Mamoudou Gassama, ce nom, nombreux sont ces Africains, Français et même des habitants du monde qui, l’ont découvert après son geste héroïque pour sauver un enfant suspendu dans le vide, du haut d’un immeuble. L’homme, depuis cet acte, est pris comme un héros et ne cesse de susciter l’admiration. Cette fois-ci, il séduit une journaliste pakistanaise, Mashaal Gauhar rédactrice en chef fondatrice de la revue Blue Chip. Elle s’en inspire pour rédiger un article pour rendre hommage aux migrants.
In extenso, l’article de la journaliste.
Les migrants, ces héros méconnus
Dans un contexte d’intolérance croissante envers les migrants et réfugiés, l’héroïsme de Mamoudou Gassama qui a escaladé un bâtiment à Paris pour sauver un garçon âgé de quatre ans perché du balcon du quatrième étage nous mène à nous poser la question sur la raison pour laquelle la stigmatisation des migrants est permise.
Pour sa bravoure exceptionnelle – le genre qu’on ne voit que dans des films de super héros – Mamoudou Gassama, âgé de 22 ans, immigré clandestin du Mali, s’est vu octroyé la nationalité française par le Président Macron.
Dans un entretien accordé à la télévision française, il semblait réservé pendant que son frère, citoyen français, répondait à sa place. Soucieux de rejoindre son frère, il a déclaré qu’il avait traversé le Sahara, le Burkina Faso, le Niger et la Libye pour arriver en France. L’affinité entre les deux frères était apparente, montrant comment les êtres qui nous sont chers sont tous trop souvent séparés par la pauvreté et les conflits. Bien que toutes les chances soient fortement contre eux, des millions risquent leurs vies pour fuir leur patrie à la recherche de sécurité et de famille.
Loué pendant l’entretien pour son courage, son frère a gracieusement indiqué que l’enfant sauvé mérite aussi bien d’être applaudi. En dépit de son hésitation de passer à la télévision et son inconfort évident face à l’attention du public, ce qui s’y dégageait était son humilité, intégrité et la profondeur de son courage où sauver la vie de l’enfant était presque un réflexe. Il a d’ailleurs déclaré plus tard qu’il avait agi sans réfléchir. À la question sur ce qu’il voulait faire en France, il a répondu qu’il voulait devenir pompier, au service de sa nouvelle communauté.
Il a brièvement parlé de la manière dont il avait été maltraité par les trafiquants en Libye. Au lieu d’être endurci par une vie d’une adversité inimaginable, il émerge comme un homme d’une compassion remarquable piégé dans un système cruel de pauvreté et de déplacement, “j’ai grimpé …. Grâce à Dieu je l’ai sauvé,” était sa description simple de ce qui est arrivé.
A l’instar de beaucoup d’autres personnes, il avait entrepris le voyage périlleux en mer de la Libye vers l’Europe. Il a seulement expliqué brièvement les terribles conditions à bord de l’embarcation. Juste quelques jours auparavant, l’obstination croissante envers les migrants qui arrivent par la mer était illustrée lorsque l’Italie avait refoulé un bateau de 600 migrants coincés en mer.
L’antipathie montée d’un cran envers les migrants qui ont subi les pire difficultés est en grande partie due aux stéréotypes, qui montrent de façon routinière que ces migrants sont de dangereux criminels, dégénérés et profiteurs qui cherchent à usurper les opportunités d’emploi. L’histoire de l’exploit surhumain de Mamoudou a attiré l’attention des médias pendant un moment avec la vidéo qui a fait le tour d’internet mais a aussitôt laissé place à davantage d’histoires d’horreur sur les migrants. Peut-être parce que ce genre d’histoires ne cadre pas parfaitement bien avec l’agenda des news:car le renforcement de stéréotypes réducteurs sur les migrants est un puissant outil politique pour détourner les préoccupations vers des bouc-émissaires convenables. Ceci donne à son tour une légitimité au traitement qui leur est réservé.
La bravoure de Mamoudou est un rappel saisissant à la société pour s’interroger sur qui nous valorisons et pour quelle raison nous le faisons. Comme il l’a si bien démontré, les meilleurs parmi nous sont souvent ceux qui sont oubliés, sans voix et méprisés. Son beau pays, le Mali, abrite un grand patrimoine Soufi et ce sont les Soufis qui affirment que les meilleures personnes sont souvent celles que le monde ignore, car ce monde est trop grossier pour reconnaître leur valeur.