Lutte contre la corruption, crise sécuritaire et relance de l’économie… Le patron des patrons maliens n’hésite pas à dire ce qu’il pense, quitte à fâcher.
Depuis 2015, le PDG et fondateur du groupe Kledu, Mamadou Sinsy Coulibaly, est le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Cultivant son image de self-made-man, libéral assumé, le patron des patrons maliens a la parole libre.
À la tête d’un groupe omniprésent, des médias aux assurances en passant par l’agroalimentaire, l’entrepreneur de 64 ans a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Il en dénonce à l’envi les conséquences désastreuses sur un secteur privé qui, gangrené, peine à se développer. Des prises de position radicales et un franc-parler qui font parfois polémique.
En mars 2019, Coulibaly avait ainsi fait scandale en qualifiant publiquement Nouhoum Tapily, le président de la Cour suprême, de « fonctionnaire le plus corrompu et le plus dangereux du pays ». Il avait ensuite promis de publier une liste des « 1 600 fonctionnaires les plus corrompus » du Mali. Le magistrat avait porté plainte et une médiation avait finalement débouché sur un accord à l’amiable entre les deux hommes.
Et si le président du CNPM n’a pour le moment pas rendu publique la suite de sa fameuse liste, il s’est depuis trouvé de nouveaux alliés au sein de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC), dont il est, à l’instar de Clément Dembélé, l’un des membres fondateurs.
S’il se revendique comme « apolitique », Coulibaly n’en demeure pas moins extrêmement critique vis-à-vis de l’exécutif. Ces dernières semaines, il est plusieurs fois monté au créneau pour réclamer du gouvernement des mesures plus fortes à destination des entreprises qui, déjà fragilisées par la crise sécuritaire, font désormais face aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.
Jeune Afrique : Quelles sont les conséquences économiques du coronavirus sur le secteur privé ?
Mamadou Sinsy Coulibaly : Il est difficile de chiffrer les pertes car une grande partie des entreprises maliennes évoluent dans le secteur informel. Le CNPM fera un bilan, mais cela demandera un certain délai. La plupart des sociétés, qui sont surtout des petites et moyennes entreprises, prennent du temps pour communiquer les chiffres.
Il est certain que toute l’économie a tourné au ralenti : les banques, les transports, l’industrie, le tourisme… Mais le secteur des services est celui qui a été le plus été touché. Les agences de voyages et les hôtels par exemple n’ont eu aucun revenu pendant
Jeune Afrique