Safiatou (pseudo) souffre dans son couple comme beaucoup d’autres femmes. Une vie de couple difficile, faite d’insultes et d’humiliations, après une autre, dure, chez son oncle. Témoignage.
Safiatou a perdu ses deux parents très tôt. Élevée par un oncle et sa femme, elle confie que sa vie n’a jamais été facile, aussi loin qu’elle se souvienne. « Entre maltraitance physique et morale, mon plus grand rêve a toujours été de pouvoir trouver un bon mari afin de quitter cette famille. Je voyais le mariage comme une porte de sortie, mais cela fut un labyrinthe », ajoute-t-elle.
Elle rêvait de mariage pour avoir du soutien et, surtout, pour ne plus avoir à vivre le calvaire chez ses deux tuteurs. Ceux-là qui l’ont privée d’éducation scolaire, car sa tante n’a eu que des garçons et avait besoin de main-d’œuvre. Ceux-là qui ont jugé bon de l’utiliser comme source de revenus dans les rues de Bamako, la capitale malienne. « Ma vie se résumait à sillonner les rues de Bamako avec une assiette chargée de fruits, se rappelle Safiatou. Et de retour à la maison, je devais entretenir les lieux et faire les autres tâches ménagères sous les cris et les insultes de ma tante qui n’était jamais satisfaite de mon travail. »
Pour le meilleur et pour le pire
Safiatou décrit son petit ami, à l’époque, comme étant beau et prévenant. Il lui disait toujours ce qu’elle voulait entendre. Après quelques mois de relation, elle est tombée enceinte de lui. Comme l’avortement n’était pas une option envisageable, Safiatou et son petit ami ont décidé de se jeter à l’eau. Dès le début, son oncle s’est opposé à ce mariage, car sa femme était enceinte aussi et avait besoin de la présence de Safiatou. « Je trouve que la grossesse n’est pas une raison valable pour s’unir à vie et, en plus, ta tante n’a personne pour l’aider à la maison », lui avait opposé son oncle. Il lui a finalement demandé de choisir entre la famille et le jeune homme. Le choix s’est naturellement porté sur le père de son enfant.
« Après tout, il ne m’a jamais aimé cet oncle », maugrée-t-elle. D’ailleurs, elle confie qu’il la menaçait tout le temps, à chaque fois qu’il était de mauvaise humeur. Sa femme, elle non plus, n’a jamais caché son mépris pour Safiatou. Elle a donc décidé de s’unir pour le meilleur et pour le pire avec son homme.
Mots blessants
Beaucoup de femmes sont traumatisées dans leur foyer, car les hommes qui insultent ne sont pas qualifiés de violents. Et c’est déplorable, selon Safiatou. « Après quelques mois de mariage, il a commencé à découcher. Et quand je lui fais des reproches, bonjour les mots blessants, qui affectent psychologiquement. Et le pire, c’est que je trouvais cela normal car on m’a toujours insultée et opprimée », raconte Safiatou.
Plus le temps passait, plus il persistait dans les injures. Et, comble de l’ironie, il se targuait de n’avoir jamais porté la main sur Safiatou : « Tu dois rendre grâce à Dieu d’avoir un mari qui ne te bat pas chaque matin », lui aurait-elle lancé un jour, oubliant sûrement qu’il y a des mots qui blessent plus que les coups. Une des voisines de Safiatou ne cesse de lui répéter : « Les injures n’ont jamais tué quelqu’un ». Elles sont nombreuses à penser ainsi.
Prisonnière de sa dépendance
Safiatou ne sait plus où donner de la tête. Son oncle l’a définitivement sortie de sa vie. Elle n’a nulle part où aller, d’autant qu’elle est financièrement dépendante de son mari. Certaines de ses amies lui en veulent de rester dans un tel foyer. Pour Safiatou, elles oublient qu’elle a toujours été « méprisée et maltraitée ». C’est clair que, si elle avait de quoi nourrir ses enfants, elle plierait bagages. « Seul le travail libère l’homme » et je crois que cet adage prend tout son sens dans le cas de Safiatou.
Elle n’encourage personne à la prendre en exemple, car chaque jour, elle regrette de n’avoir pas réagi à la première agression verbale. Faites attention avant de choisir votre conjoint, car un homme violent est comme un feu qui consume lentement. « Au nom de beaucoup de celles qui se taisent, je vous dis aujourd’hui que c’est ce qu’on a laissé derrière nous en famille comme souffrance qui nous retient le plus souvent dans un foyer destructeur », conclut-elle.
Source: Benbere