L’élection présidentielle est bien prévue pour le 29 juillet prochain. Mais hélas, au rythme où vont les choses, nous nous demandons si elles pourront réellement avoir lieu à la date indiquée.
À quelques encablures de l’échéance électorale du 29 juillet, le Mali semble se déchirer, se métamorphoser en chaudière. Le ton monte d’un cran. Autrefois, le nord était la zone décriée comme étant le lieu d’une haute insécurité. Les administrations publiques y sont absentes à la suite d’enlèvements de personnalités publiques, de tueries, etc. Ce qui a empêché certaines régions de ces localités de participer aux échéances électorales lors des législatives et des municipales. De nos jours, les peurs prennent une autre ampleur et nous nous interrogeons si la présidentielle du 29 juillet peut réellement avoir lieu vu l’exacerbation de l’insécurité au centre même du pays.
Les guerres communautaires sont devenues le quotidien des habitants de la région de Mopti. Les Peuls et les Dogons qui ont su jusqu’ici vivre en parfaite symbiose se livrent à une guerre sans précédent. Dans la même zone, l’armée se fait valoir en informant la communauté nationale et internationale qu’elle a mis la main sur des terroristes, alors que d’autres parlent d’exécutions sommaires. Les manifestations se multiplient faisant des blessés voire des morts. La capitale n’est pas épargnée de celles-ci.
Kéniéba, dans la région de Kayes, a servi de cadre pour une grande manifestation le lundi 11 juin pour réclamer l’insertion des autochtones dans les entreprises minières de leur localité. Cette manifestation sanglante a occasionné l’incinération des cartes d’électeurs, intervenue suite au saccage de la préfecture de ladite localité.
Outre tout ceci, la distribution des cartes d’électeurs est devenue un véritable problème. Elle est jalonnée de grèves des administrateurs civils, des délégués des partis, remettant ainsi en cause la date buttoir donnée pour ladite opération de distribution. D’ailleurs, c’est le mercredi dernier que la région de Kidal a fait le lancement officiel de la distribution de ces cartes, à moins d’un mois de l’élection.
À première vue, les conditions ne sont pas réunies par le Mali pour le déroulement de ce scrutin à la date indiquée. S’entêter à le tenir dans une telle situation ne contribuerait qu’à aggraver l’insécurité régnante et fera tomber le pays dans une autre forme de crise post-électorale. Les résultats du scrutin seront largement contestés parce que ces zones de haute insécurité n’y prendront pas part. Ce qui reviendrait au fait que la majorité de la population n’aurait pas voté.
Le gouvernement s’est levé tard dans l’organisation de ce scrutin ou encore il y aurait une mauvaise volonté de sa part à vouloir organiser un scrutin transparent et crédible. Si la volonté y était, la première tâche devait consister, pour lui, à la stabilisation du pays. Sans cela, les élections seront largement contestées. Ce qui risque de mettre le pays dans une situation difficile. Le dialogue doit se multiplier entre tous les protagonistes, tous les acteurs de cette crise. « De la discussion jaillit la lumière », dit-on. Et comme l’écrivait Renée Bouveresse : « Le dialogue est le meilleur antidote contre la guerre entre les hommes. »
La force des arguments ne doit pas être négligée dans cette situation que traverse le Mali. Elle est nécessaire pour la stabilisation, npour des élections transparentes, crédibles et paisibles, indispensables pour l’avenir du Mali. Cet avenir doit se jouer le 29 juillet. D’ici là, il faut multiplier les débats entre les réfracteurs à la paix.
Fousseni Togola
Source: Le Pays