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Mamadou Diarra et podium : Témoignage d’une archive vivante

Le doyen Mamadou Diarra est une archive vivante du journal Podium, pour avoir été collaborateur extérieur, animateur et rédacteur-en-chef. Ce qui fait de lui une encyclopédie. L’homme, malgré son âge, se rappelle de tous ces événements qui ont marqué sa carrière aux côtés des frères Drabo. L’ancien professeur qui nous a enseigné les  Maths -Physique à l’école fondamentale de Darsalam, revient sur sa vie au journal Podium.

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Aujourd’hui : Quand est-ce que vous êtes venu au journal Podium ?

Mamadou Diarra : Je suivais le journal de très près, mais j’ai commencé à travailler en 1981, à l’initiative des frères Drabo. Nous nous sommes connus au lycée et déjà ils savaient ma passion pour le football. En 1984, j’ai carrément rejoint l’équipe du journal, à la suite d’un détachement au ministère de la Communication. Ma première sortie date de 1982 à l’occasion du match Vita Club du Zaïre -Djoliba AC. Par la suite, j’ai fait soixante-quinze sorties internationales avec l’équipe nationale et les différents clubs, avec à la clef deux CAN : Alger 1990  et Tunis 1994. Vous comprendrez par là qu’après mon détachement, j’étais le journaliste chargé de football, surtout que Podium ne manquait pas de spécialités, par rapport aux différentes disciplines sportives. C’est-à-dire que chaque journaliste avait son domaine d’intervention.

Quels ont été vos meilleurs souvenirs au journal Podium ?

A Podium, je n’ai eu que de bons souvenirs à travers tous ces voyages, au cours desquels nous avons rencontré de grandes personnalités. Le seul acte que je pourrais étiqueter de la mention mauvais souvenir est cette agression d’un policier sur ma personne, quand j’ai voulu rejoindre les vestiaires. C’était lors d’un match qui opposait le Djoliba à l’As Biton de Ségou. Blessé dans mon orgueil, parce qu’en réalité je n’ai rien fait au type, je voulais immédiatement réagir. Mais des gens m’ont retenu. Sinon que nous avons souffert de racisme en Algérie, en Egypte, pas au Maroc ou en Tunisie, mais de sectarisme en Sierra Leone et au Libéria.

Quel a été l’apport de Podium dans la promotion sportive au Mali pendant sa période de vie ?

Podium a aidé les clubs maliens à se qualifier vis-à-vis des instances sportives. En 1984, en Coupe Ufoa, le Stade malien de Bamako a été battu au match aller par Evency Eleven du Libéria, par 3 buts à 0. Sur place, les enquêtes de l’équipe de Podium ont permis de savoir que l’équipe libérienne a fait évoluer deux joueurs mercenaires Sierra-Léonais. J’ai dit à mon confrère de les photographier. Et après, j’ai appelé Yacouba Traoré dit Yacoubadjan, en sa qualité de secrétaire général du Stade malien, pour lui dire ce qui se tramait. Et en conséquence, je l’ai convaincu de porter une réserve, avec les photos des deux joueurs mercenaires. Les dirigeants du Stade n’ont pas tardé de motiver la réserve avec la somme de 1 500 Dollars. Dieu merci, avant le match retour, la sentence est tombée. Les Libériens ont été éliminés. Le Djoliba et le Réal de Bamako sont tombés dans la même situation et Podium a contribué  pour les mettre dans leurs droits.

Pourquoi Podium était sans état d’âme dans ses analyses ?

La raison est toute simple. Nous étions convaincus de ce que nous écrivions. Mieux nous n’étions pas liés aux argentiers de l’époque. Tous les présidents de clubs étaient de grands richards, mais nous n’avons jamais pris de l’argent avec qui que ce soit.

Dans vos expériences à Podium, avez-vous des anecdotes ?

A Podium les anecdotes sont nombreuses. Mais je me rappelle de ce match où l’As Réal a battu le Djoliba par 3 buts à 1. Gaoussou Drabo n’a pas manqué de mots pour commenter cette victoire des Scorpions, avec un titre “Quand le Réal noue avec le bon principe”. Tiecoro Bagayoko n’a pas apprécié l’article et l’affaire est remontée au ministre de la Communication. Des mises en garde fermes ont été faites aux journalistes de Podium. Ceux-ci devaient doser leurs plumes. Tiecoro a voulu même que Podium soit fermé et que les journalistes soient cadrés. Parce qu’ils échappaient au contrôle des canaux du Comité militaire de libération nationale (Cmln). Le père de notre confrère Mamadou Kouyaté dit Jagger, feu Cheick Kouyaté,  s’est opposé au “black-out” du Cmln. A l’époque, Podium ne défendait pas un football défensif.

Comment Podium a-t-il disparu ?

En un moment donné, Podium a été victime du manque de personnel. J’étais seul rédacteur après le départ de Jagger et nous étions obligés d’utiliser les ressources jusqu’aux chefs. C’est dans ces conditions que j’ai fait appel aux jeunes Souleymane Bobo Tounkara, Modibo Nama Traoré et feu Saloum Badiaga, parce qu’il n’était pas  bon que le journal soit écrit par une seule personne.

Entre temps, il y a eu des événements malheureux: l’Assemblée nationale a été incendiée, les écoles ont été fermées. L’actualité politique dominait sur le football. Finalement, Podium est mort en Avril 1994, juste après la CAN de Tunis de 1994.

Est-ce que vous avez des regrets par rapport à la disparition de Podium ?

Evidemment que nous avons des regrets par rapport à la disparition du journal Podium. Un journal est toujours créé pour se pérenniser. Nous avons exercé le métier de journaliste jusqu’au sacerdoce. La logique voudrait bien que le journal soit là, avec le même engouement, les mêmes objectifs. Mais hélas !….

Propos recueillis par

O. Roger Sissoko

Par Aujourd’hui-Mali

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