Africable Télévision a organisé le dimanche 26 août 2018, une émission politique spéciale sur le thème: «Regards croisés sur la situation post-electorale au Mali: enjeux et perspectives». Ladite émission animée par le journaliste Mohamed Attaher Halidou qui recevait sur le plateau, la présidente de Adema Association, Mme Sy Kadiatou Sow, le représentant de l’opposition, Nouhoum Sarr, le représentant de la majorité présidentielle, Cheickna Camara, l’Universitaire, le Pr Clément Dembélé. Au cours de cette émission de plus d’une heure de temps, l’ex ministre, Mme Sy Kadiatou Sow a dénoncé les irrégularités qui ont émaillé le scrutin présidentiel de 2018. A ses dires, l’ampleur de la fraude a dépassé tout entendement. « Honnêtement, personnellement, je ne pense pas que les résultats proclamés par la cour constitutionnelle reflètent la réalité des urnes », a-t-elle dit.
C’est avec sagesse que l’ex gouverneur du district de Bamako, Mme Sy Kadiatou Sow a craché ses vérités tout au long de cette émission. D’abord, elle dira que cela fait 26 ans que le Mali organise les élections. Et les préparatifs, dit-elle, prenait un an mais cette année, il n’y a eu que six mois pour organiser l’élection. « Beaucoup de choses ont été faites en même temps…on y est allé à pas forcés», a-t-elle dit. Selon elle, il y a eu débauche avec des moyens financiers durant cette élection présidentielle. Aux dires de Mme Sy Kadiatou Sow, l’ampleur de la fraude de cette élection présidentielle a dépassé tout entendement. « Honnêtement, personnellement, je ne pense pas que les résultats proclamés par la cour constitutionnelle reflètent la réalité des urnes », a-t-elle déclaré. A l’en croire, l’Ortm (la télévision nationale) s’est mis totalement au service du gouvernement. « Il y a eu la campagne avant la campagne », a-t-elle révélé. Mme Sy a fait savoir que le chef de l’administration, organisateur du scrutin ne doit pas s’afficher publiquement au côté d’un camp. Par ailleurs, elle dira que la Cour Constitutionnelle du Mali n’est pas habilitée à donner un avis. En outre, elle a affirmé que le citoyen a le droit de dire qu’il n’est pas d’accord avec la décision de la cour constitutionnelle. Mme Sy a signalé que la Cour Constitutionnelle ne devrait pas se mêler à l’histoire de procurations. Au regard de tout ceci, la présidente de Adema Association a fait savoir que le système électoral malien doit être revu, tout comme la manière de composition de la Cour Constitutionnelle du Mali. « En tant que démocrate, je ne suis pas fier de la façon dont le processus électoral a été géré », a-t-elle dit. « Si on veut avoir une société civile forte, il faut que les jeunes acceptent d’aller au charbon ». Selon Mme Sy Kadiatou Sow, l’apaisement doit venir des tenants du pouvoir. Et d’ajouter que les propos tenus par le président IBK ne sont pas de nature à apaiser. « L’unité nationale est fortement ébranlée. Nous sommes en train de perdre la souveraineté sur une partie du territoire », a-t-elle signalé. Par ailleurs, elle a déploré la prise de position de certains leaders religieux, de certains chefs traditionnels et coutumiers qui doivent faire la médiation en cas de problème.
Nouhoum Sarr de l’opposition abondera dans le même sens. Il a dénoncé les irrégularités qui ont entaché le scrutin à travers des bourrages d’urnes. Il a fait savoir que les observateurs de l’Union Européenne ont observé 2% des 23 000 bureaux de vote. « Dans une démarche pacifique, l’opposition Républicaine va se faire entendre. Le 3 septembre prochain, IBK cessera d’être le président de la République du Mali. Les décrets qu’il va signer n’engagera pas le Mali », a-t-il souligné. En plein débat, il a dénoncé l’enlèvement de Paul Ismaël Boro par des hommes lourdement armés. Selon lui, c’est une preuve que le régime se militarise. En outre, il dira que le peuple résistera pour rétablir la réalité des urnes. « La fraude est tangible, palpable, il faut rétablir la vérité des urnes », a-t-il dit. A cet effet, il a invité IBK d’aller féliciter Soumaïla Cissé pour sa victoire.
Pour sa part, Cheickna Camara de la Majorité présidentielle a fait savoir que de 1992 à 2018, toutes les élections ont fait l’objet de contestation à des ampleurs différentes. Il a évoqué l’incapacité de l’opposition à se regrouper autour de Soumaïla Cissé. Pour lui, le Mali a besoin de dialogue. Mais pour cela, poursuit-il, il faut que toutes les parties acceptent d’aller au dialogue. Quant à Clément Dembélé, Universitaire, il dira qu’il y a trois possibilités de crise postélectorale (juridique, politique et sociale). A cet effet, il a indiqué que la société civile doit agir et être impartiale. Pour lui, l’impartialité de l’administration n’a pas été au rendez-vous. A ses dires, l’administration a faillit. Il a invité IBK d’être un homme d’Etat, d’aller vers les autres car aucun homme, aucun parti politique ne peut à lui seul gérer un Etat. Selon lui, IBK ne doit pas être un président de règlement de compte.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain