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Manifestation du 5 juin : Demain, le vent de la révolte !

Face à la mauvaise gouvernance, aux tentatives de partition du pays, aux dérives antidémocratiques au plan électoral et socio-politique, le FSD-CMAS-EMK appellent à un grand rassemblement demain 5 juin 2020, pour exiger la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ces trois organisations appellent à un sursaut national pour sauver le pays. Cet appel à manifester exprime avant tout un ras-le-bol généralisé. La situation actuelle est le résultat d’un pilotage à vue. Rien d’étonnant, lorsqu’on arrive au pouvoir sans programme de gouvernement, sans une grande ambition pour son pays et sans vision claire des réalités du pays. Faut-il s’attendre à des miracles ? La réponse est Non. Voilà une triste réalité : celle du Mali d’aujourd’hui. D’où la rupture entre le président IBK et une frange importante de la population.

 

La corruption, les scandales financiers, l’impunité, les violations des droits de l’homme, l’état défectueux des routes ou l’absence de route, la crise scolaire, l’état des hôpitaux, la sécurité et la défense du territoire, le commerce et le panier de la ménagère, chaque Malien, chaque région du Mali a de bonnes raisons d’exprimer sa colère contre le régime en place. Il y a longtemps que le Mali est en colère contre le Pouvoir IBK

 En effet, le pays traverse sa plus grave crise : L’insécurité n’est plus désormais la seule affaire du septentrion, elle est devenue préoccupante du Nord au Sud. Tous les voyants économiques et financiers sont au rouge. Le malaise social est général entraînant une vive tension, aggravée par la flambée des prix des denrées de première nécessité, qui sont, de plus en plus, hors de la portée du citoyen moyen avec comme conséquence immédiate la misère.

 Faillite sécuritaire : l’échec d’IBK

En matière de sécurité ? Le président Ibrahim Boubacar Kéïta est carrément passé à côté de la plaque. Son règne est, à n’en pas douter, l’un des plus meurtriers de l’histoire du Mali.

La situation sécuritaire dans le Nord et le Centre reste préoccupante. En effet l’insécurité s’est accrue dans une grande partie du pays, et n’a pas reculé d’un iota.  Et au-delà des régions du Nord qui sont sous le contrôle ou la menace constante des groupes armés dont la CMA (signataire de l’accord de paix), terroristes et djihadistes. Ceux-ci ont étendu leurs tentacules jusqu’au Centre et au Sud du pays en instaurant une insécurité chronique dans les régions de Ségou, Mopti, Koulikoro.

Ainsi, les régions du Nord, ainsi que le Centre sont pris en tenaille par ces nébuleuses qui s’en prennent soit à tout ce qui est représentation de l’Etat, soit aux forces étrangères opérant sur le territoire malien, notamment la MINUSMA et la force de Barkhane. Toutes ces forces, n’arrivent pas pour autant à empêcher la propagation des foyers de violences et, plus largement, dans ces régions. Mines, embuscades, attaques kamikazes, tire de mortiers, l’amplitude de ces attaques ne faiblit pas. La contagion d’insécurité se propage du Nord au Sud du pays dans un mouvement qui semble irrésistible. Ce phénomène a commencé, il y a plus de deux ans par l’effondrement de la sécurité dans la région de Mopti. La loi, l’ordre et ce qui restait de l’appareil de l’Etat malien dans cette région fortement peuplée se sont retirés. En outre, ces groupes agissent dans une impunité totale au plus grand désarroi des populations.

La situation explosive dans la région de Mopti n’a pas reçu l’attention nécessaire et le traitement adéquat d’un pouvoir qui a montré ses limites. À Bamako les autorités semblent dépasser à la fois par l’ampleur des dégâts et la tournure dramatique des évènements.

