Le 1er Vice-président du Rassemblement pour le Développement et la Solidarité, Messaoud Ould Mohamed Lahbib, nous a accordé une interview, samedi dernier, dans la salle de conférence du Conseil de cercle de Kati. C’était après la clôture de la Rentrée politique de la section RDS de Kati. Contrairement à beaucoup de cadres du RPM, qui ont exprimé leur réticence sur le sujet, il s’est prononcé sur le bilan du président Ibrahim Boubacar Kéita.
Que pensez-vous de la situation sécuritaire, depuis l’arrivée du président IBK au pouvoir ?
Ce que je peux retenir, à l’arrivée du président IBK au pouvoir, l’Etat existait à Kidal. Après la sortie du Premier ministre de l’époque, Kidal nous a échappé. Mais, il y avait toujours l’insécurité, il faut l’avouer. Aujourd’hui, personne ne peut nier que l’insécurité existe, au Nord, au Centre et même au Sud, mais, ce n’est pas l’exclusivité du Mali. Quand tu considères des pays comme l’Afghanistan, le Pakistan, ce sont des pays où l’insécurité est infiniment plus élevée qu’au Mali. Cela ne les a pas empêchés d’organiser des élections.
Que pensez-vous des acquisitions de l’armée, notamment des nouveaux avions ?
Concernant l’acquisition des avions, j’ai eu à les voir à la télévision nationale. J’ai retenu une chose qui a été dite par le président. Un pays vaste comme le Mali a besoin de couverture aérienne, dans la mesure où notre armée ne couvre pas toutes les frontières. Voyez un pays comme l’Algérie, son armée ceinture complètement le pays. Ce qui n’est pas notre cas. Donc, il faudrait, au moins, compenser cette insuffisance pour que l’armée de l’air soit renforcée. Il y a eu, certes, des avancées, en ce qui concerne l’armée de l’air et le responsable de l’armée qui faisait la présentation, a fait la situation, en indiquant le nombre de vols et de missions qu’ils ont eu à faire. Je pense que ça peut être un élément dissuasif, parce que dans la guerre, la dissuasion est extrêmement importante. Si vous voyez que le monde a une paix relative, c’est grâce à la dissuasion, sinon le monde serait déjà détruit.
Et pour ce qui concerne les infrastructures ?
Concernant les infrastructures, on peut noter la mise en place de plusieurs points d’eau et l’installation électrique dans plusieurs localités. Ce que je retiens de plus important, c’est l’échangeur de Ségou. Ségou est un carrefour extrêmement important entre le Nord et le Sud. Donc, ce carrefour, non seulement, enjolive la ville, mais, lui donne aussi, un caractère de modernité. Je pense qu’en plus de ce qui a été présenté, l’autre soir, lors de l’intervention d’IBK à la télévision, on nous a présenté un certain nombre d’infrastructures, il y en a qui sont connus du grand public et d’autres qui ne sont pas connus du grand public.
Que pensez-vous du secteur de L’agriculture ?
L’agriculture a eu des subventions importantes de 15 %, ce qui est au-delà de ce qui a été prévu par l’Union africaine, parce que l’Union africaine a prévu 14%. Je ne vais pas rappeler que nous sommes redevenus premier producteur de coton avec 700.000 tonnes, alors qu’avant, c’était le Burkina Faso. Ce n’est qu’un aspect, il y a d’autres aspects. Je pense que la production de tracteurs, massive, pour le contexte de l’économie malienne, est une avancée, la subvention des engrais aussi. Sans me mettre à la place des agriculteurs, je peux dire que si on maintenait cette subvention à 15%, l’agriculture du Mali pourrait, peut-être, permettre l’autosuffisance alimentaire
Vous, qui avez été ministre de l’Enseignement supérieur, quel est votre point de vue sur l’Education ?
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, je pense que, comme partout ailleurs, il y a des améliorations à faire, comme on dit : peut mieux faire.
Que pensez-vous du secteur de la Santé ?
Je pense que l’accent doit être mis sur le plateau technique. Pour que ça réduise le nombre de gens qui vont à l’étranger pour se soigner. Il y a eu toutefois des acquis qu’il faut saluer, mais, toujours, comme on dit : peut mieux faire. Parce que si le plateau technique était suffisamment efficace, suffisamment performant, il n’y aurait pas eu autant de gens qui vont à l’étranger pour se soigner.
Au niveau de votre alliance, il y a eu des défections. N’est-ce pas un handicap ?
Je ne pense pas, parce que le jour où l’alliance se mettait en place, j’étais là. Je crois qu’il y avait 68 partis, j’ai appris, ensuite, qu’il y a eu des défaillances, mais aujourd’hui, on en est à plus de 73 partis, donc, le nombre a augmenté. Je pense que chacun a ses raisons de rester ou de partir, mais le constat que l’on puisse faire est que le nombre de partis de l’EPM a augmenté et ça a passé de 68 à 73.
Selon nos sources, le nombre des alliés du regroupement de l’opposition augmente, cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Si je dis que ça ne m’inquiète pas, j’aurais menti. Je pense que tout ceci est normal. Chacun fait ses analyses, ses projections et il en tire les conclusions, c’est la démocratie.
Vous avez dit que votre parti a été le premier à demander à IBK d’être candidat, vous ne le regrettez pas aujourd’hui ?
Au contraire, on s’en félicite et on le fait savoir à tout bout de champ.
Propos recueillis
par Baba Dembélé
Source: Canard Déchainé