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Moctar Ouane, 1er ministre du Mali: dialogue avec les jihadistes «en cours» en «prolongement de l’action militaire»

Le Premier ministre malien de la transition, Moctar Ouane, accorde un entretien exclusif à RFI et France 24. Il répond aux questions de David Baché (RFI) et Marc Perelman (F24) sur la militarisation de la transition, la mise en place du Conseil national de transition, les négociations avec les groupes terroristes, les conflits intercommunautaires dans le Centre, les accusations d’exactions de l’armée malienne, et sur le sort du président déchu Ibrahim Boubacar Keita et de son fils Karim Keita.

Deux mois et demi après le coup d’État du 18 août, globalement salué par la population, l’installation du dernier organe de la transition se fait toujours attendre. Le Conseil national de transition fait polémique, la plupart des partis refusent d’y siéger et dénoncent l’accaparement de la transition par les militaires.

« Nous aurons bientôt les résultats des consultations qui auront permis de trouver le compromis nécessaire pour concilier les points de vue, assure Moctar Ouane. Cela ne devrait plus tarder. Soyons patients, c’est une question qui interviendra très rapidement. »

Quant aux inquiétudes soulevées, notamment par de nombreux partis politiques, sur la militarisation des organes de la transition et de l’administration malienne, le chef du gouvernement les balaie : « Nous avons à cœur de mener à bien la mission qui nous a été confiée. Les rôles sont très clairement définis, chacun joue sa partition, il n’y a pas de difficulté particulière à signaler. »

Début octobre, le Mali a négocié avec Aqmi la libération de trois otages occidentaux, dont la Française Sophie Pétronin, et du chef de l’opposition malienne Soumaïla Cissé. Le Mali a-t-il négocié seul, ou d’autres pays ont eu leur mot à dire sur les contreparties ? Le Premier ministre malien se réjouit de ces libérations, obtenues « à la suite d’efforts conjugués des uns et des autres. » Est-il vrai que la France a fait pression pour que Soumaïla Cissé ne soit pas libéré seul, avant Sophie Pétronin ? « Je ne crois pas que de ce point de vue-là il y ait eu une intrusion quelconque de la France dans le processus, en tout cas pas à mon niveau. »

La France martèle son refus d’ouvrir des négociations de paix avec les groupes terroristes comme Aqmi ou le groupe État islamique, tandis que le Mali a déjà exprimé sa volonté d’engager « de vastes discussions », conformément aux conclusions du Dialogue national. « Il n’y a pas de déphasage entre le Mali et la France », assure pourtant le Premier ministre, pour qui le dialogue doit être envisagé comme « une opportunité » et « un prolongement de l’action militaire » menée, notamment, par la force Barkhane. Il évoque d’ailleurs, au sujet de ces négociations pour la paix avec les groupes terroristes, « une dynamique en cours » pour « rétablir la sécurité sur l’ensemble du pays. »

Les attaques terroristes, sur fond de conflits entre communauté peule et chasseurs traditionnels dozos, connaissent une flambée en ce moment dans le Centre : à Farabougou et dans tout le cercle de Niono, mais aussi dans la région de Mopti, y compris dans le Pays dogon. Le gouvernement a organisé un forum pour la réconciliation, le mois dernier. Depuis, les engagements pris par l’Etat n’ont pas été appliqués, la situation continue de se dégrader et l’armée malienne semble impuissante. Moctar Ouane assure que le gouvernement « s’emploie » à ramener la paix dans toutes ces zones, rappelle l’importance du dialogue intercommunautaire et engage à « ne pas préjuger » des résultats des initiatives prises par l’État au cours du Forum de Niono.

L’armée malienne est accusée d’exactions à Libbé, un village peul incendié fin octobre, une vingtaine de villageois ont été tués. L’armée a réfuté ces accusations, mais tout de même promis des enquêtes.

« Conformément à l’engagement qu’il a pris, le gouvernement mènera ces enquêtes et lorsque les résultats seront connus, ils seront mis à disposition de tous. »

L’ex-président IBK est actuellement chez lui, à Bamako. Les autorités maliennes le tiennent à la disposition de la justice, en résidence surveillée. Un terme que le chef du gouvernement de transition récuse « Il n’est pas en résidence surveillée puisque la résidence surveillée suppose qu’il soit poursuivi ou qu’on lui reproche quoi que ce soit, ce qui n’est pas le cas à ce stade. » Est-il libre de sortir de chez lui ? « Ça je ne saurais vous le dire », répond Moctar Ouane. Quant au fils du président déchu, Karim Keita, et que l’on dit à Abidjan depuis le coup d’État du 18 août : « Il a quitté le pays de son plein gré » et « aucune action n’a été engagé à ce jour encore » auprès des autorités ivoiriennes.

RFI

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