A l’appel de Mahmoud Dicko, président du haut conseil islamique, des centaines de milliers de personnes ont pris d’assaut le stade du 26 mars, hier dimanche, pour prendre part au meeting de « vérité et de prière » pour le Mali. Ils sont venus de partout, de Bamako et de sa périphérie ainsi que de certaines localités de l’intérieur. Et de nombreux citoyens ont même passé la nuit du samedi à dimanche sur place pour ne pas rater l’évènement. Reportage.
Dès le début de la matinée, le stade du 26-mars, fut envahi par une foule compacte, au point que les organisateurs ont été finalement obligés de fermer les portes afin d’éviter tout débordement. Des chants religieux ont rythmé la cérémonie.
Sur des calicots ou des banderoles, on pouvait lire « Non à l’injustice », « Le Mali n’est pas à vendre », « rétablissement de la peine de mort» ou encore « la vérité triomphera ».
L’Ultimatum de M’Bouille et de Dicko
Au cours de ce grand rassemblement, des leaders religieux se sont exprimés sur l’état de la nation et la mauvaise gouvernance. De l’insécurité aux conflits intercommunautaire en passant par la dégradation des mœurs, l’enseignement de l’homosexualité dans les écoles et la paupérisation générale… tous les maux qui rongent le Mali sous l’actuel régime ont été décriés par les intervenants. Ceux-ci n’ont pas porté de gant pour fustiger les comportements de nos dirigeants. Le clou de cet évènement aura été l’ultimatum adressé au chef de l’Etat par le Cherif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheicknè et l’imam Dicko. En effet, ces deux leaders religieux ont exigé le limogeage du premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Cette exigence formulé par le chérif de Nioro, M’Boullé a été fortement appuyé par Dicko.
En effet, l’envoyé de M’Boullé, M Sanogo a transmis à l’assistance un message sans équivoque : le Cherif Haïdara réclame le départ immédiat du premier ministre ! Le Cherif de Nioro précise : «Je n’étais pas avec IBK pendant la campagne, je ne suis pas avec lui aujourd’hui et je ne serai pas avec lui demain». Cependant, ajoute le guide religieux, IBK n’a d’autre choix que de faire partir son Premier ministre. «IBK doit sauver son pouvoir et son pays. Mais, le chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga doit partir», rapporte le porte-parole du leader religieux. Et le porte-parole du Cherif de poursuivre : « Si le président entend ce qu’il dit, tant mieux et s’il n’entend pas aussi, le jour où les musulmans vont se lever, il n’aura plus de choix».
“C’est un meeting d’interpellation du gouvernement et un meeting de prière pour le pays ”, a déclaré le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), l’imam Mahmoud Dicko, Avant de préciser : “Le problème de notre pays, c’est un problème de gouvernance. Ce meeting est aussi l’occasion de le souligner. L’imam Dicko est revenu son refus de l’aide financière de 50 millions de francs CFA envoyé par le premier ministre…
En outre Dicko est revenu sur les propos tenus par le porte-parole de Bouyé. « S’il (IBK) ne comprend pas ce que le Cherif vient de dire. Nous allons lui faire comprendre autrement. «Aussi, on va leur demander de dégager ! », indique Dicko faisant allusion au Premier ministre. Le président du Haut Conseil Islamique a également indique que « Soumeylou Boubèye n’est pas à sa première tentative de perversion des mœurs avec le projet d’Education sexuelle complète. Toutes les mauvaises lois, c’était lui quand il était ministre des Affaires étrangères ».
Evoquant les conflits intercommunautaires, M. Dicko a déclaré qu’il est impensable que les communautés s’affrontent au Mali. « Notre diversité ne doit pas être une source de divergences », explique-t-il. La société malienne ? Mahmoud Dicko dira : « l’âme de notre société est en train d’être détruite par la drogue et l’alcool ».
Il se dit convaincu que nous avons les moyens, les ressources pour sortir le pays de cette situation. « Il y a suffisamment de sagesse et d’intelligence dans ce pays », lance-t-il. Il appelle à « réfléchir pour nous, agir pour nous ». Pour l’Imam Dicko, « ce n’est pas aux autres de nous dicter ce que nous devons faire ». Il n’est pas normal que nous soyons des étrangers dans notre propre pays, regrette-t-il en invitant à sortir de ce complexe car nous sommes une grande nation. Le dignitaire religieux estime que le Mali « a besoin d’une refondation, une refondation authentique basée sur nos valeurs…. »
Le président du Haut Conseil Islamique a aussi dénoncé le rôle joué par la France dans notre pays « : La France nous a dirigé hier. Mais qu’elle continue de nous diriger encore aujourd’hui est inacceptable ». «Il faut refuser ça. Car, c’est le désordre aujourd’hui mais bientôt c’est l’anarchie ». « Je ne ferai pas d’autres commentaires»,conclut l’imam Dicko, très rayonnant d’avoir réussi sa grande démonstration de force et toute sa puissance.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube