Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Mineurs migrants non accompagnés : POUR DES ACTIONS CONCRETES DE PROTECTION

migrant immigrant enfant decouvert cache valise frontiere espagnole Ceuta

Les décideurs nationaux et les responsables des structures techniques de l’État doivent installer des dispositifs et mécanismes de protection et d’accompagnement des mineurs migrants non accompagnés

Notre pays a, depuis l’indépendance, inscrit dans ses priorités la protection de l’enfant. En ratifiant la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CDE), il s’est engagé aux côtés de la communauté internationale à la promotion des droits des enfants. Ainsi, plusieurs instruments politiques et textes nationaux ont été élaborés et adoptés pour le respect des droits et la protection des enfants.
Et pourtant la promotion des droits de l’enfant peine à se concrétiser dans notre pays, faute, souvent, de synergie d’actions et du fait de spécificités non prises en compte ou confondues. C’est le cas de la mobilité des enfants. Ce phénomène a été longtemps confondu avec la traite des enfants. La mobilité des enfants est un phénomène qui existe depuis des siècles dans notre pays. Elle concerne très souvent les enfants travailleurs domestiques, les vendeurs ambulants, les enfants talibés, les enfants mendiants, les enfants de la rue etc.
Cette mobilité peut engendrer des conséquences totalement opposées. En effet, elle rime aussi bien avec risques et vulnérabilité qu’avec opportunités et développement personnel. La mobilité des enfants les rend extrêmement vulnérables aux abus, à l’exploitation, à la coercition, à la duperie et à la violence. Ainsi les différents textes et politiques adoptés depuis les années 2000 se sont tous focalisés sur la lutte contre la traite des enfants, assimilant ainsi dans leur application des milliers d’enfants migrants non victimes et ayant des besoins spécifiques de protection à des victimes de traite. Les insuffisances des politiques antérieures sont dues au fait qu’elles ont tenté de combattre la mobilité en assimilant systématiquement tous les enfants en mobilité à des victimes de traite.
Aujourd’hui, les réalités montrent plusieurs facettes de cette mobilité et tendent plutôt vers une compréhension du phénomène et par conséquent un besoin d’accompagnement à travers des actions concrètes, mécanismes et dispositifs qui assurent de façon appropriée une meilleure protection aux enfants en mobilité. Afin d’atteindre ces objectifs et améliorer la situation des mineurs migrants non accompagnés dans notre pays et dans toute l’Afrique de l’ouest, il est nécessaire de disposer d’un système de protection de l’enfance solide et efficace dont un élément important résidera dans l’existence d’un cadre juridique, politique et législatif adéquat et prenant en compte les besoins des enfants dans tous les départements et secteurs.

UNE PREOCCUPATION. Aussi malgré l’existence d’une politique nationale pour la promotion et la protection de l’enfance dans notre pays et son plan d’action quinquennal adoptés en 2014, malgré le Code du travail du Mali avec ses éléments spécifiques sur le travail des enfants, malgré divers programmes et projets de protection des enfants, la protection des enfants en général et celle des enfants migrants non accompagnés, demeure une préoccupation. C’est pourquoi la fondation Terre des hommes Lausanne (TDH), en partenariat avec la Coalition malienne de défense des droits des enfants (COMADE), a organisé une conférence nationale de plaidoyer en direction des autorités nationales.
Cette conférence s’est déroulée jeudi à l’hôtel Onomo sous la présidence du chef du cabinet du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Ba Oumou Sangaré. C’était en présence du chef de délégation de TDH dans notre pays, Yannick Deville, et de nombre d’invités. Ce rendez-vous s’est attaché à améliorer les dispositifs et mécanismes institutionnels pour parvenir à une meilleure protection des mineurs migrants non accompagnés dans notre pays. Il a aussi entrepris d’informer les décideurs nationaux et les partenaires techniques et financiers sur l’approche mobilité et la situation des enfants migrants non accompagnés dans notre pays et en Afrique de l’Ouest.
La conférence a, surtout, incité les décideurs nationaux et les responsables des structures techniques de l’État à s’engager pour la protection de l’enfance et à installer des dispositifs et mécanismes d’accompagnement des mineurs migrants non accompagnés. Il leur est aussi demandé de mener des actions concrètes pour la révision des accords bilatéraux, la ratification de la convention 189 de l’OIT et l’amélioration des conditions de vie et de travail des enfants mineurs non accompagnés et l’adaptation des textes aux besoins de protection des enfants concernés par la mobilité.
Au cours de la rencontre des présentations ont été faites sur l’approche mobilité, la situation des enfants migrants, les ressources disponibles pour l’intégration de la protection dans les stratégies des départements et secteurs, les facteurs et opportunités pour la révision des accords bilatéraux.
Pour le chef de délégation de la fondation Terre des hommes Lausanne dans notre pays, c’est le regard que nous posons sur ces enfants et jeunes en mobilité que nous devons changer. Toutes ces personnes, dit-il, ont quelque chose à nous apporter, « ils ont une richesse que nous devons protéger. Ils sont un avenir que nous devons favoriser ».

PAS DE SOLUTIONS TOUTES FAITES. TDH, expliquera-t-il, œuvre dans cet esprit à travers le monde. Il n’y a pas de solutions toutes faites, a averti Yannick Deville en expliquant que Terre des hommes s’appuyait sur les autorités locales et les communautés afin d’identifier ensemble les solutions appropriées à un problème spécifique.
C’est exactement la méthode de cette conférence : prendre ensemble, enfants, gouvernement, société civile, partenaires techniques et financiers, des engagements formels et les tenir en s’appropriant cette réflexion de Amadou Hampaté Bâ : « Il y a « ma » vérité et « ta » vérité, qui ne se rencontreront jamais. « La » Vérité se trouve au milieu. Pour s’en approcher, chacun doit se dégager un peu de « sa » vérité pour faire un pas vers l’autre… ».
C’est seulement avec cette sensibilité que nous pourrons avancer ensemble, estime le patron du TDH qui préconise que tous les cadres politiques et législatifs intègrent les nouvelles réalités de notre monde pour mieux répondre aux besoins de protection des enfants. A ce propos, analyse-t-il, si la mobilité des enfants n’est pas nouvelle en Afrique de l’ouest, la perception que nous en avons et les risques auxquels les enfants font face ont quant à eux évolué. C’est justement cette évolution que nous devons intégrer, a recommandé Yannick Deville.
A l’issue de la rencontre, les enfants parlementaires ont remis un document de plaidoyer aux autorités présentes. Celles-ci sont ainsi invitées à agir pour faire face aux conséquences du non respect des droits des mineurs migrants au plan national. Si rien n’est fait par rapport à la situation actuelle, indique le document, notre pays ne pourra pas faire face à certaines conséquences comme, entre autres, la délinquance juvénile, l’association des enfants aux groupes armés, le viol, les grossesse non désirées et précoces, les infections sexuellement transmissibles et le VIH. S’y ajoutent la traite, la prostitution et l’exploitation sexuelle des enfants, les avortements clandestins et l’infanticide, la discrimination et la marginalisation des enfants et des jeunes et leur déscolarisation.
Le chef du cabinet du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a aussi plaidé pour la mise en place de dispositifs multisectoriels d’accompagnement protecteur des mineurs non accompagnés dans notre pays. Les efforts en faveur de la promotion et la protection des enfants doivent, de son point de vue, être réunis et harmonisés. « Que chacun s’engage à appliquer strictement les textes », a souhaité Mme Ba Oumou Sangaré.
M. A. TRAORE

 

source : Essor

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance