Le célèbre prêcheur Chérif Ousmane Madani Haïdara, guide spirituel de l’organisation Ançar Dine International a animé samedi à son domicile sa traditionnelle conférence de presse d’après Maouloud pour parler de la commémoration de la naissance du prophète Mohamed (PSL) et de l’actualité immédiate du pays. La rencontre s’est déroulée en présence de responsables du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), de l’Association malienne pour l’unité et la promotion de l’islam (AMUPI) et des organisations de jeunes musulmans.
Chérif Ousmane Madani Haïdara s’est réjoui de la bonne tenue de l’édition de cette année du Maouloud. La célébration, a-t-il noté, gagne de plus en plus en notoriété dans notre pays. Cette reconnaissance populaire réside dans le caractère spirituel même de l’événement fondé sur la tolérance et la cohésion comme l’indique le thème retenu : « Paix et réconciliation ». Pour le conférencier, le choix de ce thème est d’autant plus important qu’il évoque le contexte national. En effet, l’année dernière, en raison de l’état d’urgence en vigueur dans le pays, la fête a été célébrée dans la stricte sobriété à la différence des années précédentes lorsque l’événement drainait une foule de fidèles venant de tous les horizons vers la capitale.
Le thème de l’événement, expliquera le prêcheur, traduit l’urgence pour nos concitoyens de se pardonner. « Notre pays sort d’une crise très grave qui a, à un moment ou l’autre, mis à mal nos liens sociaux. Nous sommes un seul et unique peuple. Il est impensable que les Maliens ne se réconcilient pas. Il ne peut et ne doit y avoir de différend entre Maliens. Notre société est fondée sur des valeurs de tolérance, de paix et de cohésion. Ce qui s’est passé revient de l’histoire. Plus jamais, nous ne devons vivre ce qui s’est passé dans notre pays », a souhaité Haïdara.
L’engouement autour de la fête du Maouloud tient, cette année, à la volonté des fidèles musulmans d’oublier la crise qui, du point de vue de Haïdara, n’honore pas notre pays. Les fidèles sont ainsi venus par milliers magnifier pendant une semaine la naissance et le baptême du prophète Mohamed (PSL). L’organisation de l’événement a nécessité le concours d’environ 5000 personnes reparties entre 100 commissions et plus de 150 sous-commissions pour un budget global d’environ 75 millions de Fcfa, a détaillé de son côté Adama Diawara, le président de la Fédération de Ançar Dine international (FADI), la nouvelle structure qui regroupe désormais toutes les associations du mouvement.
La situation de Kidal, l’éventuelle poursuite judiciaire contre l’ex président Amadou Toumani Touré, la crise en Centrafrique ont été évoqués par Chérif Ousmane Madani Haïdara. Selon lui la situation de Kidal cache des non-dits. « La situation est entretenue par les politiques. A quel fin ? Eux seuls le savent », a-t-il jugé avant de souligner la responsabilité de la France qui, de son point de vue, seule détient la solution du problème.
Le prêcheur n’a pas caché son inquiétude vis-à-vis d’éventuelles poursuites judiciaires contre ATT. Cette décision, a-t-il dit, risque d’annihiler tous les efforts de réconciliation déjà amorcés par le gouvernement. Mais le conférencier désire rester tout de même neutre dans le dossier de l’ancien président. « Je ne suis ni de près ni de loin ce dossier. Si besoin il y a dans notre pays actuellement, ça ne peut être que la paix et la réconciliation. Mais si cet objectif ne peut être atteint que par un jugement de l’ancien président, alors que justice soit faite dans l’équité et le respect de la personne », a-t-il souligné en souhaitant que ce dossier ne détourne les Maliens de l’essentiel.
Il a appelé les autorités et l’ensemble du peuple centrafricain à se mettre autour d’une table pour déterminer ensemble la voie à suivre pour sortir leur pays du gouffre. Les événements qui s’y passent ne sont que des conséquences des enjeux politiques ourdis par la classe politique à des fins électoralistes. « Il n’y a pas de conflit religieux encore moins ethnique en Centrafrique, mais plutôt des agissements de gens mal intentionnés qui tirent leur bonheur du désordre. J’en appelle à l’esprit critique des Centrafricains pour circonscrire la souffrance des communautés », a préconisé Haïdara.
L. DIARRA