La décision prise à tue-tête par Soumeylou Boubèye Maïga de procéder à la réquisition des Magistrats par le Gouvernement qui a été lue sur les antennes de la télévision nationale, dans la nuit du 9 octobre dernier, risque d’amener les Magistrats grévistes à se radicaliser dans leur position. L’ange sur terre du Gouvernement d’IBK II, le tigre Soumeylou Boubèye Maïga vient de verser de l’huile sur le feu en passe de tout consumer entre l’Exécutif et la Magistrature. Une décision que l’ancien Ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté, a qualifiée sur sa page tweeter, d’«attentatoire au Droit de grève et constitutive de voie de fait».
Cette insensée et infondée décision de procéder à la réquisition des Magistrats n’est qu’une preuve que SBM est en panne de stratégies et d’initiatives diaboliques frisant l’acharnement gratuit du côté de l’Exécutif.
C’est du moins le constat qui prévaut dans l’esprit du citoyen lambda qui espérait revoir les portes des palais de justice rouvertes après plus de deux mois de cessation de travail sur toute l’étendue du territoire national. Mais aucun signe ne présage, pour l’instant, la concrétisation de ce rêve. Cela, compte tenu du croc-en-jambe récurrent entre l’Exécutif et le Judiciaire. Une décision monarchique ? En tout cas, cette demande de réquisition du PM n’est jusque-là pas partagée par l’opinion nationale. Et, l’exemple est là. Me Mamadou Ismaël Konaté, un des éminents Avocats de la place ; donc, un Homme qui est loin d’être profane dans le domaine juge cette mesure liberticide.
En effet, depuis sa démission du Gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga, en novembre 2017, pour des raisons connues de tous, l’ancien Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté, n’attend pas se montrer indifférent face à la situation politique et sociale déplorable que traverse encore notre pays au plan juridique. Depuis plusieurs mois, cet Avocat de renom international s’est fait remarquer sur les réseaux sociaux à travers des piques qu’il lance incessamment au Régime d’IBK. La dernière, juste, quelques heures après l’Assemblée Générale, tenue, hier, mercredi, par les Magistrats qui ont exigé ouvertement la démission du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, de la Ministre du Travail et de la Fonction Publique, Chargée des Relations avec les Institution, Mme Racky Talla et du Président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily. Ce, comme réponse à la décision de la réquisition prise par le Gouvernement.
Sur son mur, l’ancien Ministre de la Justice a désapprouvé cette option du Gouvernement qui est, selon lui, loin d’avoir de nature à favoriser le dialogue et encore moins la fin de la grève. «Aucune exigence, d’observer un service préavis, obligations décident d’en faire fi et d’ouvrir le cycle des négociations, infructueuses in fine. La réquisition, commanditée dans ces conditions, est attentatoire au droit de grève et constitutive de fait».
En grève illimitée, depuis le 25 juillet dernier, les deux syndicats de la magistrature (le SAM et le SYLIMA) se disent unanimes sur un niet jusqu’à la prise en compte effective de leurs revendications par le Gouvernement. Des revendications axées sur la sécurisation du personnel judiciaire et la révision de leur grille salariale.
Seydou Konaté
LE COMBAT