erada, la ville de l’est marocain qui manifeste depuis deux semaines pour sortir de la précarité, est prénommé par ses habitants, la « silicose valley ». La silicose est la maladie courante chez les travailleurs de mines. Elle est provoquée par l’inhalation prolongée de fines poussières de charbon. L’Etat marocain estime à 2 000 le nombre de personnes atteintes de cette maladie à Jerada, alors que les acteurs sociaux parlent de 6 000 malades dans la ville. La longue liste de revendications communiquées au ministre, actuellement en visite dans la ville, témoigne de l’ampleur du besoin au niveau médical.
« Les jeunes travailleurs dans les mines illégales, ainsi que les femmes qui trient le charbon, et qui sont exploités par les empereurs du commerce du charbon, tous souffrent de la silicose et ne bénéficient d’aucun système de sécurité sociale, témoigne Abdelwahab Houmani, habitant de Jerada et président de la Confédération démocratique du travail (CDT). Quant aux matériels médicaux, nous les avons vus, à l’hôpital, lors de la visite du roi (en 2011). Mais une fois le roi reparti, ses instruments ont disparu. Il faut qu’on soit conscient. Pourquoi tout doit être lié à la personne du roi ? D’accord, la personne du roi doit être respectée, mais rien ne doit dépendre de lui… Nous relions les médicaments, les cas sociaux et même la culture au roi. A la fin, le roi est le roi, et les médicaments sont les médicaments. En réalité, on ne fait que de la publicité, si le roi va à Al Hoceïma, nous emmenons les matériels avec lui. Nous faisons de même quand il vient à Jerada, à Fès… On dirait que ces matériels médicaux sont faits pour être baladés avec le roi et non pas pour s’occuper de la santé des gens. La santé doit être sacrée, comme le roi, comme la religion. »
RFI