L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, un seul document, mais avec deux lectures différentes. S’il est considéré, par certains, comme un document qui favoriserait la partition du Mali, d’autres le voient comme un moyen indispensable pour le retour de la paix et du vivre ensemble. Sa mise en œuvre diligente et intégrale divise les Maliens. Déjà la guerre entre les pro et les anti a commencé.
L’Accord d’Alger qualifié d’un document de « partition » du Mali
Mis en place par des associations et mouvements de jeunes leaders, le Front du refus de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, DUGU TJI SEBIN-MALI TÉ TILA s’oppose, depuis quelques jours, vigoureusement à la mise en œuvre intégrale de l’Accord d’Alger. Il dénonce d’ailleurs la volonté des autorités transitoires à aller dans ce sens. Le front anime même une conférence de presse ce samedi pour informer l’opinion nationale et internationale de son rejet de la mise en œuvre de cet accord. «Après la lecture du manifeste du Front, les Maliens et tous ceux qui sont contre la partition du Mali, sont invités à signer le manifeste et à donner leur point de vue sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger par les autorités actuelles » , a annoncé le président du comité de pilotage du front, Ibrahima Kébé. Ce n’est pas tout, ce nouveau mouvement prévoit, selon son communiqué du 1er février, lancer, à travers son point de presse, « un dernier appel à la transition, de lui demander de revenir à la raison en renonçant à l’application de cet accord illégal et illégitime ».
Pour ce nouveau front, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger conduirait à la partition du Mali.
La réplique des mouvements signataires
Engagés pour la mise en œuvre diligente et intégrale de l’Accord d’Alger, les mouvements signataires, la CMA et la plateforme, ont exprimé leur colère contre les manifestations à l’encontre de la mise en œuvre de l’Accord. «Les mouvements signataires constatent et condamnent une campagne tous azimuts (conférence de presse, meetings, presses audiovisuelles) orchestrée par une association de pseudos patriotes qui s’acharne à disqualifier l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger malgré toute l’importance qu’il revêt aux yeux de l’opinion nationale et internationale », ont indiqué les deux mouvements dans un communiqué conjoint en date du 2 février. Ils ne se sont pas limités à s’opposer au combat de ceux qui sont contre la mise en œuvre de l’Accord, ils les accusent même d’être à la base du faux document sur le prétendu « bornage » et attribué à la CMA. «Ces fossoyeurs de la paix semblent décidément ne lésiner sur aucune pratique même sur les plus abjectes pour semer la discorde. C’est dans ce cadre qu’un vulgaire montage d’un décret imaginaire prêté au Comité directeur de la CMA produit dans le souci de semer le doute dans l’esprit de l’opinion publique nationale et internationale a été diffusé sur les réseaux sociaux », lit-on dans le communiqué conjoint signé par Mohamed MAOULOUD RAMADAN et Moulaye Abdallah Haidara. Les deux mouvements se sont d’ailleurs portés «en faux contre l’esprit et le contenu de ce document fallacieux et contre toutes tentatives de délitement des engagements pris devant la Communauté internationale ».
Contrairement au front dirigé par Ibrahima Kebé qui considère la mise en œuvre intégrale de l’Accord comme un boulevard à la partition du Mali, les groupes signataires la trouve une nécessaire voie à la paix et à la réconciliation nationale. « Enfin la CMA et la Plateforme d’Alger du 14 juin 2014 assurent l’opinion nationale de leur attachement indéfectible à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger ainsi qu’à sa mise en œuvre diligente et intégrale », ont indiqué les deux mouvements dans leur communiqué.
Il faut rappeler que le Dialogue national inclusif dont les colonels se sont engagés à mettre en œuvre les recommandations prévoit la relecture de certaines dispositions de l’Accord d’Alger.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali