Ils étaient plusieurs centaines de citoyens à se donner rendez-vous, le samedi 31 août dernier, dans l’après-midi, sur le Boulevard de l’Indépendance, au Centre-ville de Bamako. Des femmes, des jeunes et des personnes âgées étaient tous là et par une seule voix exigée la restitution des fonds publics détournés aux Forces armées maliennes (FAMA) dans le cadre de la fameuse affaire d’achat d’équipements militaires sous l’actuel Régime d’IBK.
Le Boulevard de l’Indépendance avait toute une autre image, dans l’après-midi du samedi 31 août dernier. À la tribune d’honneur remplie d’un monde issu de toutes les organisations de la société civile et syndicale, dont le Haut Conseil Islamique présidé par Chérif Ousmane Haïdara ; les Représentants des femmes des différents marchés de Bamako ; le Représentant des travailleurs du chemin de fer et des Groupements de jeunes, des pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire des cris du cœur et des dénonciations dont « Par la corruption, l’Afrique tue ses enfants ; le Mali dévore les siens» ; «Stop à la corruption» ; «Nous exigeons la restitution de nos impôts détournés » .
L’objectif de cette mobilisation était clair, selon M. Bakayoko, porte-parole des Représentants des Cheminots. Il s’agit de soutenir l’Armée nationale et dénoncer surtout la corruption. «Nous ne pourrons pas rester en marge d’une manifestation pour soutenir l’Armée nationale surtout quand il s’agit de lutter contre la corruption. Nous, les cheminots, savons ce qui veut dire la corruption. Les durs moments que nous, les travailleurs du rail, traversons ne sont pas tombés du ciel. Ils sont nés de la corruption et du détournement des deniers publics sévissant dans notre secteur. Cette lutte est commune ; tout le monde doit se mobiliser pour que nos Hommes en uniformes soient à l’aise au front. Nous exigeons la restitution des fonds détournés à l’Armée et qu’ils soient utilisés comme ça se dit. C’est ce que notre Mali et ses fils ont besoin aujourd’hui », a-t-il exigé avant de rajouter que : «Les cheminots peuvent témoigner. Au temps de Moussa Traoré, le chemin de fer était le secteur envié de tous. Les travailleurs étaient estimés à plus de 3000 employés. Chaque mois, on envoyait les véhicules pour transporter les revenus du secteur et les cheminots et bien d’autres corps professionnels étaient payés à partir de cela aussi. Mais c’est la politisation qui a entrainé la banqueroute du chemin de fer. On a réduit le nombre de travailleurs de 3000 à 1500 puis à 500 Agents vers les années 1988. C’est suite à cela que la privatisation est advenue entrainant tout ce que nous vivions aujourd’hui. Les Maliens ne doivent plus croiser les bras face à cette même situation qui se dirige vers notre Armée qui nous défend nuit et jour. Nous sommes avec la plateforme jusqu’au bout».
Prenant la parole avec une voix presque courroucée, Mme Sanogo, Représentante des femmes du marché de Djicoroni, dira ceci : «Nous remercions tous ceux qui ont effectué le déplacement pour cette cause commune. C’est nous les femmes qui sont les plus touchées dans cette histoire. Nos enfants sont enrôlés dans l’Armée puis jetés au front sans équipements adéquats. J’appelle toutes les femmes à considérer cette lutte comme la leur. On a vraiment trop souffert. Nos enfants ont les Diplômes, mais n’ont pas de travail. Les petits voleurs sont dans les prisons alors que ceux qui volent des milliards et des milliards roulent dans les grosses cylindrées au vu et au su de tous ». «Il faut que nos Gouvernants aient pitié des citoyens lambda », s’est-elle emportée.
«Les Gouvernants maliens n’aiment pas le Mali. Ils ne se soucient que de leurs familles, l’école de leurs enfants et le luxe de la vie ».
Habillé en costume noir comme pour prouver sa tristesse face à la situation que vit l’appareil militaire, l’Universitaire Clément Dembélé, non moins Président du Comité de pilotage de la plateforme de la lutte contre la corruption et le chômage ne mâchera pas non plus ses mots contre ce phénomène qui fait disparaitre plus de 250 milliards par an des caisses de l’État. «Par la corruption, nos enfants meurent sur la Méditerranée par faute de travail ici», s’est-il insurgé avant d’enchainer que la mauvaise gouvernance fait que 83% des jeunes maliens sont au chômage alors que quand on met fin au détournement des 250 milliards par an ça peut faire employer soixante-dix mille jeunes maliens par an ; soigner plus de dix-sept millions de Maliens par an ; 7000 villages peuvent aussi bénéficier des pistes agricoles. «Nous sommes là aujourd’hui pour dire aux enfants et aux femmes de nos braves militaires tombés sur-le-champ de l’honneur que nous sommes avec eux. Nous n’accepterons plus que nos Dirigeants envoient leurs fils étudier ailleurs pour revenir nous gouverner. 250 Milliards sont détournés chaque année au Mali. Et les grands voleurs ne sont ni arrêtés ni emprisonnés. Nous n’accepterons plus que notre armée soit transformée en vache laitière à la merci de quelques individus. Nos militaires sont gérés pauvrement sinon ils ne doivent pas être pauvres. Nous exigeons la restitution de nos milliards engloutis dans l’affaire des équipements militaires et que tous les auteurs soient arrêtés et punis par la loi en vigueur», a-t-il exigé ouvertement.
Seydou Konaté
LE COMBAT