Le scrutin communal du 20 novembre fut celle de toutes les dérives. Entre violation juridique, impréparation, inorganisation, fraudes massives, achat de voix et de conscience, insécurité et tripatouillages, le pouvoir aura tout fait pour assurer au Rpm, parti présidentiel, la majorité des conseillers communaux. Mais, le hold-up aura lamentablement échoué au décompte provisoire qui a consacré non seulement la montée en flèche des adversaires politiques, mais aussi la chute du Rpm et de ses alliés dans tous les bastions supposés acquis à 100%. Des présidents d’institutions, des présidents de parti et plusieurs ministres sont à terre dans leurs fiefs où le Rpm et consorts « ont mordu la poussière ».
Ainsi, Ibrahim Boubacar Kéïta, Modibo Kéïta, Issaka Sidibé, Abderhamane Niang, Mamadou Satigui Diakité, Amadou Koïta, Ousmane Koné, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, Bokary Tréta, Konimba Sidibé, Mohamed Ag Erlaf, Mohamed Ali Bathily, Mahamane Baby, etc. ont tous été humiliés dans leurs bases respectives à travers le pays. Me Demba Traoré, secrétaire à la communication de l’URD fait le tour d’horizon d’une épidémie d’échecs à grande échelle qui « se propage au sommet de l’Etat ».
Les résultats de ces communales ne sont pas surprenants. A les analyser de près, l’on note que des présidents d’institutions de la République ont tous perdu dans leurs fiefs. Idem pour plusieurs ministres qui n’ont pas fait mouche dans leurs communes respectives malgré l’utilisation, à leur avantage, de moyens de l’Etat. Une épidémie d’échec à grande échelle se propage au sommet de l’Etat.
Concernant les présidents des institutions, le Président de la République a été battu en Commune IV ; le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier ministre ont perdu à Koulikoro ; le Président du Haut Conseil National des Collectivités n’a pas su tirer son épingle du jeu à Yanfolila, le Président de la Haute Cour de Justice a mordu la poussière à Ténenkou. Le Gouvernorat du District de Bamako est venu au secours du Président du Conseil Économique et Social pour rendre le RPM vainqueur à tort contre la liste URD qui est la vraie gagnante en commune I. Décidément, les pouvoirs des présidents d’institutions n’ont pas pu tromper la clairvoyance des Maliens.
Venons-en aux membres du Gouvernement. Malgré l’appui de « Saint Isaac », « Van Djan » a été surclassé par les électeurs du Méguetan.
Le ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle n’a pas eu les coudées franches à Goundam où une dame de fer lui a tenu tête.
Le ministre de la communication, porteur de la parole du Gouvernement a été éliminé dans son Ségou natal.
Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable et son homologue de la Culture n’ont pas fait le poids au Kénédougou, pendant que le tout puissant Ministre démolisseur des Domaines se faisait humilier à Dio.
Le ministre du Commerce a été battu dans la circonscription électorale de Koro. La contagion a atteint son homologue des Maliens de l’Extérieur qui a lui aussi perdu en Commune IV du District de Bamako.
Le Ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne et celui des Investissements n’ont pas fait le poids respectivement en Commune III et à Dioïla.
Le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat n’a pas réussi son pari. Il disait que Kidal allait voter, surtout Tessalit, au finish aucune circonscription de Kidal n’a voté.
Ces échecs patents au sommet de l’Etat sont les conséquences des actes et des agissements des membres du parti au pouvoir et de la majorité présidentielle soucieuse de tout sauf du bien-être des Maliens.
Au-delà, c’est un cinglant désaveu des dirigeants, un vote-sanction mais aussi et surtout l’expression du ras-le-bol des citoyens. Les Maliens ont compris qu’ils se sont trompés et ils ne feront plus la même erreur. Le peuple a parlé, sa voix doit être respectée.
Pour le bonheur des Maliens et l’honneur du Mali, le Président de la République doit revoir sa copie.
Me Demba Traoré
Homme politique
Source : L’Aube