C’est à l’appel dudit collectif, en effet, que des milliers de Bamakois ont battu le pavé, le vendredi 21 juin 2019, sous le vocable de la négation de tout conflit intercommunautaire entre Peulhs et Dogons du Centre-Mali. Les manifestants pacifiques sont partis de la Bourse du Travail au Monument de l’Indépendance où ils ont déroulé leur ras-le-bol devant le sombre tableau d’atrocités et de violence qui reflète cette zone : des morts par centaines, des habitats réduits en cendre, des animaux abattus ou brulés vifs, des déplacés par milliers et des villages quasiment rases.
Alors que la communauté internationale parle de crise d’intercommunautaire, les jeunes peuls et dogons ressortissants des régions du Centre sont montés au créneau avec un cinglant démenti. Main dans la main, ils ont déploré la période difficile que vit leur terroir commun caractérisé par une spirale de violence et son corollaire d’insécurité avec un cycle sans précédent d’assassinats ciblés, de massacres massifs, de dégâts matériels et d’enlèvements des bétail. Autant de pratiques et d’agissements assimilés à une bêtise par les représentants des deux communautés ayant toujours cohabité ensemble dans leurs différends habituels sans jamais s’entre-tuer.
Par conséquent, l’insécurité est un phénomène montée de toutes pièces, soutiennent les manifestants, en déplorant son impact sur tous les facteurs de coexistence harmonieuse : des équilibres intercommunautaires à la stabilité, politique et socio-économique en passant par les normes sociales et les valeurs culturelles, etc. Toutes choses à l’origine de l’extrême précarité des populations et de la fragilité sécuritaire.
Exaspéré par le mutisme des forces étrangères censées aider le Mali contre l’insécurité va grandissante, MINUSMA et BARKHANE notamment, le Collectif n’en dénonce pas moins l’immobilisme de l’Etat face à la recrudescence de la violence dans la région. Il réclame par conséquent une présence beaucoup plus marquée de l’armée dans toute la Région de Mopti et environs où sont susceptibilités de se nicher des bandits armés, la mise en place d’un dispositif d’alerte précoce et d’intervention plus rapide des forces armées pour éviter le pire, le déploiement des forces de défenses et de sécurité, de l’administration ainsi que des services sociaux de base. Il est par la même occasion demandé aux autorités de prendre les mesures appropriées pour venir en aide aux déplacés, de déployer des moyens nécessaires pour leur retour effectif après sécurisation rapide de toute la zone. Toutes choses qui impliquent des actions concertées entre acteurs locaux et autorités centrales en vue de solutions locales à la crise. Laquelle passe par l’identification et le désarmement de toutes les milices en prélude à dialogue sincère entre les différentes communautés de la Région.
Amidou Keita
Le Témoin