L’argent qui circule entre les mains des humanitaires travaillant au Mali pourrait diminuer en raison des réformes en cours.
Si tout se passe bien comme prévu, les humanitaires devront ajouter à leur budget une somme supplémentaire pour faire face à de nouvelles dépenses exigées par le gouvernement. Désormais, tous les humanitaires y compris les ONG doivent mettre la main dans la poche si elles veulent travailler au Mali et se conformer aux nouvelles règles de prélèvement. Des réformes sont en cours pour finaliser la mobilisation de ressources financières, une sorte de prélèvement sur les milliards qui transitent dans les banques en vue de financer les activités humanitaires.
Selon des observateurs, là où les citoyens ont été taxés, la taxation des fonds des humanitaires pourrait être importante. Pour certains, c’est une façon pour le gouvernement d’exercer un contrôle sur les flux financiers des ONG. Un texte a été envoyé au CNT, portant création de l’Agence nationale d’investissement des Collectivités territoriales et d’appui au contrôle des associations et fondations.
Cette structure va remplacer l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (Anict) et les agences de développement régionales (ADR). La nouvelle entité va fonctionner sur des ressources comme les subventions de l’Etat, mais aussi « les contributions des associations et des fondations ».
Les associations et les fondations contribuent à la prise en charge des frais afférents aux activités de suivi et d’évaluation des réalisations. Un décret pris en conseil des ministres va préciser les modalités du suivi-évaluation et fixer le taux de la contribution des associations et des fondations. Un prélèvement de 10 % sera perçu sur les ressources financières des associations et des fondations destinées au développement économique, social, environnemental et culturel. Les montants de ces prélèvements sont destinés à la prise en charge des frais afférents aux activités de suivi et d’évaluation des réalisations des associations et fondations.
Ils sont mis à la disposition des services centraux compétents du ministère chargé de l’Administration territoriale, des représentants de l’Etat, pour les activités de suivi et d’évaluation. Frappées au portemonnaie, les ONG pourraient diminuer leur présence sur le sol malien. Déjà, plusieurs d’entre elles ont plié bagage à cause des dissensions entre le gouvernement et certains bailleurs de fonds depuis l’avènement de la transition. Ce que l’on peut craindre est une possible diminution des actions humanitaires au Mali. Les humanitaires qui rechignent à donner de l’argent au gouvernement sont obligés ainsi de le faire s’ils veulent bien travailler au Mali.
Nouhoum DICKO