Une ONG de juristes a porté plainte mercredi 18 décembre contre l’Italie au nom d’un Sud-Soudanais qui avait été débarqué de force dans le port libyen de Misrata en novembre 2018. L’embarcation sur laquelle se trouvait le jeune homme avait été secourue par un cargo commercial, le Nivin.
C’est la première fois qu’une plainte de cet ordre est déposée devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU, a souligné dans un communiqué le Réseau mondial d’action juridique (GLAN), à l’origine de l’action. L’ONG dénonce des pratiques de « refoulement privatisé » par les cargos sur ordre de l’Italie.
Lorsque les migrants secourus par le cargo Nivin voient arriver les gardes-côtes libyens en novembre 2018, la plupart se réfugient dans une cale pendant 10 jours jusqu’à l’intervention musclée de la police. « Le plaignant principal a été torturé lors de son désembarquement, on lui a tiré dessus avec une balle en caoutchouc qui lui est resté dans la jambe pendant plus de six mois. C’est en son nom à lui que le GLAN porte plainte aujourd’hui devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies », explique Charles Heller, qui a établi le rapport sur lequel s’appuie la plainte déposée contre l’Italie.
Il explique que Rome a agi avec la Libye en violation de l’interdiction de refoulement vers des zones de guerre. Et que de plus en plus de cargos seraient impliqués dans ces refoulements. « L’argument du GLAN, c’est que l’Italie exerce le contrôle effectif tant sur les activités des gardes-côtes libyens que sur les navires marchands. Et qu’ainsi elle est responsable de la pratique de refoulement qu’elle coordonne », précise-t-il. Fin octobre, l’Italie a renouvelé un accord signé avec la Libye pour bloquer les départs de migrants, avec le soutien de l’Union européenne.
Rfi