Trois ans après la signature de l’accord d’Alger le 15 mai 2015, le document peine à s’appliquer. Les attaques se multiplient et l’insécurité devient grandissante au Nord comme au Centre du pays. La lenteur dans sa mise en œuvre suscite beaucoup de réactions. Toutefois, les acteurs se réjouissent de « certaines avancées », notamment celles constatées ces derniers temps avec l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination, MOC, à Kidal.
Cet accord est né au bout de plusieurs mois de négociations entre Bamako et les groupes armés de la CMA et de la Plate-forme. Les acteurs sont unanimes sur le bilan : des retards importants ont été accusés dans sa mise en œuvre. Mais la feuille de route signée à l’issue de la 24éme réunion du Comité de suivi tenue le mois dernier, constitue « une avancée importante ». Parmi les actions prioritaires inscrites dans ce chronogramme figurent la mise en place et le fonctionnement du MOC de Tombouctou et Kidal.
Pour Mohamed Ould Mouhamoud, porte-parole de la CMA , « Ces dernières avancées relèvent de la volonté du dernier gouvernement qui a essayé de mettre les bouché-doubles, de prendre en charge un certain nombre de questions urgentes ». « Une feuille de route qui décline un certain nombre de choses par rapport au MOC de Kidal. Ce qui devrait démarrer depuis 3 ans a démarré finalement aujourd’hui », constate le responsable de la CMA. Avant d’ajouter : « Nous sommes en train de faire démarrer celui de Tombouctou. Petit à petit, on va faire une montée progressive de ce MOC pour qu’ils prennent forme et pour qu’ils puissent sécuriser l’ensemble des instructions au niveau des régions et surtout aux autorités intérimaires et concomitamment à vraiment construire une nouvelle architecture d’une armée qui a tout son sens.»
Point de vue partagé par la Plate-forme, qui fait mention des étapes franchies dans le processus de paix.
Selon Fahad Ag Mouhamoud, Secrétaire général du Gatia, membre de la Plate-forme,« aujourd’hui, le train est en marche mais avec beaucoup de retard, avec trois 3 ans de retard ». « Ce qui est positif là-dans officiellement les commissions de mise en œuvre de l’accord ont été tous mises en place et le recensement des combattants au jour d’aujourd’hui est effectif même si je ne peux pas avancer les chiffres », a déclaré Fahad Ag Almadoud, pour qui, du point de vue légal, il n’y a pas de rébellion armée à caractère politico- identitaire contre l’État malien aujourd’hui.
Pourtant selon certains observateurs, le bilan est plutôt loin d’être positif au regard du chronogramme. Toutefois, précisent-ils, il faut relativiser.
«Au bout de trois ans, si on s’en tient au chronogramme de départ, le bilan est assez décevant », note Souleymane Drabo, ancien éditorialiste au quotidien « ESSOR », avant d’ajouter : « Mais je pense que ce bilan est à relativiser par rapport à la difficulté posée sur le terrain ». L’éditorialiste constate que divers problèmes au sein des différents groupes ont fait qu’il y a eu un problème de représentativité au sein du comité de suivi de l’accord. Ce qui, selon lui, a fait traîner pendant longtemps les réunions de ce comité. « Mais si on s’en tient à la complexité du problème qui a été posé, le bilan est acceptable », tranche Souleymane Drabo.
L’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger devrait permettre la sortie de crise. Mais au Nord comme au Centre du pays, les attaques se multiplient contre les civiles et les forces armées maliennes et internationales.
Studio tamani