Ce ne sont pas les proches collaborateurs du M. Diarra qui en diront le contraire sur son caractère.
La plupart ne sont presque jamais consultés pour des dossiers et ont même le sentiment d’être des compléments d’effectifs. Et lorsqu’il leur arrive de prendre langue avec le Ministre, c’est pour recevoir des claques morales, souvent pour des peccadilles comme l’observance des normes administratives les plus élémentaires. Il suffit d’un rien pour déclencher sa colère et il rate rare- ment l’occasion de remonter les bretelles à ses collaborateurs. M. Diarra admet difficilement, par exemple, que le traitement salarial de ses char- gés de mission accuse un re- tard somme toute habituel. La procédure est en effet assujettie à une lourdeur propre au département de la fonction publique, mais le Ministre n’en a cure.
«Je me fiche de procédure et je veux qu’une solution soit trouvée à ce problème», a-t-il vociféré, la semaine dernière, pour manifester son impa- d’antan et aussi généreux qu’il accueille gratuitement les hôtes, à défaut d’occasionner la chute du cours l’or.
Seulement voilà : au Mali il y a souvent la mer à boire entre ce qui se dit et ce qui est vrai. Le pays d’accueil peut bien prendre soin d’amoindrir nos charges budgétaires en s’occupant d’une délégation et que les mêmes dépenses se retrouvent malicieusement dans les états financiers. Il n’est donc pas exclu que la facture du chef de l’Etat et de sa suite soit néanmoins supportée par le pauvre contribuable, par la complicité entre financiers et hauts responsables administratifs.
A moins que ce genre de micmac soit également suivi de près dans la grande croisade engagée contre la délinquance financière – et dont le Ministre de la justice a sonné le glas depuis quelques semaines.
En tout cas, le président de la République a promis que nul ne sera en marge puisque nul n’est au dessus de la loi. Nous osons espérer que la rigueur va s’appliquer également aux collaborateurs de la colline mythique.
Boy Kéïta
SOURCE: Le Témoin