Longtemps, Sikasso a été indexée comme la région, où le taux de malnutrition est le plus élevé. Un paradoxe, selon plusieurs analystes. Sikasso étant une zone de production agricole par excellence.

Désormais, cette situation se conjugue au passé. Et Sikasso est en passe de servir de modèle dans la lutte contre la malnutrition aigüe et chronique au Mali. L’information a été donnée, samedi dernier, par le directeur régional de la santé de Sikasso, Ousmane Dembélé. C’était à la faveur de la rencontre des cadres de la région avec le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga qui était accompagné du président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, et de plusieurs membres du gouvernement.
Introduisant la rencontre, le chef du gouvernement avait donné carte blanche à ses interlocuteurs de dire toutes leurs préoccupations et attentes. Ainsi, autorités administratives, responsables de services techniques de l’Etat, élus nationaux et locaux, ont successivement exprimé des besoins, mais aussi éclairé la lanterne de l’assistance sur divers sujets. Le taux excessivement élevé de la malnutrition dans la région, a largement focalisé les échanges.
Tout est partie de cette déclaration faite par le député Guédjouma Sanogo : « Il pleut beaucoup à Sikasso, il y a beaucoup de nourritures (les céréales, les tubercules), mais les indicateurs en matière de santé figurent parmi les pires au Mali. Sikasso a le taux de malnutrition le plus élevé au Mali ».
Cela fut une réalité, « mais, aujourd’hui Sikasso ne fait plus partie des régions, où la malnutrition aigue constitue un problème. D’autres régions sont passées devant. Mais ce qu’il faut reconnaitre, c’est que la malnutrition chronique reste un problème », a rétorqué le directeur régional de la santé, Ousmane Dembélé. Il a mis en exergue les efforts consentis par les services techniques pour inverser la tendance. De 2013 à nos jours, le taux de malnutrition aigüe a régressé de 9 à 3%, et celui de la malnutrition chronique de 32 à 31%.
Cette situation peut être améliorée, selon d’autres intervenants qui ont déploré les mauvaises habitudes alimentaires des populations de la région et plaidé pour la mise à la disposition des femmes des moyens de transformation de produits agricoles. « Les tracteurs et autres équipements agricoles sont certes indispensables, mais il faut aussi des moyens pour transformer ce que nous produisons », a indiqué le directeur régional de l’agriculture, Félix Togo.
Même son de cloche du côté de l’association des femmes leaders de Sikasso qui souhaite sensibiliser ses membres sur les techniques de transformation et de préparation des produits agricoles.
Lors de la rencontre, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Pr Samba Sow, a annoncé le renforcement des capacités techniques des structures sanitaires existantes et la construction de nouveaux centres de santé.
Des efforts seront faits également pour améliorer la desserte en eau potable de la ville de Sikasso, selon le ministre en charge de l’Aménagement du territoire et de la population, Adama Tiémoko Diarra qui a rappelé que 4 milliards de Fcfa ont été récemment investis pour doubler la production d’eau potable.
De son côté, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Maouloud Ben Kattra, a rassuré les intervenants qui avaient réclamé une université pour Sikasso. Selon le ministre, le projet est bien en cours, et probablement Sikasso aura, très bientôt, son université. Par ailleurs, plusieurs autres doléances, dont l’aménagement des plaines et des pistes, l’extension du réseau téléphonique à certaines localités, l’amplification de la lutte contre la vente illégale des médicaments, ont été soumises au chef du gouvernement et à sa délégation. Le Premier ministre a assuré avoir pris bonne note de ces préoccupations. Cependant, l’urgence est d’œuvrer à la réconciliation nationale. Tout le monde doit s’y mettre, selon Abdoulaye Idrissa Maïga qui a déclaré que partout «dans ce pays aujourd’hui, le maître mot est de réconcilier les Maliens ». Il s’est dit convaincu que Sikasso peut « largement contribuer à la stabilisation économique, sociale et politique du pays ».

Issa DEMBéLé

Source: essor