Les licenciements abusifs se poursuivent à restaurant Broadway Café de Bamako. Cela, malgré les plaintes des travailleurs et les dénonciations des medias. Ces derniers mois de nombreux travailleurs dont un accidenté ont été illégalement licenciés sans droits.
Broadway café est cité parmi les grands restaurants de Bamako. C’est le seul restaurant avec lequel la Minusma a noué un partenariat en matière de restauration. Mais force est de constater qu’outre le café et les repas copieux qu’il repose à la clientèle, Broadway est devenu un couloir de la torture, de l’exploitation humaine, bref d’un esclavagisme qui ne dit pas son nom.
Dans ce restaurant, non seulement les travailleurs travaillent comme des esclaves dans des conditions presque inhumaines pour satisfaire la clientèle, mais aussi, ils sont souvent victimes de licenciements abusifs. Ils sont nombreux, les travailleurs qui ont été chassés sans explications et sans droits, après plusieurs années de service. Entre juillet et septembre, 5 travailleurs ont été abusivement licenciés.
«J’ai commencé à travailler depuis 2014 à Broadway. Je ne m’occupais de tâches précises. Je faisais tout pour le patron. Tantôt, j’étais serveur, tantôt caissier, tantôt superviseur ou livreur. Je faisais plusieurs tâches à la fois, sans augmentation de salaire. En juillet 2019, un beau matin, le patron m’a appelé dans son bureau pour me dire d’arrêter le travail. Quelques jours après mon départ, un des employés m’a informé que j’ai été licencié parce que le patron a été informé que j’avais ouvert une boutique», nous informe l’une des victimes de Broadway Café de Badala.
Une dame dont nous tairons son nom pour l’instant, nous confie avoir été virée dans les mêmes conditions, pour avoir refusé des avances du gérant de Broadway.
Le plus émouvant des cas s’est passé il quelques jours. En juillet dernier, le jeune Mohamed est victime d’un accident de la circulation. Avec une fracture à la cuisse, ce jeune était en convalescence, quand son employeur l’appelle au téléphone pour lui signifier son licenciement.
«Quand j’ai fait l’accident, ni l’employeur, ni le gérant m’a appelé pour savoir mon état. Le seul jour que le gérant m’a appelé c’était pour me dire que je ne faisais plus partie des effectifs de Broadway. Alors que c’est le promoteur qui est responsable e cet accident…» a raconté le jeune Mohamed, les larmes aux yeux.
Selon nos sources, le restaurant Broadway emploie une centaine de personnes qui y travaillent sans contrat de travail, ni sécurité sociale. Pire, il nous est revenu que les termes ‘’contrat de travail’’ et ‘’sécurité sociale’’ sont même bannis dans la cour de ce restaurant. Tous ceux qui se s’hasardent à prononcer ces mots sont tout simplement virés sans aucune forme de procès.
Malgré les dénonciations des travailleurs à l’inspection du travail et à l’Institut de Prévoyance social (INPS) le promoteur multiplie les licenciements abusifs. Dans nos démarches de recoupement des informations, Mamadou Diop puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous a toujours fait comprendre qu’il n’a peur de personne et qu’il est libre de faire ce qu’il veut dans son entreprise. Ce n’est pas étonnant, d’entendre de telles déclarations c’est dans un état faible comme le nôtre, un état incapable de protéger ses fils. Un état où la violation des lois est permise. Les plaintes des victimes de Broadway au niveau de l’inspection du travail et de l’INPS et l’inspection du travail sont toujours restées sans suite. Ce qui laisse croire qu’au Mali ces structures sont complices du mauvais traitement des travailleurs du secteur privé en général et ceux de Broadway en particulier.
Par ailleurs, la principale partenaire de ce restaurant qu’est la Minusma a aussi sa part de responsabilité dans la torture des travailleurs. Comment une mission onusienne comme la Minusma censée promouvoir les droits de l’homme, peut-elle travailler avec une structure qui excelle dans la violation des droits des travailleurs ? En fermant les yeux sur cette situation malgré les multiples dénonciations, la Minusma est tout simplement complice de l’exploitation des travailleurs de Broadway.
A suivre…
Aboubacar Berthé
Le Serment du Mali