Les experts de l’ONU sur le Mali ont remis vendredi 14 août leur rapport au Conseil de sécurité. Ce document, qui n’est pas encore public mais que RFI a pu consulter, accuse des hauts responsables maliens d’entraver le processus de paix, engagé depuis 2015. Notamment l’ancien chef d’état-major ou l’actuel directeur de la Sécurité d’État.
Le second massacre du village d’Ogossagou aurait pu être empêché par les forces armées maliennes, assurent les experts de l’ONU dans un rapport interne. Ce jour là, le 14 février 2020, toujours selon ce document, une milice dogon attaque un village peul. « Les victimes ont été poursuivies dans les buissons, certaines ont été mutilées et d’autres décapitées. » Au total, 35 civils ont été tués et 19 sont toujours portés disparus.
Le rapport pointe la responsabilité d’un homme : le général Kéba Sangaré, ancien chef d’état-major de l’armée de terre et en charge à l’époque de la région du centre. Ce jour-là, les soldats, en poste à Ogossagou depuis le premier massacre, sont partis avant l’arrivée de la relève. Le général est informé à 17h du départ de l’unité, 10 heures avant l’attaque, il est aussi informé des menaces, de la préparation et du début de l’assaut. Mais ne donne aucun ordre. Il va jusqu’à donner à sa hiérarchie une fausse information, indiquent les experts. Ceux-ci rappellent les soutiens apportés par l’État malien à des groupes armés ou milices.
Comme en témoigne l’initiative prise par la sécurité d’État. En avril 2019, les services maliens font pression sur le gouvernement du Niger pour qu’il libère des membres d’un réseau de drogue. Une protection promise par les services maliens en échange d’un paiement mensuel « au moins jusqu’en juillet 2018 » précise le rapport. Un paiement versé par Mohamed Ould Mataly, député et membre de la Plateforme, un groupe armé progouvernemental, sous sanction de l’ONU, au général Moussa Diawara, actuel directeur de la sécurité d’État malien et à son adjoint chargé de la lutte antiterroriste, le colonel Ibrahima Sanogo.
RFI