Ainsi, au fil des années (2015-2020), la violence est montée crescendo pour atteindre les pires proportions. Aujourd’hui, plusieurs localités de Mopti sont totalement ou partiellement occupées par une meute en armes, des hommes de Hamadoun Kouffa, des bandits armés et milices armées qui appliquent leur loi en occupant systématiquement le terrain. Les administrateurs civils, les enseignants, les agents de santé et autres représentants de l’administration publique ont déserté une grande partie du Centre. L’Etat n’y est quasiment plus représenté qu’à travers quelques postes militaires, si éparpillés et limités sur le plan opérationnel qu’ils ne gênent pratiquement en rien les terroristes-djihadistes dans leurs actions. Les populations sont prises en otage, elles n’ont plus le droit de franchir des limites fixées par les occupants. Toute personne, soupçonnée ou accusée de collaboration avec l’administration, est sévèrement punie. Face à la situation et l’incapacité de l’Etat, les populations ont décidé de prendre leur destin en main, autrement dit se défendre par tous les moyens. Ainsi, des groupes et milices d’auto-défense, de groupuscules de règlements de comptes se créent à travers la 5èrégion. De même, s’est développée une haine accrue à l’égard de la communauté peuhle. Un Etat qui ne peut protéger les populations. Celles-ci se meurent, particulièrement les populations implantées dans les cercles de Ténenkou, Youwarou, Douentza, Bankass et Mopti. En longueur de journée, elles font l’objet d’exactions de toutes sortes : meurtres, assassinats, coups et blessures, enlèvements de bétails, vols d’engins et d’objets de valeurs de la part des rebelles, des djihadistes et autres bandits de grand chemin.

Même Bamako n’est pas épargné. La capitale, elle aussi, est en proie à une insécurité galopante. Crimes crapuleux, attaques et braquages deviennent le lot quotidien des populations de la capitale.

Paupérisation générale : la misère s’est installée

Depuis l’arrivée du président Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir, un fossé s’est instauré dans le pays. Il y a d’un côté le monde des riches, constitué autour du chef de l’Etat, sa famille et ses affidés ; et celui des pauvre, auquel appartient la grande majorité des Maliens. Ce fossé a été créé par un régime qui, à travers des discours promettait l’égalité des chances et surtout d’assurer le bonheur de tous. Loin d’honorer sa parole, IBK a plutôt favorisé l’émergence d’un nouveau type de pauvres. Il s’agit des Maliens qui, ont tronqué leur dignité contre l’appât du gain facile et la supercherie pour pouvoir juste subvenir à leurs besoins.

« On est tous devenu des mendiants », ironise Seyba un jeune de 30 ans qui situe la source du mal dans la mauvaise gouvernance instaurée sous IBK. Selon lui, les jeunes maliens hument quotidiennement la mort, étant tous tentés par l’aventure incertaine qu’est le braquage et autres actes de délinquance.

De nombreux jeunes diplômés (des maitrisards) vivent dans des conditions difficiles, et s’adonnent à des activités peu rémunératrices : des travaux de nettoyage, de gardiennage, de l’entretien de l’immobilier public, etc. Faute de mieux, beaucoup de jeunes restent confiner à ces activités, avec la crainte permanente qu’on ne mette fin à leurs contrats.

Aujourd’hui, « c’est dur ! Il faut se priver ». Le cri de détresse est d’un chauffeur de taxi, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Même les fonctionnaires de l’Etat, censés sentir moins les effets drastiques de ce marasme économique, crient leurs désarrois. La majorité d’entre eux étant confinés dans une situation qui se caractérise par des salaires bas. Un haut responsable déclare : « la vie dans ce Mali est dure ».

Selon lui, il faut avoir les reins solides pour s’en sortir. A la moindre des choses, dit-il, on pète les plombs. Parlant des raisons de cette paupérisation généralisée, il indique que « les dirigeants actuels ont tourné le dos au peuple ». En clair, les gouvernements ont fait du « Mali une Orange », à laquelle nul ne goûtera que leurs parents, proches et laudateurs.

En définitive, les conditions de vie des Maliens se dégradent de jour en jour. Concernant cette précarité, voici ce qu’en témoigne un commerçant : « Les Maliens vivent aujourd’hui un véritable calvaire. En plus de la pauvreté, on est exposé à une insécurité grandissante. Au grand marché, certains commerçants ont fermé boutique. Pour écouler un produit d’une valeur de 50 000 F CFA, il faut parfois plus d’une semaine.

