Mme Sangaré Fadima Al Zahra Touré fait partie aujourd’hui des femmes entrepreneures qui font la fierté du Mali. Celle qui a été sacrée Reine de la beauté malienne en 1994 (Miss Ortm) est réputée être une femme d’affaires exemplaire, puisqu’elle est à la tête d’un grand groupe dénommé “Dana Groupe” intervenant dans plusieurs domaines d’activités. Cela, afin de participer au développement socio-économique de son pays. Et son dernier projet dénommé “Bamako, ville lumière” vient d’enregistrer un franc succès et elle a d’autres projets.
Aujourd’hui : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Sangaré Fadima Al Zahra Touré : Je me nomme Fadima Sangaré Al Zahra Touré, chef d’entreprise. Je suis la Présidente directrice générale du Groupe Dana. J’ai été également Miss Ortm 1994 quand j’étais lycéenne de Badalabougou, puis Cheick Anta Diop. Après le Lycée, je suis partie à l’Ecole nationale d’administration (ENA) où je n’ai fait qu’une année seulement. En réalité, j’ai décidé de changer d’école parce que je ne voulais pas faire des études de droit. Je voulais être active, et dans les affaires. En d’autres termes, être une femme entreprenante. C’est pourquoi, j’ai quitté l’Ena pour l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) où j’ai fait mon cycle d’études supérieures en marketing et management.
Après avoir décroché ce diplôme, j’ai trouvé un boulot à la Bnda. Mais, au bout de 3 mois, j’ai su que ce n’était pas un métier pour moi. Je ne peux pas être banquière parce que je n’apprécie pas les contraintes. J’aime être assez libre de mes mouvements, mon emploi du temps, mes pensées. En un mot, ma liberté d’entreprendre. Je pense que c’est peut-être dû à mon caractère puisque je suis une personne assez libre. Voilà pourquoi j’ai décidé de quitter le métier de banque.
Aujourd’hui, je suis mariée avec l’Inspecteur général de Police Yaya Sangaré. Nous avons cinq enfants qui sont tous devenus grands puisqu’ils sont tous à l’Université.
Aujourd’hui, vous dirigez un grand groupe dénommé “Dana Group”, quel est le chemin parcouru ?
En fait, Dana est le nom de ma mère. J’ai d’abord créé en 2006 Dana Import-Export où nous avons beaucoup travaillé, surtout dans les projets du Lac faguibine dans les localités de Goundam et Tombouctou. En tant que femme entreprenante, je saisis toutes les opportunités qui s’offrent à moi. C’est ainsi que j’ai créé par la suite Dana Btp. Cette entreprise a très bien marché aussi. Nos clients, du public ou du privé, nous ont toujours fait confiance pour réaliser beaucoup de projets.
Après, j’ai lancé aussi une Agence immobilière pour m’occuper de gestion immobilière. Auparavant, il faut dire que mon premier projet est un complexe composé d’un jardin d’enfants et d’une école. Le Jardin d’enfants situé à Bacodjicoroni s’appelle “Les Petits dinosaures” et l’école porte le nom de “La Fontaine”. Ce complexe existe depuis une quinzaine d’années.
Nous avons aussi une société événementielle dénommée “Eventions Mali” que nous avons créé en 2017. Nous avons un partenariat avec Eventions Tunis. Nous sommes aussi dans l’agro-alimentaire. Il s’agit d’une société spécialisée dans la transformation agro-alimentaire, ainsi que la distribution des produits alimentaires. Nous avons également une société de services.
C’est pour vous dire que toutes ces entreprises sont regroupées dans Dana Groupe. Comme je le disais tantôt, nous essayons de saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous.
Vous venez de lancer un nouveau concept dénommé “Bamako, ville lumière”. C’est quoi exactement ?
” Bamako ville lumière ” est un projet que nous avons initié en partenariat avec la mairie du District de Bamako. Nous nous sommes appuyés sur nos sponsors afin de réaliser ce projet. En réalité, c’était vraiment difficile parce qu’il n’y avait pas de financements prévus, ni par la mairie du District ni par l’Etat. Alors personnellement, je voulais réaliser ce projet qui était comme un rêve. Il s’agit de mettre de la lumière et de l’ambiance dans notre capitale pendant les fêtes de fin d’année. C’est une manière pour nous de montrer aux Maliens qu’il y a la fête malgré que le pays traverse une situation très difficile et on ne peut pas être triste et pleurer tous les jours. Il s’agit donc d’apporter de la joie aux Maliens.
Pour ce coup d’essai, quelles sont les entreprises qui vous ont fait confiance ?
