Malgré son interdiction, car une infraction « tolérée », la mendicité s’intensifie de plus en plus au Mali, particulière à Bamako. Dans la capitale malienne, pendant les week-ends, sur les grandes artères au niveau des feux tricolores tard dans la nuit, on rencontre des femmes d’un âge avancé qui s’adonnent à cette pratique à des heures tardive.
Une situation qui dénote de la précarité de bon nombre de ces femmes qui ont honte que quémander l’aumône le jour. Plus grave, cette pratique ne donne pas une bonne image à la femme malienne car rencontrer une femme à une heure avancée de la nuit en certains endroits de la ville peut donner à toute sorte d’interprétation (adultère, prostitution, etc.)
C’est vrai, la nuit est réputée comme le moment propice des business (bons ou mauvais) d’où l’adage ivoirien, « tous les chats sont gris la nuit ». Mais ce qui n’est pas une excuse pour ces vieilles dames qui s’exposent, si tard dans la nuit, à tous les risques et dangers (accidents de la circulation, crimes rituels, viols, etc.).
Dans le centre-ville, juste au niveau du rond-point du Grand hôtel, nous avons repéré un groupe de veilles dames qui mendiait à une heure tardive. Nous avons cherché à savoir en vain, pourquoi elles s’adonnent à cette pratique, tard dans la nuit, avec cette situation d’insécurité et de maladie à Coronavirus.
Malgré notre insistance, elles n’ont pas voulu nous parler. Cependant, la société donne de nombreuses raisons au phénomène.
Selon Ibrahim Dagnogo, traditionnaliste, la sensibilité et la pitié ont disparu dans le cœur des hommes
«Le monde d’aujourd’hui est en pleine déperdition de nos valeurs sociétales, auparavant, il était difficile de voir une personne âgée mendier, car âge était respecté et épargné de toute sorte de souffrance. Ce qui fait que même si cette dernière n’avait pas d’enfant, elle était soutenue et entretenue par la société», explique notre interlocuteur.
Mais la société actuelle est tout autre : « Ce ne sont pas toutes les femmes âgées qui s’adonnent à la mendicité. Chez nous, ici, celles qui pratiquent la mendicité sont atteintes par le dernier degré de la malchance «kounangoya».
La mendicité est perçue comme une forme de manifestation de cette malédiction. Voilà pourquoi, certains se refusent de donner quelques choses à ces femmes rejetées de la société.
Pour notre interlocuteur, une femme doit être bonne, bienfaisante envers ses enfants et ceux des autres. Mieux, même si elle n’a pas d’enfant, elle doit bien s’occuper des autres enfants, dont certains ou leurs parents s’occuperont d’elle au moment où elle n’a pourra plus rien faire.
Par contre, si elle méchante et maléfique, elle se verra rejetée par la société, surtout si elle n’a pas d’enfants ; ajoute-t-il
Par ailleurs, déplore notre interlocuteur, certaines veilles qui restent dans la rue sous-prétexte de mendier à des heures tardives ne sont pas toutes des mendiantes.
« La plupart de ces veilles qui restent dans la rue à mendier à des heures tardives ne sont pas toute des mendiantes, sinon la journée est le moment propice pour cela. Elles sont souvent des dealers, des femmes de mœurs légères. Bref, elles font autres choses que la mendicité», conclut-il.
ADAM DIALLO
Source: Bamakonews