Les conséquences de cette situation sont notoires : divorce, déperdition des enfants ». Sans commentaire ! « Je vends des accessoires pour les voitures, dit Alexis Dembélé. Mais en ce moment je ne vends rien. Les gens ne dépensent plus leur argent que pour acheter à manger ». Certains commerçants de ce marché de la capitale nous ont affirmé que la nuit, ils font le gardiennage pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille.

Au même moment, les entreprises sont obligées de mettre leurs agents au chômage technique et des populations sont ainsi privées de leurs revenus. Pour tous, les difficultés s’accumulent.

Pis, l’insécurité et la corruption gagnent du terrain, engendrant la fuite des capitaux.

Il faut dire cette situation, avec ses conséquences économiques et sociales dévastatrices, a débuté depuis le coup d’Etat du 22 mars et l’occupation du nord du Mali par des groupes islamistes armés. Mais sous la présidence de Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali vit les pires moments de son existence. La forte demande sociale, manifestée à travers une cascade de préavis de grèves, est l’expression d’un malaise profond partout dans le pays.

Mauvaise gestion et scandales en cascade

Le peuple a, en effet, découvert un régime corrompu avec des scandales en cascade, des voyages princiers à l’étranger, une armée affaiblie et moins équipée, une méthode de gouvernance qui met la famille et les affidés au centre de la gestion des affaires publiques, une insécurité grandissante et l’éloignement de tout espoir de paix.

De 2013 à nos jours, le président IBK et son gouvernement ont essuyé de sévères critiques relatives à la mauvaise gestion des ressources publiques. L’opposition politique, des associations et même le Fonds monétaire international (FMI) ont mis le doigt sur plusieurs scandales de surfacturation et de corruption. Ces scandales largement connus n’ont, jusqu’ici, fait l’objet d’aucune sanction.

La généralisation de la corruption a pour effet de freiner le développement global du Mali. Conséquence : le peuple malien est dans un état de dénuement généralisé. Au même moment les ressources financières qui auraient dû être injectées dans le développement du pays et la gestion du quotidien des Maliens ont été allouées à des fins de privilèges.

Alors qu’on demande aux Maliens de se serrer la ceinture, les cabinets ministériels s’offrent des augmentations faramineuses. Le gouvernement (pléthorique) ne connaît pas la crise, dit-on. Des missions sont parfois organisées pour permettre juste au ministre et sa suite d’empocher des perdiems…

Pour soigner ce mal qui est en passe de se cancériser et dont les manifestations premières sont le népotisme, le clientélisme et la corruption, il faut des mesures fortes. Comme, entre autres, la lutte implacable contre la corruption et la promotion des cadres compétents.

 Front social : la colère des travailleurs

Plusieurs mois durant, les syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 ont paralysé l’école. Les enseignants reprochaient au gouvernement de ne pas faire de propositions par rapport à leur cahier de doléances…

, afin qu’il soit en intégralité élargi à l’ensemble du personnel des services cités haut.

Déjà en 2017, les hôpitaux et centres de santé publics avaient été paralysés pendant plus de 38 jours. Cette grève avait fortement affecté les pauvres populations. En effet, elle avait causé plusieurs décès. Au même moment, les gouvernants se soignent fréquemment   à l’extérieur du pays et aux frais du contribuable malien.

Jamais le Mali n’a été aussi mal gérée et livré à des groupes de prédateurs (nationaux et étrangers). Jamais la gestion patrimoniale de l’Etat n’a été aussi forte sous nos cieux. Au même moment, le président de la République fait de son confort personnel sa seule et unique priorité. Que deviennent « l’honneur du Mali » et « le bonheur des Maliens » dans tout ça ?

Les promesses électorales sont ainsi renvoyées aux calendes grecques. En lieu et place, les Maliens n’ont droit qu’à une politique trompe l’œil qui montre chaque jour ses limites. Toutes ses limites. La faillite du système IBK est désormais une évidence. Et aucun maquillage ne saurait cacher la réalité. Triste réalité !

Mémé Sanogo

L’Aube

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