Pour un coup d’essai, ce fut vraiment un coup de maître. Nous avons eu l’accompagnement d’une quinzaine d’entreprises, notamment la Bnda, la Canam, la Bsic, la Bdm-sa, les Assurances Sabuyuma, Total-Mali, Kama Groupe, l’Office Malien de l’Habitat, l’Agetic….
Etes-vous satisfaite de ce projet ?
Absolument ! Nous-mêmes ne nous attendions pas à cette ampleur. Nous voulions faire quelque chose de bien. Aujourd’hui, nous pensons que nous avons gagné notre pari.
Et quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Nous avons été confrontées à beaucoup de difficultés comme au début de tout projet. C’est toujours difficile de réaliser un nouveau projet au Mali parce que les gens n’en voyaient pas l’importance. Il faut essayer de les convaincre. Je pense que nos partenaires se sont rendu compte que Bamako ville lumière est un bon projet.
Vous comptez y revenir chaque année ?
Bien sûr ! Nous comptons organiser Bamako, ville lumière chaque année. C’est notre ambition. Mais pas pour uniquement des fêtes de fin d’année. Nous allons le faire pour d’autres fêtes, notamment la fête de l’indépendance, le 22 septembre. Nous allons illuminer certaines artères de la capitale malienne afin de marquer l’événement.
Qu’est-ce qu’il faut pour être sponsor de Bamako ville lumière ?
Alors, comme le dit, l’argent est le nerf de la guerre. Donc, il faut d’abord les sous. Pour Bamako ville lumière 2018, nous allons le mettre en projet à partir de février prochain. Nous comptons proposer ce projet en 3D à notre partenaire stratégique, qui est la mairie du District afin de bénéficier de leur accord. Dès que nous aurons cet accord sur les points, les avenues et les monuments à décorer, nous allons après commencer à démarcher les sponsors.
Il faut rappeler que, cette année, nous avons fait la décoration en 40 jours. Nous avons commencé le 20 décembre dernier et nous allons débrancher début février prochain.
Vous êtes aussi partenaire de la Febak 2018 ?
Oui ! nous sommes partenaires de la Febak. On peut le dire comme ça parce que nous travaillons avec la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim), organisatrice de cette foire. Nous avons illuminé le siège et le site de la Febak. Nous l’avons fait avec beaucoup de bonheur.
Avez-vous d’autres projets en vue ?
Bien sûr ! Nous avons toujours des projets à réaliser pour le plus grand bonheur des Maliens. Il s’agit pour Dana Groupe de jouer sa partition dans le développement socio-économique de notre pays. C’est pour vous dire que nous avons un grand projet en vue, qui concerne tous les Bamakois. Au moment opportun, vous allez le faire savoir.
Quels sont vos souhaits pour le Mali ?
Comme tout bon Malien, c’est d’abord de souhaiter la paix pour le Pays puisqu’il n’y a pas de développement sans la paix. Nous venons de signer un contrat à Tombouctou, mais nos agents ont passé beaucoup de temps avant d’arriver sur place. C’était vraiment le stress total quand je n’avais pas leurs nouvelles. En un moment donné, je n’arrivais pas à dormir. En tant que chef d’entreprise, nous ne pouvons que souhaiter la paix pour notre pays parce que nous sommes amenés à travailler partout. Nous continuons à faire plus de bénédictions pour qu’il y ait la paix.
Mon ambition, c’est de pouvoir développer nos différentes entreprises à aller de l’avant. Cela passe obligatoirement à créer de l’emploi.
Etes-vous heureuse en tant qu’entrepreneure ?
Vraiment, je suis comblée en tant qu’entrepreneure parce que nous sommes pratiquement dans tous les domaines. Cela me permet d’être plus imaginative, plus créatrice. C’est ça qui me fait fonctionner dans la vie.
Et on vous qualifie de femme battante ?
Ah bon ? En tout cas, je suis une femme ambitieuse. Je fais tout pour que mes idées et mes projets réussissent. Pour cela, je suis prête à tout. Quand je crois en quelque chose, je n’hésite pas à mettre les moyens pour réaliser mon ambition.
Avez-vous un appel à lancer aux autres femmes ?
Bien sûr ! Je demande aux femmes de travailler pour être plus indépendantes financièrement parce que dans la famille, c’est vraiment à deux. C’est vrai que nous sommes habituées à ce l’homme fasse tout à la maison. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Un ménage, c’est à deux.
Je lance un appel aux femmes à se battre, à s’engager d’abord pour leur propre épanouissement, pour aider les époux, les enfants, la maison….
Réalisé par A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali