer la cohésion, la paix et la réconciliation. Et que les meilleures pratiques de réconciliation et de vivre ensemble dans une partie de ce pays doivent profiter dans l’autre sur le territoire national. Tel est l’objet de cet atelier de deux jours.
La crise de 2012 a engendré des divisions profondes entre les citoyens et a occasionné des conflits entre certaines communautés du pays. Quel est le procédé que vous comptez utiliser pour réconcilier les Maliens ?
Nous allons utiliser des procédés très simples, à savoir notre façon habituelle de régler les conflits. Chaque localité a ses procédés. Il n’y a pas des procédés uniques qu’on va appliquer dans toutes les localités du Mali. Il y a des procédés de règlement de conflit à Kidal qui sont différents de ceux de Kayes. Pareil pour Sikasso et Mopti. Dans chaque localité, nous allons utiliser ses procédés traditionnels de règlement de conflit qui lui sont propres. Le Mali est une nation millénaire où nous vivons ensemble, il y a très longtemps. Ce qui veut dire que nous avons eu des conflits mais nous avons pu les régler. C’est justement à ces procédés là que nous sommes en train de faire appel : les anciens procédés de règlement de conflits qui ont fait leur preuve. Ce sont ces procédés là que nous allons chercher à travers les équipes régionales d’appui à la réconciliation. Vous avez dans la Mission d’appui à la réconciliation des gens qui n’ont pas été à l’école française mais qui parlent arabe et leurs langues locales. Ils savent comment il faut régler un conflit. Nous leur demandons de régler un conflit comme ils ont l’habitude de le faire, comme les populations le faisaient depuis la nuit des temps. Ce sont ces procédés là que nous allons utiliser.
Êtes-vous suffisamment représenté sur toute l’étendue du territoire national ?
Nous sommes représentés sur toute l’étendue du territoire national. Nous sommes dans toutes les Régions bien que nous n’avons pas encore fini d’installer les équipes régionales. Elles seront installées de Kayes à Kidal. Les Ressortissants, les notables et les personnalités de chaque localité, des grandes familles qui ont toujours l’habitude de gérer des conflits sont membres de la Mission d’appui à la réconciliation nationale. Il y a les leaders religieux, le Conseil national de la jeunesse, les femmes, les leaders coutumiers, le RECOTRADE qui y sont tous représentés. Il s’agit, à travers cette mission d’appui d’exhumer les vieilles méthodes de règlement de conflits qui ont fait leurs preuves. Nous pensons que le travail sera beaucoup plus harmonieux et nous sommes certains que la mission produira des résultats importants pour le Mali.
Propos recueillis par Ousmane MORBA