Le conflit entre le Cameroun anglophone et le Cameroun francophone a fait fuir beaucoup de citoyens vers le Nigéria. Ils refusent toute charité provenant de Yaoundé, la capitale camerounaise. Ce refus s’explique par le fait qu’ils tiennent l’Etat pour responsable de leur situation.
Le Nigéria est devenu la terre d’accueil des nombreux hommes et femmes ayant fui les conflits entre la partie anglophone et la partie francophone du Cameroun. Le gouvernement camerounais s’est donné comme devoir de montrer sa compassion envers ces réfugiés en lançant une vaste opération d’appel à la solidarité, à travers tout le pays. Celle-ci a permis de collecter plusieurs centaines de millions de FCFA. Ces sommes collectées devront être complétées à 12,7 milliards par le budget de l’État, ainsi que par des contributions de pays amis.
Ce geste de solidarité est principalement adressé aux populations anglophones parce qu’elles sont les plus touchées par cette mobilité à laquelle elles se trouvent victimes. Dans la lettre que ces déplacés ont envoyée au HCR d’Abuja, on peut lire : « Nous n’accepterons aucune aide et ne voulons voir aucune visite de la part du gouvernement camerounais ».
Cette déclinaison de toute action de l’État à leur égard est expliquée par ces 21 000 réfugiés comme étant une forme d’hypocrisie vis-à-vis de leur personne dans la mesure où c’est ce même État de Yaoundé qui est responsable de leur situation. Outre cela, la détention du pro-indépendantiste Sissiku Ayuk Tabe, malgré l’obtention de son extradition, est une autre raison majeure de ce refus. Alors, ces Réfugiés ont tenu à inviter le président Paul Biya à s’atteler à la résolution des causes profondes de cette crise au lieu de vouloir « noyer le poisson dans l’eau. » Ainsi, ils n’ont pas manqué, dans leur missive, de se montrer plus exigeants et plus fermes dans leur combat en demandant au gouvernement : « La libération sans condition de tous les prisonniers que ce conflit a générés et l’ouverture des négociations sous l’égide des Nations-Unies et de l’Union africaine. »
Rappelons que lors de son séjour au Nigéria, du 3 au 4 juillet dernier, le président français, Emmanuel Macron, s’est donné comme devoir de s’entretenir au téléphone avec le chef d’État Camerounais, Paul Biya. Dans cet entretien, il a été question de recourir à la décentralisation pour résoudre cette crise : « Je pense que ce dont la région a besoin, c’est l’ouverture, de trouver les bons modèles de régulation, d’accompagnement des réformes de décentralisation, de libertés régionales qui sont offertes, dans un cadre national clair. » Il continue en ajoutant : « Le Cameroun a un défi : la cohésion et la stabilité de l’Etat. »
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays